Le long métrage d’Anne Émond racontant la vie de Nelly Arcan, une femme aux réflexions profondes sur l’image de la femme dans notre société contemporaine, prendra l’affiche prochainement. La bande sonore du film est entièrement composée par le groupe montréalais Dear Criminals, un partenariat qui se voulait au départ transitoire, mais qui est vite devenu une nouvelle identité.
Feu à volonté a rencontré les membres du groupe, Frannie Holder et Charles Lavoie, entre deux répétitions de la pièces Les Lettres d’amour, à l’Espace Go. On devait parler de musique, mais disons que nous avons un brin dévié du thème original… Compte-rendu!
Frannie Holder et Charles Lavoie n’avaient pas prévu l’ampleur qu’aurait le projet Dear Criminals. Mais puisque la demande est là, ils vivent pleinement cette expérience unique. Pour Frannie, une personne bouillante et exubérante, Dear Criminals répond à ce besoin répandu de trouver son côté intime. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas trouver avec son autre groupe de musique, Random Recipe. À ce propos, elle explique sa dualité: «Quand tu te poses des questions sur ta relation par rapport au stage, par rapport à la foule, ça fait en sorte que ta relation à la musique est tellement différente dans les deux trucs que tu finis par devenir vraiment critique par rapport à l’un et l’autre et, mine de rien, tout ça a fait basculer mon rapport à la scène.»
Pour Charles, ce duo est un moment privilégié d’explorer le silence. Alors que pour plusieurs le silence est synonyme de malaise et d’incompréhension, il s’agit pour Charles de plusieurs subtilités qui s’entrecroisent: «Y’a des endroits et des moments où c’est tellement plus fort s’il y a le silence qui travaille […] Pour moi, le silence a toujours été très important dans la musique […] mon premier rapport avec la composition quand j’étais avec Les Betalovers, il y avait beaucoup de place pour le silence et, même avec le rythme de Dear, on garde cette importance.»
La bande sonore sera donc à l’image du film, du groupe et du silence: super intime, personnelle et introspective. Pour les deux musiciens, «la musique sert la musique» dans ce genre de projet. C’est une chance inouïe pour Dear Criminals d’explorer les textures de la musique et de l’art qui se superposent. Dans l’optique où ils ne font que répondre à la vision d’Anne Émond, toute la complexité de réussir à construire une bande sonore qui répondra aux attentes se joue dans la nature multidisciplinaire de ce défi. «Tu peux avoir un concept derrière la tête, mais ici, on est vraiment au service de tous et de tout, dit Fanny. On va aller dans les textures et des arrangements dans lesquels on n’est pas habitués de se rendre.» «Ça nous force à aborder le processus de création autrement, ajoute Charles. Ça devient plus grand que nous et c’est super intéressant. Ça devient puissant d’être confronté à d’autres visions.»
La signature musicale de Dear Criminals n’est pas anodine. Parce qu’ils sont minimalistes, parce qu’ils sont ténébreux dans l’interprétation artistique de leurs oeuvres, ils permettent à ceux qui les écoutent, de plonger à l’intérieur d’eux-mêmes et d’amorcer une réflexion sur qui ils sont, ce qu’ils font et ce qu’ils veulent. Une chose est sûre, le groupe se positionne en marge de ce que nous sommes habitués d’entendre et de voir et c’est LA raison qui explique leur participation à ce projet cinématographique d’envergure. Comme si leur destin était voué à les diriger vers cet accomplissement qui était dans leur mire depuis belle lurette !
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Dear Criminals sera sur scène pour interpréter en direct la musique originale de la pièce Les Lettres d’amour, d’Evelyne de la Chenelière, du 12 avril au 7 mai à L’Espace Go. Billets ici.
Nelly sera au cinéma à un moment donné. On n’a toujours pas la date!
Bon matin, l’extrait de la musique du film de Nelly Arcand que je viens d’entendre à Salut Bonjour est tellement belle et inspirante! Bravo!