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Il y a un peu plus de deux semaines, l’album DreamyLeftFieldFantaisies a été lancé. On s’est assis avec BUeLLER, pour jaser de son dernier opus, de weed et de ses influences.

BUeLLER m’attend patiemment au Parc Laurier, dans les estrades. Malgré mon retard, il me tend une bière avec un sourire. «C’est vendredi soir tsé», me rappelle-t-il. Même s’il est directeur artistique et concepteur de profession, le beatmaking reste sa plus grande passion. Initié à l’âge de 16 ans par son cousin Vlooper et influencé par ses homologues J Dilla, Boogat, Atach Tatuq, entre autres, le producteur montréalais n’en est pas à son premier barbecue.

À 29 ans, BUeLLER a vu la scène Art Beat éclore. «Dans le temps, c’était plus difficile de faire découvrir le beat. L’instrumental était moins populaire aussi. Il fallait rencontrer des gens qui rappaient dans des partys, c’était l’ère pré-myspace», raconte-t-il.  «L’évolution du rap a été tellement rapide dernièrement. On est passé de fucking outcasts ou de genre de plaies d’Égypte pour devenir le mainstream shit» explique le beatmaker, conscient de l’avant et de l’après 4,99$, d’Alaclair Ensemble.

Les beats introspectifs et vaporeux qui se retrouvent sur DreamyLeftFieldFantaisies, son dernier album, s’écoutent parfaitement au réveil, en travaillant. Il n’est pas léger pour autant. «C’est un genre de breakup album, une réflexion sur la relation que je venais de vivre. J’ai voulu faire une histoire avec ça», précise-t-il. L’histoire est claire. La première chanson, Ending et la dernière, Beginning, nous indiquent que le beatmaker est passé par une montagne russe d’émotions pour finalement être sauvé du naufrage qu’est l’après-relation. Évidemment, ce n’est pas l’album qui pourrait faire turn up vos partys, et BUeLLER en est parfaitement conscient. «Mon genre de beat, ça fait pas danser le monde. C’est le genre de beat qui impose que tu t’assoies dans un fatboy pis que tu fumes un bat», indique-t-il en riant.

DreamyLeftFieldFantaisies, c’est aussi Montréal. Ça s’entend. L’album est une sorte de preuve que la métropole est culturellement en santé; au niveau du beatmaking du moins. «On encense les beatmakers d’ailleurs, mais ici il y a tellement de trésors cachés. Je pense que Kaytranada est en train de le prouver. En même temps, il faut faire un filtre parce qu’il y en a tellement à Montréal.»

Bien que le membre du Tout’nou Collective (KenLoVlooper et BUeLLER) vend parfois ses beats à l’international ou pour des publicités, le beatmaking ne lui suffirait pas. «J’aimerais faire plus de beats pour vraiment en vivre, mais en même temps tout ce que je fais est complémentaire. Je sais pas si je pourrais juste faire ça», précise celui qui est aussi designer et réalisateur à ses heures. Profitez dont de DreamyLeftFieldFantaisies avant que BUeLLER ne passe à autre chose.

Ce qui joue sur son iPhone ces temps-ci:

James Blake
– Harmonium
– Childish Gambino
– Gil Scott-Heron
– Mount Kimbie
– José Gonzáles
Frank Ocean
– Little Dragon
– Sly and the Family Stone

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