Soirée étonnamment trash avec une bonne partie de la communauté queer montréalaise dans un sous-sol d’entrepôt du Mile-Ex, Uh Oh!, organisée par le collectif Oh Hi, présentait samedi un beau line up avec Devon Welsh, Nanimal, Cheap Wig, Smokes et Saxsyndrum.

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Après un shift de marde au travail, quoi de mieux que de se déplacer dans un entrepôt semi-désaffecté, coin Durocher/Beaubien, pour voir quelques-uns des meilleurs bands underground de Montréal? Pas grand-chose, en fait. Et comme de raison, je vous avoue d’emblée que la soirée de samedi en était une particulièrement réussie, autant au niveau de la crowd que du line up ou de l’organisation.

Déjà, la salle marque quand même dès l’entrée. L’éclairage est déficient, tout est poussiéreux et des pots de peinture rouillés traînent dans les coins. Il devait faire au moins 30 degrés à l’intérieur, avec un taux d’humidité record et une crowd populeuse et collante, la mdma et d’autres drogues faisant visiblement leurs effets. On fume aussi à l’intérieur, tout est parfait pour mon rhume que je traîne depuis une couple de semaines. Dans un coin, on retrouve un bar en plywood où je m’achète une couple de Pabst à 3 $ avant qu’il n’en reste plus et je pars ensuite à la recherche du vestiaire, astucieusement caché dans une salle à l’arrière de la scène. Une expérience remplie de laser et de blacklights, par ailleurs.

À mon arrivée au vestiaire, on m’avertit d’emblée que j’ai malheureusement manqué la prestation de Loon, projet électropop de Tessa Dawn K qui sonne pas mal comme ça:

Dommage. Mais je suis tout de même chanceux dans ma malchance parce que j’arrive juste avant la fin du set de Devon Welsh, la moitié vocale de Majical Cloudz, qui fait ce qu’il fait de mieux dans la vie: flabbergaster le monde avec sa voix et te donner le goût de pleurer un peu en pensant trop introspectivement à ta vie… Le set est fantastique, comme de raison, et nous fait découvrir du nouveau matériel, mais reste très calme par rapport au reste de la soirée. Le genre de calme qui devient vraiment choquant comparé au reste, en fait.

Le dj fait une transition en rock garage et psych – shoutout au dj Johnny Ripper soit dit en passant, qui a fait une super job toute la soirée et m’a fait découvrir une couple de records! – qui annonce bien la suite des choses: Nanimal. Le quatuor vient faire brasser la cabane un peu, surtout grâce au guitariste le plus impliqué que j’ai vu de ma vie. Un dude en chest qui cale du vino en boîte tout en sautant partout et en criant plus fort que le chanteur, mais sans micro. Un phénomène, pour vrai. Le moment était assez joyeux, même si on se rendait pas mal compte que Nanimal, c’est un peu (beaucoup) comme les Pixies, mais en moins cher à aller voir en show.

Transition facile: on passe ensuite d’un rock alternatif vaguement post-punk à du punk trash queer affirmé, gracieuseté des génies de Cheap Wig, que j’aime d’amour. Mes tympans ne sont toujours pas revenus de l’espace de deux pieds séparant ma tête des speakers. Tout au long de la performance, Ethel Eugene enchaîne un peu aléatoirement minauderie et danses sexy avec du scream puissant. Je n’avais jamais encore vu quelqu’un à quatre pattes par terre, sur le point de se frotter au plancher, se mettre à crier une toune qui me semblait parler de consentement sexuel… Bref, un set en or!

Le dj enchaîne audacieusement avec de la techno minimaliste et on accueille ensuite Smokes, quatuor post-rock que je découvre avec plaisir. Le band nous joue quelques tracks assez planantes et lentes, le tout joyeusement agrémenté de violon et d’un jeu de drum déconstruit particulièrement intéressant. Le chanteur, avec une belle voix pleine de reverb, s’accompagne lui-même d’un petit batte sur scène et tout le monde – aka les courageux encore présents, mais rendus vraiment finis – est heureux.

Sur le point de quitter pour la marche épique d’une heure trente vers mon accueillant chez moi, je décide quand même de rester quelques minutes de plus pour entendre le travail de Saxsyndrum, dont on m’avait déjà parlé en bien. Bonne décision, parce que le band est vraiment déconcertant, mais dans le bon sens. Le duo sample des percussions, joue du free-jazz distordu au saxophone et laisse libre cours à un chanteur invité, si on peut l’appeler comme ça, qui ne récite aucun texte et lâche plutôt un paquet de sons criés, l’air totalement atterré et particulièrement touché par son travail. Je finis par écouter leur performance au complet, avec mon manteau sur le dos au risque de mourir de déshydratation ou d’un coup de chaleur.

Je pars finalement en ratant encore une fois une performance de Doldrums – #classique – pour retourner tranquillement chez moi avec enfin un peu d’air respirable dans les poumons. Une belle soirée!

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