Arthur Comeau

Prospare

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 Comeau_Art

Arthur Comeau, que l’on connaît surtout pour son rôle clé de beat-maker auprès de la formation Radio Radio, s’est lancé il y a moins de deux ans le défi de bâtir un triptyque musical qui s’est amorcé avec l’arrivée de 3/4 et qui s’est poursuivi dernièrement avec la deuxième partie : Prospare. Plongeon dans un univers hip-hop expérimental, où les nombreux mélanges sont non sans rappeler un sac de Party Mix.

Ressortir l’essentiel de l’artificiel

C’est dans le décor époustouflant de la ville de Clare en Nouvelle-Écosse, où toutes les raisons sont bonnes pour rester contemplatif, que Comeau a travaillé son art comme on extrait l’or de la roche. Comme avec Radio Radio, l’artiste met de l’avant le parler acadien où anglais et français se battent au couteau pour savoir quel côté va gagner le sens des mots. Les propos livrés en chiac sont le fil conducteur par lequel tout se raccroche. Sur ce point, on sent une maturité et un côté moraliste bien pesé que l’on était loin de retrouver avec sa précédente formation. Allégeant le tout avec humour et humilité, il vient discerner l’essentiel de l’artificiel en rappelant à nos consciences de poisson rouge que le monde que nous avons bâti cache celui qui était là bien avant nous.

Entre chaos et complexité

Sur le plan musical, l’artiste ne manque pas de courage et se lance tête première dans l’exploration sonore. En somme, les pièces me semblent prendre souvent le même chemin : on décolle avec une mélodie accrocheuse puis lentement on découvre l’inventaire exhaustif de couleurs qui naissent autour de celle-ci. Plus la pièce défile, plus on se retrouve assailli par des guitares électriques qui parlent trop pour dire peu et qui s’étalent sur plusieurs couches.

L’audace vient parfois même agacer au détour d’un abus d’Auto-tune sur la voix de Comeau. Une redondance s’installe au point de vue rythmique dû à un jeu de batterie qui dépeint souvent les mêmes motifs. Le débit des paroles est original et bien cadencé mais tombe parfois à plat à la rencontre des limites entre rappeur et chanteur. Puisqu’il laisse libre cours à son imagination débordante sans trancher, on finit par ne plus savoir sur quoi se tenir pour continuer notre découverte. Cette sensation d’être un peu perdu donne l’impression que les pièces sont longues et inachevées et épuise notre concentration.

À l’image de sa pochette, l’album est difficile à assimiler si on gobe tout en même temps. Sans utiliser la recette gagnante des Party Mix, je dirais qu’on apprécie mieux Prospare en s’attardant aux parties qu’on assimile ensuite comme un tout.

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