Jerusalem In My Heart

If He Dies If If If If If If

Constellation

****½

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Deuxième sortie cette année pour Radwan Gazhi Moumneh, l’homme derrière le projet montréalais Jerusalem In My Heart. L’album fait suite au fabuleux duo mené avec Suuns, pour lequel j’avais eu des bons mots en avril dernier. Plus complexe et aussi beaucoup plus près des racines du projet, If He Dies marquera toutefois probablement moins les esprits, en raison d’une plus grande complexité, mais aussi de liens plus probants avec les milieux expérimentaux et culturels. Son importance est néanmoins, à mon avis, beaucoup plus grande en tant que témoin de l’actualité mondiale et résultat du nouveau village global dans lequel nous vivons tous.

Sans être comparable à une vedette internationale au même titre qu’Omar Souleyman par exemple, Radwan Gazhi Moumneh est toutefois bien caractéristique d’un phénomène mondial : l’éveil de l’Orient. Sans entrer non plus dans une analyse socio-historique, on peut toutefois facilement voir dans l’éclosion de la carrière de Jerusalem In My Heart cette mouvance et cette quête de modernisation à l’occidentale qui semble être apparu dans plusieurs pays de la région du Moyen-Orient, que l’on parle du Liban de Moumneh ou de la Lybie de Souleyman. La musique est d’ailleurs l’un de ces vecteurs d’émancipation du traditionalisme, sans non plus le rejeter entièrement.

Tout au long de If He Dies, c’est justement cette adéquation qui est mise de l’avant. Joignant des expérimentations électroacoustiques, des drones (qui sont à la base des éléments musicaux millénaires, ne l’oublions pas), une ambiance minimaliste et une musique purement traditionnelle, le projet se révèle imprégné de la culture libanaise tout en restant très montréalais dans son rendu. Le dosage intelligent de l’ensemble rend le tout digeste, mais c’est le génie du multi-instrumentiste qui amène chaque chanson à un autre niveau.

Si les paroles se révèlent également fort probablement évocatrices pour certains, le public montréalais y verra plutôt la voix comme un instrument à part entière. Ce sont ces ajouts, subtils mais constants, qui font l’efficacité de l’album.

Alors même que les barrières culturelles et nationales s’effritent dans la mouvance massive des populations, au grand dam de certains duhaimistes et bock-cotistes, cette symbiose culturelle s’impose avec goût. Au final, avec la conclusion 2asmar Sa7ar, on se retrouve avec une musique arabe traditionelle, échantillonnant selon un procédé concret français des bruits de vague au Liban sur un album paru au Canada.

Cette musique prendra encore plus son sens lors des performances live du projet puisque l’aspect musical ne représente que la moitié du projet – l’autre plus visuelle étant assurée par Charles-André Coderre.

Lancement officiel dans le cadre du Festival Pop Montréal, le 16 septembre prochain, où l’on verra d’ailleurs le duo renouer avec Suuns durant la même soirée.

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