Avec leur nouvelle parution La Sorcière de Roche, le duo de punk stoner Oktoplut nous propose la parution sur vinyle de la pièce Sous le pont, qui, du haut de ses neuf minutes, ne rentrait pas sur leur dernier long jeu Pansements. Pour nous gâter, la formation a mis en face A de cet album la pièce homonyme La Sorcière de Roche, une pièce de résistance de dix-huit minutes, explorant les différentes facettes du son Oktoplut. Il n’est pas coutume de faire des critiques de single chez Feu à Volonté, mais lorsque cette seule chanson dure aussi longtemps que le dernier album du Nouveau Rappeur, nous pouvons faire une exception.

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Il serait difficile de décrire de manière définie l’expérience sans décrire les différents segments qui constituent La Sorcière de Roche. Ainsi, nous explorerons, à la minute près, les différents changements d’univers proposés par Oktoplut.

0 :00 – La pièce commence avec des sons indéfinis. C’est très atmosphérique, très glauque, presque halloweenesque. Normal, on parle d’une sorcière. Vers la fin de la section, on entend un riff puissant proposé par le guitariste Mathieu Forcier.

1 :48 – Le riff de guitare du dernier segment prend sa place dans une extrait résolument stoner. Laurence Fréchette chante «Pris dans un désert/Au bout d’une route» alors que ce qui semble être un couplet gonfle musicalement. Au compte de quatre minutes, des growls s’installent. On chante «Malgré tout/Ma tête s’effrite».

4 :10 – «Malgré tout, ma tête s’effrite» est réitéré alors que le rythme diminue, tout en gardant son intensité. Le hi-hat donne des croches, pour garder l’énergie en place.

4 :40 – Ce qui semble être le couplet revient. La structure commence à se placer dans l’oreille de l’auditeur.

5 :20 – Mathieu Forcier fait un solo très méchant.

5 :58 – La pièce passe d’un rythme ternaire (j’y portais peu attention avant; je dirais du 6/8, mais excusez-moi si c’était du 12/8) à un solide 4/4, plus calme. «Une nuit entre le blanc et noir en clair de gris», dit Fréchette. On semble approcher d’un certain refrain. On y chante «La nuit, elle miroite».

8 :57 – Ça recommence à bucher solide dans La Sorcière de Roche. On réintroduit l’idée que la nuit miroite de manière beaucoup plus pesante et insistante. Ça growl, c’est plaisant. On ne se rend pas vraiment compte qu’on vient de passer dix minutes dans la chanson.

10 :20 – On vient de transiter tranquillement vers un autre bout désertique et atmosphérique, où les basses fréquences prennent la place, avec un jeu sur le dôme de la ride de Fréchette. Un autre solo de guitare arrive. Pendant les bouts atmosphériques, est-ce qu’on entend un vibraphone frapper une note de temps à autre? Bonne idée, les gars. Vous savez nous tenir en haleine.

11 :55 – Le même riff gagne en intensité. Il y a de la grosse distorsion, la batterie s’énerve un peu. On ramène le côté stoner. Ça s’énerve jusqu’à ce que…

13 :00 – Fréchette prend toute la place. Ce n’est pas tout à fait un solo de batterie, mais c’est tout comme.

13 :29 – Temps d’arrêt s’installe, introduit par une grosse lick de guitare (désolé pour l’anglicisme; il n’y a pas d’autre mot, dans un cas comme celui-là). Forcier plaque des accords sans gros effets et on revient tranquillement vers le «couplet».

14 :34 – Il n’y a plus de doute. Le «couplet» en est bien un, le bout introduit par «La nuit, elle miroite», qui revient ici, est clairement un refrain.

14 :52 – L’intensité revient dans un post-refrain. La batterie se gâte encore, il y a du growl en arrière-plan.

15 :35 – La mélodie vocale est celle qui peut être le plus chantée par un public en feu. La guitare amplifie le tout.

16 :06 – Breakdown et bûchage de tout ordre.

16 :50 – Retour clair de l’atmosphère de désert, avec un larsen qui continue. Des effets de guitare se font entendre pendant que le son disparaît tranquillement.

La Sorcière de Roche montre clairement les allégeances et les influences d’Oktoplut. L’album Pansement avait la fâcheuse tendance de tirer un peu partout, allant des titres plus pop (Sans compromis) aux titres lourds (Points punk, Sac d’os Vagabond). Avec ce tour de force, le duo stoner punk se rapproche formations comme Torche et c’est pour le mieux. À comparer des titres de punk de 18 minutes, on est très loin du côté hymnique du célèbre The Decline de NoFX. La Sorcière de Roche ne deviendra peut-être pas un classique du répertoire punk québécois, mais il s’agit définitivement d’un titre qui mérite le détour et qui démontre les qualités de composition d’Oktoplut. Un vinyle de plus à rajouter à votre collection.

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