Juste en montant dans un wagon de la ligne orange en direction du Parc Jean Drapeau, couronnes de fleurs, transpiration abondante et transport d’alcool illicite laissaient présager que quelque chose se tramait: Osheaga Jour 1. Si t’étais pas là, tu peux recréer l’événement en quelques minutes grâce à ce précis récit des aventures.
13h02: Entre la station Rosemont et Berri-UQÀM un groupe de cinq Ontariens un peu trop loud arrive à bout d’un 40 onces de vodka fraichement ouvert. Ça donne le ton.
13h11: Sur la ligne jaune, direction Parc Jean Drapeau, le sosie de Nick Carter hurle dans le wagon. «Wouhou, wouhou», annonce-t-il, comme pour nous préparer au pire.
13h29: Me trompant de file d’attente pour récupérer mon bracelet, je me fais chicaner en anglais et on me dévisage avec mépris (en anglais aussi).
13h51: Je rejoins mon amie Ève qui remet en question sa tenue vestimentaire en constatant que tout le monde est en maillot de bain.
13h53: On profite du fait que 200 000 personnes n’ont pas encore utilisé les toilettes pour voir de quoi elles ont l’air quand elles sont propres.
14h05: Scène Verte. Le groupe The Franklin Electric joue le contenu de son album et le chanteur explique qu’il parle français. Beaucoup de gens sont massés devant la scène. Même Bibi était là.
14h52: On est déshydratées par la chaleur. On se rend à l’une des stations d’eau gratuites vantées par l’organisation, afin de remplir nos bouteilles. Constatant qu’il est plus difficile de se désaltérer ici que dans les puits éthiopiens, nous rebroussons chemin.
14h54: Heureusement, cette fille est là pour offrir de l’hydratation «à même la bouche».
15h25: Scène Verte. Run The Jewels offre une prestation durant laquelle le nombre de fois où le mot «fuck» a été prononcé est inversement proportionnel aux fans de Marilou présents dans l’assistance.
15h35: Ce gardien de sécurité cherche un criminel dans la foule en se racontant un épisode de CSI dans sa tête.
15h37: Les indications pour se rendre au Beach Club de Pointe Calumet n’étaient pas claires.
16h00: Scène de la Rivière. Le duo Angus and Julia Stone propose un set list endormant, visiblement pas approprié à un festival. Pendant que la foule dort, certains (nous) en profitent pour remarquer que le frère et la sœur sont de parfaits ambassadeurs de la tendance normcore.
16h55: Scène Verte. The Kills enchaîne les problèmes techniques. Pas de voix, pas de guitare, distorsion, interférence, pas de son en général. La rumeur veut que le gars du son ait perdu l’esprit quelque part dans le nuage de fumée odorante provoqué par la prestation de Run the Jewels.
17h15: On n’a pas saisi la chance de se faire tatouer un signe tribal par Diesel.
17h22: On se peint plutôt des symboles pas quétaines (hum), sur les bras grâce à H&M sans comprendre le lien douteux entre le linge et la peinture fluo.
17h31: Alors qu’on avait déjà repéré les kiosques de tatouages, de bière et de bouffe, on tombe sur le stand officiel de confection de joints. Ce groupe semblait d’ailleurs vouloir remercier chaleureusement le festival qui avait fourni des pochettes à bracelets qui faisaient d’excellents porte-papiers-à-rouler.
17h40: Scène des Arbres. Milk and Bone offre une solide performance. Camille Poliquin souligne que l’an dernier, elle a dû se farcir les gens lourds réclamant leurs bracelets à la billetterie, car elle travaillait sur le site. Cette année elle est sur scène. Quand même un pas pire upgrade. Les filles sont fières. C’est cute en titi.
18h25: Scène Verte. Chet Faker domine la situation. C’est le premier artiste de la journée dont le son est potable. Seul bémol: beaucoup de gens font l’amour sur ses chansons dans la vraie vie, donc il y a beaucoup de gens qui se touchent. Ça nous semble toutefois consentant.
18h45: On cherche une blogueuse mode pour lui montrer ces street styles.
19h32: Entre deux shows, on en profite pour se payer un périple aux toilettes d’une durée de 24 minutes. Dans le line up, on a les pieds dans l’eau. Alors qu’il n’y a pas eu de pluie récemment. On s’inquiète que ce soit plutôt le contenu des toilettes qui forme cette rivière.
19h58: AJ des Backstreet Boys attend FKA Twigs.
20h00: Scène Verte. FKA Twigs s’exécute. Elle semble tellement appartenir à une autre dimension qu’on se dit que ça se pourrait qu’une soucoupe volante débarque pour l’aspirer, pis ça serait normal.
20h10: La scène apocalyptique durant laquelle les Martiens viendraient chercher FKA Twigs commence à sembler réalisable.
20h54: Scène de la Montagne. On arrive en retard au show de Of Monsters and Men qui propose quelques nouvelles chansons un peu plus rock qui sonnent comme du Nickelback. Quand le groupe joue son ancien album, tout va bien.
21h35: Scène de la Rivière. Florence and the Machine est magnifique. Elle chante magnifiquement. On hurle magnifiquement. C’est beau.
23h10: En simulant un coup de pied dans nos faces, un gardien de sécurité nous ordonne de quitter le faux gazon sur lequel nous nous sommes échouées.
24h02: Ça fait quasiment une heure qu’on est debout sur un arbuste piquant, saccagé pour l’occasion, en attente d’un passage pour nous rendre au métro.
24h12: On constate que le site s’est vidé sans nous parce qu’on a emprunté le mauvais chemin en suivant aveuglément des Ontariens désorientés. Organisateurs: indiquez donc le chemin la prochaine fois, la gang.
24h14: On respire des aisselles étrangères.
24h25: On s’en va au Bistro de Paris pour voir Le Nouveau Rappeur. Je reçois un morceau de pain frais dans le front. Ça sent pas mal le melon d’eau. Mais ceci est une autre histoire.