Le titre est un gros statement, je vous l’accorde, mais il est, pour vrai, pas si loin de la réalité. Un beau coup de la gang de Suoni Per Il Popolo (ben oui, comme d’hab, je décroche pas) qui a réussi à offrir au public restreint de la Sala Rossa une très belle soirée.
En partant, je vais préciser que c’est surtout le projet de l’américaine Haley Fohr, Circuit des Yeux, qui m’a charmé. Je ne connaissais absolument pas et je n’avais pas non plus pris le temps d’écouter sa musique avant de partir, ayant été gagné par l’autre groupe au programme. La surprise a donc été encore plus forte et bienvenue.
En gros, le public, au début du set, ne dépasse pas vraiment la trentaine de personnes. Le groupe n’a pas non plus de notoriété montréalaise, ce qui explique un peu la situation. Un batteur à l’allure très hippie et une chanteuse/guitariste, le visage totalement caché par ses cheveux, s’avancent et, commencent à jouer. Si tu t’étais déjà demandé ce que ça donnerait si tu mélangeais du chant baroque, une guitare noise (plus dans l’esthétique drone que punk) pis des claviers qui sonnent un peu comme sur le dernier album de Jimmy Hunt, ben ça sonne comme ça. Et c’est magnifique!
Il faut noter que l’album est très flat comparé à la performance magistrale à laquelle j’ai assisté. Le résultat oscillait entre une musique réellement terrifiante et des moments de grâce salvatrice qui ont su tenir le public en haleine, jusqu’aux trois quarts du show. Moment où le public de Xylouris White est arrivé.
Le problème du duo, c’est que leur excellente musique attire autant un public de musique expérimentale, comme quand ils ont fait la première partie de Swans en février dernier, qu’un public de musique world et traditionnelle. On s’entend que les deux publics n’ont absolument pas les mêmes codes face à l’événement qui se déroule, ce qui donnait une ambiance trop festive, et totalement déplacée, à la fin de la performance de Circuit des Yeux.*
Malgré tout, la transition se fait dans la bonne entente et les Torontois montent sur scène un peu avant 22h30. Le set est excellent, alors que les deux musiciens continuent dans la voie de la complicité qui leur a toujours permis de se promener entre interprétation et improvisation, un peu à la manière d’une formation jazz.
La performance s’allonge, avec un rythme un peu cassé, et même l’apparition de Thierry Amar, contrebassiste et collaborateur de Godspeed You! Black Emperor, n’y changera rien. C’est donc sur une note un peu douce-amère que j’ai quitté la salle, encore nostalgique de Circuit des Yeux, le groupe qui vient pas mal de se tailler une place dans mon palmarès perso de performances live.
*Par «trop festive», je veux dire que de crier pis de se faire des shots de vodka dans un show de post, c’est crissement too much…