Les Revenants

Épouvantails

Indépendant

*** 1/2

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Quatre ans après leur premier effort intitulé Bêtes lumineuses, le quatuor Les Revenants nous propose une nouvelle fois leur folk-country réinventé avec l’album Épouvantails. Titre adéquat puisque les puristes, à la manière des corneilles, risquent d’être troublés par la vue de celui-ci.

Mais les puristes, ils peuvent bien se taire. Oh, nous sommes bien loin de juin 1965 lorsque Bob Dylan s’est fait huer au Newport Folk Festival pour avoir osé troquer sa guitare sèche pour une Stratocaster. Aujourd’hui, le folk et le country ont bien évolué et, comme le montre Les Revenants, cette transformation est effective, constante et intéressante.

L’album est introduit par L’Épiphanie, un titre instrumental de plus de sept minutes jummelant habilement les esthétiques western et psychédéliques. Cette proposition dresse le ton de l’album, où les courtes pièces plus americana cotoient les jams instrumentaux, dépassant le compte des cinq minutes.

Certains titres, dans leur univers esthétique, sont plus conservateurs. On compte dans ce lot le Reel du pont couvert ou encore Chercher quelque chose. Ces chansons foncièrement country ne détonnent cependant pas avec le reste de l’album. Au contraire, elles nous permettent de mieux intégrer les propositions plus audacieuses du groupe et de ne pas les considérer comme un pied de nez de la part d’une génération plus vieille qui pourrait affirmer qu’il ne s’est pas fait de bonne musique depuis Pink Floyd. Parce que l’électrification des Revenants n’est pas faite n’importe comment.

Avec la voix plus effacée que ce à quoi on pourrait s’attendre dans un album americana «conventionnel», Épouvantails nous propose plutôt de nous balader dans un univers musical où l’on réinvente la géographie américaine pour intégrer San Francisco au Far West. En fin d’écoute, alors qu’on doit revenir à la réalité, le constat nous frappe en plein visage: le monde sonore que Les Revenants nous propose, c’est celui du vidéoclip de la chanson Knights of Cydonia de Muse. Avec, peut-être, un peu moins de maîtres du kung fu.

Épouvantails est un album intéressant, diversifié et qui n’a pas peur de se mouiller. Après l’écoute, certains d’entre vous auront peut-être la force de faire la paix avec le folk-rock contemporain. En espérant que ça puisse permettre à certains d’enfin pouvoir se regarder dans le miroir et accepter leur phase sombre où ils aimaient Mumford And Sons

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