Autrefois petite brune qui murmurait des paroles muettes et dépressives, Soko s’est aujourd’hui transformée en jolie blonde peroxydée pour nous offrir un album loin de son univers candide d’autrefois. Avec My Dreams Dictate My Reality, la jeune Française s’affirme plus femme que jamais, en puisant le plus gros de son inspiration dans l’ère new wave et post punk de Siousxie and The Banshees et de Joy Division.
Soko, de son vrai nom Stéphanie Sokolinski, s’approche tranquillement de la trentaine mais n’est plus une enfant depuis fort longtemps. Auteure-compositrice-interprète, multi-instrumentiste et actrice à ses heures perdues, cette drôle d’artiste un peu mystérieuse n’en est pas à son coup d’essai avec son dernier album. En 2007, elle sort Not SoKute avec le guitariste de Jean-Louis Aubert, et la chanson I’ll Kill Her devient un tube d’abord au Danemark, puis dans toute l’Europe, jusqu’à gagner l’Australie. Un hit qu’elle déteste, mais qui ne l’empêche pas de tourner un peu partout et d’apparaître à l’affiche du Printemps de Bourges et des Eurockéennes en 2008. Après avoir jouer avec Pete Doherty et sorti un second album en 2012, la voici qui revient avec My Dreams Dictate My Reality. Un titre qui laisse entrevoir le monde parallèle dans lequel la belle Soko évolue entre ses anges et ses démons.
Si ce dernier opus n’a rien à voir avec les productions passées de Soko, il lui ressemble incontestablement. Tantôt lascive, tantôt fébrile, elle est toujours sombre et mélancolique au fil des titres. L’ensemble de l’album brille par ses morceaux fortement influencés par The Cure, tels que I Come In Piece ou Tempory Moods. Ce n’est ps tout.Plongé dans les années 80, il est surtout parsemé de touches californiennes essentielles qui ouvrent un univers totalement nouveau dans lequel on se laisse tomber sans hésitation. Entre lentes vibrations (Bad Poetry, Visions) et sursaut d’excitation (Who Wear The Pants, Ocean Of Tears) on ne ressent à aucun moment, un quelconque semblant d’incohérence, ou de décalage. En plus de faire appel à Ross Robinson, une pointure pour la production (qui s’est occupé de The Cure en 2004), Soko a invité son copain Ariel Pink sur deux excellents titres aux mélodies justes et planantes. De ce disque, émane une certaine maturité toujours naïve, surfant entre rêves et réalité. La peur de grandir, la fatalité de la vie, la recherche de son identité, autant de thèmes que l’on peut rattacher au nouvel univers de Soko, pas tant dans les paroles, mais dans la mélancolie des mélodies. En bref, My Dreams Dictate My Reality est l’album parfait pour traverser une seconde adolescence torturée et poétique.