Le show des Sonics et des Breastfeeders avait lieu hier soir au théâtre Fairmount dans le cadre du festival Pop Montréal. Mathieu Aubre ne peut certainement pas aller couvrir tous les shows du festival alors je me suis sacrifié pour lui. Voici le compte-rendu d’un show qui rappelle que le rock est encore vivant, même à 70 ans.

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J’arrive au théâtre Fairmount pour 21h, j’ai écrit toute la journée pour un travail d’université. Je dois dire que j’suis assez crevé, mais l’excitation de voir le légendaire groupe garage The Sonics me donne le courage de ne pas aller me coucher. J’ai faim, il n’y a rien d’intéressant dans le coin, je finis avec un douze pouces Subway dans les mains. Je m’installe sur le mur pas trop loin de la porte du théâtre, histoire d’observer les gens et de manger le plus rapidement possible ce sandwich qui, soit dit en passant, était dégueulasse. Alors que la sauce ranch me coule dans la barbe, je vois apparaître un minibus (style petits vieux) qui s’arrête devant le Fairmount. Au bout de 5 minutes, je vois sortir des vieux dinosaures. Incroyable, c’est bien eux, avec leurs femmes. Ils marchent à pas de tortue. C’est difficile… Je me dis que cette soirée sera de courte durée. Au moins je savais que les Breastfeeders allaient donner de l’énergie en masse.

Les Breast, comme à leur habitude, sont en feu! La foule réagit tièdement aux premiers morceaux. Ça m’énerve. J’ai envie de me lancer sur elle et de lui gueuler Wake up! Finalement je préfère digérer ce très mauvais sandwich qui avait beaucoup trop d’oignons. Le groupe québécois se charge de faire bouger finalement le popotin à la foule avec les excellentes Ça ira et Marie-Antoinette. Le comédien et joueur de tambourine dans le groupe Martin Dubreuil avait des allures de Roch Moïse Thériault avec sa gigantesque barbe et ses cheveux longs gras et mouillés, il était parfait!

La première partie vient de se terminer. Il est temps pour moi de retourner me prendre un autre spécial au bar «8 $ pour un shooter et une bière». J’en profite pour m’installer sur un mur incognito et tenter de faire un portrait sociologique des gens dans la salle. Il serait très difficile d’y généraliser un type social en particulier. La foule est jeune, peu de têtes grises, il y a des métaleux aux chandails de Motörhead, des jeunes mods habillés comme en 1966, des punks rockers, des douchebags, bref, un gros melting pot de gens qui ont été marqués par ce groupe de Seattle. Je ne suis pas surpris de voir une diversité aussi importante. Les Sonics sont pour plusieurs les ancêtres du grunch, pour d’autres du punk. Ça semble logique, le groupe depuis ses débuts a la particularité de jouer de manière très violente.

The Sonics arrive sur scène vers 22h20, c’est plutôt tard pour un band de cet âge. Ils sont vêtus tout en noir avec des chemises country brodées de lignes rouges; c’est marrant à voir. Ils boivent des Monster, je me dis qu’ils en ont bien besoin depuis que je les ai vus dehors. Le cri du petit bassiste de 5 pieds 2 pouces me fait sursauter! J’ai l’impression d’entendre la voix de Little Richard affecté par une trop grande quantité d’amphétamines. Ça commence, je ne reconnais plus les petits vieux d’avant le show, le drummer se déhanche comme Keith Moon, le saxophoniste gronde comme un ours. Est-ce la boisson énergétique? Les tubes s’enchaînent, Louie Louie, Have Love Will Travel, Psycho.

C’est en voyant les Sonics live qu’on comprend pourquoi plusieurs les déclarent ancêtres du punk. Leur rock n roll est rapide et défouloir, mais il reste pop et facile à danser.

J’y vais de mes propres pas de danse, les gens se déhanchent sur le son crasseux des Sonics. À ma droite, je me frotte les yeux à deux reprises pour ne pas me tromper. Oui, c’est bien lui. Le grand Will Butler qui danse dans la foule une bière dans les mains, c’est dire à quel point le groupe rassemble des gens de tous les horizons.

Leur premier tube de 1965 The Wytch termine le spectacle au rappel. C’est la frénésie générale, un gros trash éclate, c’est mission accomplie pour les vieux-croûtons. Des septuagénaires qui réussissent à faire trasher des jeunots, faut le faire! L’incroyable pouvoir d’attraction de la musique, ça n’a pas besoin d’être compliqué, il faut juste l’avoir. Les Sonics comprennent très bien cela.

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