Seoul
I Become a Shade
Grand Jury et Last Gang Records
***1/2
Pour extraire nos démons intérieurs, le trio montréalais Seoul arrive avec son tout premier album tant attendu. Paru sous Grand Jury et Last Gang Records, I Become a Shade se voit comme un voyage introspectif de dream pop dans les contrées obscures de nos âmes.
Pour constater si l’attente en valait la peine, il ne suffit que de déposer l’aiguille sur l’album et tendre l’oreille. Ce qui saisit d’entrée de jeu sur I Become a Shade, c’est le souci du détail. Ce premier opus est truffé d’effets en tous genres et ceux-ci aident à créer des atmosphères planantes et enivrantes: des bruits d’eau jusqu’au son granuleux d’un vinyle sur une table tournante. Tout est méticuleusement calculé. On a l’impression de faire un voyage musical introspectif au cœur de nos pensées. Sans joke! Ce n’est pas troublant, au contraire, c’est tout à fait relaxant et ça fait du bien. C’est cathartique, d’une certaine manière.
Les synthétiseurs enivrants, les délicates trames de guitare bien posées nous transportent dans ce voyage à l’intérieur de nous-même. Au-delà des atmosphères bien construites, Seoul sait ajouter la touche entrainante qui nous fait hocher la tête au rythme de la bass. On a l’impression d’assister à un croisement musical de The xx et de Childhood. Franchement apaisant.
Les trois membres de la formation ont également développé une manière intéressante de séparer l’album en trois phases. Seoul nous offre d’abord de la dream-pop contemplative bien concoctée, puis un R&B planant et réconfortant, pour finalement clore l’album avec quelques pièces de musique ambiante enlevante. C’est comme si, dans nos oreilles, se déroulait une pièce de théâtre en trois actes. Ces transitions sont marquées par de courts interludes qui annoncent le passage d’un état d’âme à un autre. Les textures musicales partent parfois en loop, ce qui ajoute un léger effet psychédélique. Il aurait été occasionnellement intéressant d’entendre Seoul profiter de ces moments pour développer des passages musicaux plus risqués sur ces boucles pour emmener quelques chansons à un autre niveau.
Les thèmes tournent autour du deuil, du changement et de la transition. Les trois membres de la formation nous transportent dans leur bulle et nous font vivre ce moment avec eux. C’est très intime, occasionnellement touchant. La suite nous ouvre définitivement l’appétit.
Le produit final n’est pas révolutionnaire en tant que tel, mais il est très réconfortant offre de la couleur dans le paysage musical montréalais. Si vous voulez passer une soirée relaxante et contemplative, sans tomber dans vos démons personnels (on l’espère!), I Become A Shade est clairement l’album à faire tourner.