Maxime Gabriel

Farfadet

Silence d’or

***½

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C’est reconnu que dans le rapgame, il est avantageux de se cacher derrière un puissant alter ego en quête du trône. Farfadet en sait quelque chose, il œuvre depuis ses tout débuts sous cet elfique sobriquet. En 2015, le rappeur de Saint-Hyacinthe se retrouve à l’aube de la trentaine et décide de se découvrir sous son véritable nom : Maxime Gabriel. S’entourant de ses proches, il se retrouve ici en mode réflexion en jetant un regard vulnérable sur ses réalisations et ses états d’âme.

Sur Farfadet, on entend Maxime penser à voix haute. C’est avec sensibilité et recul qu’il revisite certains passages de sa vie. On le retrouve assez honnête et humble sur des thèmes comme la solitude, la perte, les faux espoirs. Il réalise que parfois, on a beau avoir les meilleures intentions du monde, on se retrouve souvent impuissants devant des situations qu’on souhaiterait différentes. C’est un Maxime plus songeur qui explore bien ses pensées qu’on retrouve sur ce projet. Il ne cherche pas à vous faire la morale comme un lourd post de motivation que vous retrouvez dans vos newsfeeds de médias sociaux.

Son écriture aussi est traditionnellement plus poétique. Il fait des répétitions et des métaphores plus poussées, etc. Quoique parfois, les refrains prennent trop de place, comme sur Le Manège et Super Héros.

Étant beatmaker depuis way back, le côté production a toujours été minutieusement peaufiné sur les projets de Maxime. Ce nouvel album ne fait pas exception à la règle. On y retrouve une efficace variété de beats. Y en a pour tous les goûts. On y trouve des productions évolutives (Soleil qui plombe), certaines plus soft (Bientôt minuit), d’autres plus contemplatives (Millionnaire). Certains beats sont plus hard aussi (Danse avec les loups – quoique celle-ci est un peu gâchée par le refrain en anglais terriblement cliché de OneNessa.) Le prolifique producteur montréalais Shash’U vient aussi apposer son style percutant sur Noir, qui offre de belles couches de variances. Max exploite généralement bien ses beats et leur donne de la profondeur.

Des tracks de guitares viennent apporter une nouvelle dimension très intime sur certains morceaux, d’autant plus que c’est le père du rappeur qui couche la plupart de celles-ci. L’auteur nous surprend à la fin de l’album sur Dernière danse où il sort de ses habitudes et offre une chanson organique qui s’éloigne des sentiers hip-hop dans lesquels il déambule depuis toujours.

Au final, Maxime Gabriel jette un intéressant regard sur son passé sur Farfadet afin de mieux se relancer dans le futur. C’est fait de manière efficace sans toutefois réinventer quoi que ce soit. Il reste à voir comment la trentaine l’accueillera et comment elle le transformera. Serait-il en train d’ouvrir la porte vers un virage musical? On le saura au prochain détour.

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