Il mouillait à boire debout, samedi midi, sur l’Île de Montréal, alors que je comptais me rendre à mon rendez-vous annuel à Sainte-Rose, Laval, pour la huitième édition du Festival Diapason. Bien déçu, j’ai troqué mon vélo pour un transport en voiture. La municipalité de l’Île Jésus devra me re-séduire, puisque la piste cyclable a beaucoup ajouté à mon expérience de l’an dernier.

 

Samedi 9 juillet: Comme si j’étais Luck Mervil

Un billet pour le Festival de Jazz et de fausses promesses de mon fournisseur internet m’ont tenu loin de Laval pour les deux premiers jours de Diapason. Ainsi, j’ai malheureusement manqué des performances, entre autres, de Bernhari, Rosie Valland, Simon Kingsbury, We Are Wolves et Les sœurs Boulay. J’y ai même manqué Les Goules, ce qui vient vraiment diminuer ma cote d’assiduité sur mon défi personnel de voir le plus de spectacles possible de la tournée Coma.

On m’a proposé de me joindre à quelques journalistes et blogueurs pour découvrir Sainte-Rose et les différentes activités du festival. J’ai préféré me mêler à la foule foisonnante de Diapason. Vivre le terrain. Avec les spectacles sur la Scène Découverte, devant l’école Villemaire, l’expérience Diapason ne sera que plus complète! Surtout si je parviens à voir Marc Gravel de Laval, North of the Border, Give Me Something Beautiful et La Greffe.

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Programmation de la Scène Découverte, 9 juillet

Sauf qu’il mouillait à boire debout, samedi midi, sur l’Île Jésus aussi. Alors, hormis Marc Gravel de Laval qui a joué un peu avant mon arrivée, tout était annulé. C’est bien dommage pour le festival, et aussi pour l’unique festivalier présent sur le site: moi. J’aurais aimé, comme Luck Mervil, être seul dans la foule, mais la foule elle-même ne m’en a pas laissé le privilège.

Comme la pluie tombe sur la mer…/Photo: Etienne Galarneau
Comme la pluie tombe sur la mer…/Photo: Etienne Galarneau

Au moins, le Salon du vinyle et de la musique est ouvert jusqu’en soirée dans l’école Villemaire. Cependant, l’absence de festivaliers coupe court aux activités. J’ai le temps de fouiller pour quelques aubaines pendant que les exposants, présents depuis le petit matin, commencent à quitter vers 16h30. Parmi mes trouvailles, le nom de ce duo guitare et flûte de pan m’interpelle particulièrement.

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Toute une famille, de toute évidence/Photo: Etienne Galarneau

De retour sur la rue Sainte-Rose, je cherche une activité qui n’est pas mise en péril par la pluie. À ma grande déception, les ateliers de karaté shotokan ne sont pas reliés à Diapason.

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Le karaté, c’est le mardi et le jeudi/Photo: Etienne Galarneau

Je retrouve des collègues qui ont fait la tournée médiatique et je commence à me dire que je pourrais les rejoindre. Cette décision se conclut par un repas au Boating Club de Laval qui a gâché ma vie: savoir que je ne pourrai manger la nourriture de ces chefs tous les jours rend désormais mon existence similaire au septième cercle de l’enfer. Mais je m’égare.

Toujours est-il qu’en plus de me rendre existentialiste, ce repas m’a également fait arriver sur le site principal un peu après la prestation de The Vasts. Par chance, Diapason voit son terrain rempli par des festivaliers enthousiastes. Pour Milk and Bone ainsi que Timber Timbre qui suivent juste après, le public est ouvert, à l’écoute et très satisfait. En général, les gens sont plus heureux que ce surveillant du trampoline, fermé en raison des intempéries.

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C’est pas son quart de travail le plus trépidant, on va se le dire/Photo: Etienne Galarneau

Milk and Bone introduit le mot qui résume le mieux la programmation du samedi: audace. L’audace de commencer une prestation avec Coconut Water, leur plus gros succès. Certaines langues salles pourraient dire qu’il n’y a plus rien à présenter après le hit, mais les filles confondent les sceptiques, exactement comme le ferait le Capitaine Bonhomme. Leur performance est ponctuée par quelques nouveaux morceaux, notamment une musique composée pour la bande sonore du film King Dave de Podz. Le tout se conclut par une autre nouvelle composition, présentant des accents beaucoup plus dansants que ce que nous a proposé le duo par le passé. Un signe de bon augure pour leur postérité.

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Milk and Bone/Photo: Etienne Galarneau

La suite est offerte par Timber Timbre. À la demande du groupe, nous ne pouvons prendre des photos qu’à partir de la console au fin fond du terrain, et ce, durant les deux premières chansons seulement. J’ai tenté l’expérience durant le spectacle de Milk and Bone. À distance égale, le résultat est le suivant. Et rappelons-nous que je suis un expert photographe.

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Milk and Bone pas net/Photo: Etienne Galarneau

Pour la peine, nous avons tenté de recréer avec grand talent une scène du spectacle. La formation est placée à contre-jour avec de grands éclairages monochromes pendant une grande partie de la performance. Le tout crée une ambiance psychédélique et mystérieuse qui ajoute du grandiose au spectacle. Timber Timbre est électrisant. Dans ses interventions fugaces, Taylor Kirk remercie le festival et ajoute un énigmatique «It’s not so bad after all». Parle-t-il de la météo ou de la ville de Laval? Nul ne saurait dire.

Timber Timbre, dans l’œil de Galarneau
Timber Timbre, dans l’œil de Galarneau

Dimanche 10 juillet: le rattrapage

Pour une raison ou une autre, j’ai été sollicité pour faire l’animation musicale sur le site du festival dès 11h le dimanche. Acoquiné avec un membre du personnel, j’arrive très tôt sur le site et je crains de revivre la solitude. La température est encore un peu grise à l’Île Jésus et on sent les remous de la veille. De 11h à 13h, les âmes sont rares à Diapason. On apprend cependant que le responsable des grillades aime Pup, les serveuses au bar trippent Dead Obies, la sécurité adore Dubmatique et les spectateurs assis à la zone VIP ont un faible pour Richard Séguin. On salue au passage ce spectateur qui a profité de l’événement pour alimenter son Snapchat.

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On intercepte le début de la performance de Bolduc Tout Croche qui présente son country chargé d’une sensibilité urbaine unique et touchante. Il ajoute également quelques pièces électriques, absentes de sa performance aux Francofolies, qui lui donnent un côté rock très appréciable et qui ajoutent une belle diversité à la prestation. Une performance égale à l’accueil du Festival, selon l’artiste: «king size».

Bolduc Tout Croche/Photo: Etienne Galarneau
Bolduc Tout Croche/Photo: Etienne Galarneau

Pharaon joue sur la Scène Découverte, enfin ouverte!, mais a presque terminé sa performance lorsque j’arrive pour les voir. Leur proposition noisy me donne confiance en la formation, malgré la présence d’un violon; signe de méfiance chez moi depuis Capitaine Révolte et Yellowcard. À mettre sur ma liste des groupes à voir dans un avenir rapproché.

Pharaon/Photo: Etienne Galarneau
Pharaon/Photo: Etienne Galarneau

Retour à la Scène Principale pour capter Pépé et sa guitare (et son ukulélé, des fois, aussi). Je ne l’ai pas vu en performance depuis environ 11 ans et son spectacle à Diapason ne m’a pas dépaysé. Ce qui est un bon signe. Le début est marqué par de vieux classiques et le chanteur transite tranquillement vers des titres d’albums plus récents. On note le travail exemplaire de deux musiciens qui s’échangent basse, guitare et percussions. Il interprète également un nouveau titre, intitulé «C’pas parce que t’as quequ’tattoos qu’t’es tough», qui parle peut-être de notre rédactrice en chef, Élise Jetté.

Pépé et sa guitare/Photo: Etienne Galarneau
Pépé et sa guitare/Photo: Etienne Galarneau

Au même moment, Mordicus propose des hits de ses albums Cri Primal et Edgar Allan Pop sur la Scène Découverte. Mention spéciale aux interventions du chanteur Max Desrosiers, qui souligne que c’est «un bel après-midi malgré la pluie, les intempéries et les incertitudes à ne pas savoir quoi mettre».

Mordicus/Photo: Etienne Galarneau
Mordicus/Photo: Etienne Galarneau

On doit malheureusement trancher entre les ShrimpS sur la Scène Découverte et Mononc’ Serge à la Berge des Baigneurs. N’ayant jamais vu l’ancien bassiste des Colocs en spectacle, je me laisse tenter par ce dernier. Sa performance séduit évidemment le public, réuni en grand nombre en ce dimanche après-midi, mais est surtout orientée vers des titres de son plus récent opus, 2015, qui n’est pas nécessairement mon favori. Le tout reste quand même bien rendu et charmant, malgré le propos cru et graphique du chanteur.

Mononc’ Serge/Photo: Etienne Galarneau
Mononc’ Serge/Photo: Etienne Galarneau

Petite escapade en haut de la côte vers la Scène Découverte où Samuele offre une performance énergique et précise. Pendant notre bref passage, elle mentionne que son style se décrit comme du «stoner rock blues fusion». On se demande si cette étiquette n’est pas aussi valide pour la formation Fuudge. Pourtant, musicalement, la ressemblance n’est pas frappante. Nous y réfléchirons plus tard.

Samuele/Photo: Etienne Galarneau
Samuele/Photo: Etienne Galarneau

Retour à Mononc’ Serge, qui propose des pièces un peu plus vieilles. Il commence Hitler Robert, de son Serge Blanc d’Amérique et fait chanter «Hitler» à la foule. Je ne sais pas trop si je suis à l’aise. Sur une note plus heureuse, le chanteur nous fait également part durant la performance qu’il n’a «jamais joué devant autant de chiens». Ce qui nous paraît contre-indiqué, puisque ceux-ci sont interdits sur le site.

Un peu moins interdit que les armes blanches, mais encore moins qu’un lunch
Un peu moins interdit que les armes blanches, mais encore moins qu’un lunch

Le chansonnier conclut finalement avec ses pièces Laval (de circonstance), Marijuana et une pièce inédite qui se moque du public qui a consacré son après-midi à venir voir Mononc’ Serge. L’autodérision est bonne, mais nous devons contredire le musicien, car la performance a su rallier tout le monde, y compris ce spectateur que nous avons peut-être aperçu aussi à la Saint-Jean de Laval.

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Il est 16h40 quand tout le monde quitte, bien heureuses et heureux, sous le rythme endiablé de la chanson Amoureuse de Marjo. Une conclusion parfaite pour une fin de semaine mouvementée.

Évidemment, les aléas sont ce qu’ils sont et on aurait préféré tout voir et tout entendre. On ne contrôle pas la pluie et c’est dommage pour le festival. Diapason, qui en est à sa huitième édition officielle, mais deuxième sous sa nouvelle formule, n’a cependant rien à se reprocher. La programmation mélange adroitement les terrains communs, l’audace et la découverte. L’apport des musiciens provenant de Laval est important et montre la vivacité de la scène locale. De plus, les diverses activités extra-musicales sont intéressantes et valent le détour. À ajouter à vos calendriers pour l’an prochain. En implorant dame nature, à la manière du propriétaire du Beach Club de Pointe-Calumet, que la température sera du rendez-vous pour la prochaine édition.

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