Yann Perreau
Le Fantastique des astres
Bonsound
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Faut le dire. Je suis en deuil. Je ne peux pas faire semblant. Je suis en peine. Mon adolescence et la cégépienne en moi pleurent leur Yann. Le Fantastique des astres, ce n’est clairement pas pour moi.
Comme tout le monde, j’avais entendu J’aime les oiseaux à la radio et ma réaction faciale a été la même que celle qu’on fait quand on cale une bouteille de vinaigre. Je me suis surprise à attendre la sortie de l’album avec une brique et un fanal.
Voici donc ma désappréciation de chacune des compositions, track par track, comme dirait Éric Lapointe.
1 Ayahuasca Waltz
L’album commence avec cette petite compo qui donne le sentiment d’éloignement, où on entend un son estompé. Un crescendo de pollution sonore est suivi d’une coupure abrupte. Voilà comment on nous invite dans ce nouvel opus.
2 Babyboom «Viva la vida loca oh yeah»
Cette chanson est conçue sur le même beat que le thème musicale des Enfants de la télé. C’est comme si mes parents me confiaient m’avoir créée sur Pleurs dans la pluie de Mario Pelchat. Tu ne veux pas ça.
Moi qui en temps normal fond face à la plume de Perreau, je me vois déçue cette fois, car chaque beau mot est suivi de «il n’y a qu’une vie à vivre» ou «viva la vida loca oh yeah».
«Babyboom boom boom baby baby boom boom». Honnêtement Yann, t’es capable de mieux comme refrain.
3 Momonna
«M-O-M-O-N-N-A». Être en manque d’inspiration et/ou sentir le besoin d’épeler son titre.
4 Les deux pieds sur la Terre
Ici, tu as 1 minute 30 pour te remettre de Momonna. Malheureusement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus vargeux. Inspiré du vaste répertoire d’alarmes de réveille-matin que nous offre nos téléphones cellulaires, cette chanson commence mal dès les premiers mots «j’aime la vie». Ça fait mal. Et sincèrement, je ne commencerais pas ma journée avec ça.
5 J’aime les oiseaux que j’appelle affectueusement «Ma pref des moins prefs»
J’ai toujours aimé ce côté revendicateur chez Yann Perreau, mais j’ignorais son côté ornithologue… Je serais curieuse de savoir ce qu’en pense Pierre Verville. Surtout que la passion soudaine de Yann pour les oiseaux me semble bancale. Tout comme les « revendications » qu’il énumère. C’est dommage parce qu’il nomme quand même des choses intéressantes et avec lesquelles je suis en accord, mais mon attention demeure à chaque écoute sur «bouffer du boudin», «une fille aux pieds qui puent», «les p’tits morveux» et «les oignons crus». C’est comme aller au cinéma, voir un beau film, mais être assis derrière Francine Grimaldi, le focus ne se fait pas.
D’ailleurs, son énumération me fait étrangement penser à celle de Pet de Lapin de Daniel Lavoie sur son album Le Bébé dragon. Je vous laisse faire la comparaison.
6 Faut pas se fier aux apparences
Pour la sixième chanson de l’album, Yann Perreau enfile son costume de Stromaë. C’est aussi à ce moment de l’écoute que je me rends compte que je suis seulement à la moitié de l’album. Je pleure un peu, mais pas dans la pluie.
7 À l’amour et à la mer
Chanson dédiée à sa mère. Quand même touchant.
8 T’embellis ma vie
La musicalité de la toune est la même que la publicité télé qui nous rappelle que le bonheur se trouve dans un carton de 2L de lactose et que les moments magiques de notre vie sont grâce à cet élixir de bonheur épais et blanc.
9 Le tatouage ou cette chanson qui a la pire quote 2016
«Ligne de fuite, ou bien de poudre.»
10 Mon amour est un loup
Je pense que j’aurais pris cette chanson moins les couplets… et le refrain.
11 Le train yaya de la nuit
Chanson à écouter en passant l’aspirateur quand la radio est dans la pièce du fond.
12 Barcelone
Personnellement, je l’aurais appelé Cinq minutes de trop.
13 Sexto futur
La voilà la compo de Perreau! On s’ennuyait de son piano, mais les influences du mystérieux réalisateur Tante Blanche semblent avoir encore des impacts sur notre Yann.
p.s. C’était l’idée à qui ce titre-là?
Je ne peux donc pas vous le cacher, je n’ai pas aimé cet album. Les styles effleurés correspondent aux pensées d’un éternel ado qui ne veut pas vieillir. C’est triste, car Yann Perreau n’a jamais eu besoin de faire ça. On le savait jeune et fou, assoiffé de vivre sans qu’il ait besoin de nous faire des chansons qui sonne «j’ai fait de la md toute la nuit».
Mais je lâche pas, j’attends pas de crever et je suis certaine qu’un jour, je reparlerai de mon amour pour Yann Perreau au présent.
L’écoute gratuite de l’album est possible jusqu’au 14 avril sur ICI Musique.
Salut! Y’ est tard, c’est vrai. J’avais pas lu, on m’avait dit que ça allait me faire mal… c’est vrai que je suis sensible. Mais non. J’ai pas mal.
C’est tellement loin de la réalité, ouf! Surtout avec ce recul que j’ai.
J’aimerais ça que tu réécoutes l’album objectivement et que tu m’en reparles, si ça te dit. Sinon, pas grave.
Bien à toi. Au plaisir de te rejoindre au présent. J’suis certain que c’est encore possible!
« Monseigneur » Perreau
Ah oui! By the way, François Papineau est venu me voir après ce fameux lancement de l’Usine C et m’a dit qu’il avait été rarement touché par un show de musique que ce soir là. Je vais lui envoyer ton article (était ce toi aussi?), il va sûrement apprécié. Et merci au moins pour la tune à ma mère. Ça, ça m’aurait sûrement piqué.