Les Indiens
Shaman UFO
Sexy Sloth
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« Lorsque l’humanité aura atteint un certain développement dans cette direction viendra un autre maître. Et ce maître rencontrera ces individus. Tout se fera d’une façon très rapide, tout se fera d’une façon simplifiée, tout se fera d’une façon parfaite. Et ces individus seront amenés en relation avec une conscience vibratoire quelque part sur la planète afin de devenir conscients, d’une façon instantanée, de la vérité qui se cache derrière le masque de la matière. »
C’est avec ces sages (?) paroles de Bernard de Montréal que débute le plus récent album de la formation stoner psychédélique de Québec, Les Indiens, intitulé Shaman UFO. Suite logique de leur opus de 2013, Crâne, le long jeu propose des titres plus longs, plus dense et, surtout, beaucoup, beaucoup plus pesant que dans le passé.
Pour les sept titres qui constituent la galette, Les Indiens ont décidé de faire passer la grosse corde du guitariste Guillaume Sirois et du bassiste Michel Groleau en ré (drop D). Et à entendre la production de Guillaume Chiasson, c’est à se demander s’ils n’ont pas fait descendre en ré le clavier et la batterie. À croire qu’une telle chose est possible.
La lourdeur et la puissance de frappe des titres de Shaman UFO viennent, entre autres, de l’utilisation extensive des peaux par le batteur Pascal Asselin (Millimetrik) qui s’inspire plus directement des techniques de tambour autochtones. Leur usage pour mener le bal rythmique, en opposition à celui des cymbales, percute, secoue et chasse les mauvais esprits. L’apport vocal de Groleau, dont les hurlements sont à point, n’est pas non plus étranger à ce regain de puissance sonore.
Les amateurs de Crâne et des deux simples parus au courant des dernières années (Tomahawk Chopper et La chanson du diable) retrouveront sans doute leur confort dans le titre Big Manitou, qui s’apparente le plus à leur vieux son. Cependant, on comprend bien vite, à l’écoute, que ce sont les titres comme Sans-Mort et le véritable hymne guerrier qu’est Sauvage qui constituent le cœur de Shaman UFO.
En abordant les sujets de l’aliénation des peuples autochtones à travers le miroir grossissant des extra-terrestres, Les Indiens proposent une œuvre à la fois frappante, exploratoire et pertinente en réflexions sur notre statut. Mélanger les traditions animistes avec la science-fiction, à quelque part, c’est un peu comme mélanger les sonorités propres aux chants autochtones avec le fuzz du stoner rock. C’est peut-être aussi ce que Bernard de Montréal et son fameux collègue Richard Glenn appelaient l’«ésotérisme expérimental».