Dehors il y a des chandails des Canadiens partout. Moi j’ai ma casquette de balle, et avec des filles de l’équipe, on se fait un avant-match avant de se diriger non pas vers la taverne avec écran géant, mais au Cabaret La Tulipe, pour y entendre notre coéquipière. Le doorman aime mon look, et moi j’aime le doorman. Ça commence bien.

Salomé Leclerc / Photo: MC Greg
Salomé Leclerc / Photo: MC Greg

Dans la salle, on sent que la foule est prête, déjà attentive. Dès que les lumières baissent les gens crient comme des initiés, comme une foule déjà conquise qui sait à quoi s’attendre. Vivement donc la rentrée montréalaise de 27 fois l’aurore, dernier opus de Salomé Leclerc. Titre on ne peut plus approprié en ce qui me concerne, puisqu’au moment d’écrire ces lignes il est précisément 5h15 du mat.

Sur scène apparaît une artiste ayant revêtu la paillette, comme si c’était nécessaire pour qu’on la trouve étincelante. D’entrée de jeu, elle s’excuse et se dit bien déçue de ne pas avoir été consultée sur le choix de la date du quatrième match de la série Canadiens-Sénateurs. Elle nous assure toutefois qu’elle a dans la salle un informateur qui s’engage à crier sa vie dès qu’un but sera compté, et ce, «même pendant une toune douce et introspective». Nous voilà donc rassurés.

C’est donc avec une maîtrise folle qu’elle attaque ses premières chansons: de la richesse, un souci du détail dans les arrangements, des sons de guitares au goût de poussière, de roadtrip, de Tarantino, livrés par une musicienne qui n’a pas du tout l’air d’avoir à se concentrer pour le faire. Du talent brut. Elle nous garoche ses notes mordantes, précises, emballées par des arrangements adaptés pour la scène qui rendent l’ensemble du show dynamique et visuellement beau. Oui, je l’ai dit, visuellement beau.

D’ailleurs, entre deux chansons et sur un ton d’autodérision, Salomé nous parle de la jupe vert pâle taille très hautequ’elle porte dans son nouveau clip, fraîchement sorti, pour la pièce Les chemins de l’ombre.


Dans la salle, on a encore entendu personne crier sa vie, et lentement on commence à oublier qu’au dehors il y a tout un monde. Surtout lorsqu’elle attaque Partir ensemble, de son premier album, tellement revisitée pour l’occasion qu’on peine à la reconnaître. C’est à se demander si l’on veut danser ou fermer les yeux, mais dans un cas comme dans l’autre, on dit oui. Définitivement.

La scène est peuplée de musiciens talentueux. Dans les regards échangés, on devine bien que c’est Leclerc la chef d’orchestre. Salomé s’offre une fois de plus le plaisir de s’accompagner au tambour. Et ce n’est pas pour le show, c’est réellement maîtrisé et pertinent. Elle a déjà joué de la guitare ET du tambour en même temps. C’est vous dire à quel point, pour cette fille, faire des ronds sur sa bedaine en se tapant sur la tête ne doit pas représenter un gros défi.

C’était un show généreux, presque plus long que la game, qui se termine après quelques rappels, sous un tonnerre d’applaudissements. Je rentre chez moi, ravie, satisfaite, convaincue qu’entre les fans des Canadiens et moi, c’est moi qui ait eu le meilleur show. J’ai aussi percé le mystère des sons étranges qu’on entend dans la pièce Arlon. Je sais maintenant qu’ils proviennent de tuyaux de plomberie, et ça me plaît.

De la paillette, de l’assurance, du talent et de l’élégance.

Un bel amalgame bien balancé.

-S. Bergeron

Vibrant!

Vez

Une sacré belle voix, une grande voix, une voix

avec du grain dedans, de la douceur dedans, du Salomé dedans

-S. Tremblay

Du disque à la scène, ses chansons se transforment;

pas de copier-coller. Un pur délice.

-Coco Lafo

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