C’est aujourd’hui que la gagnante des Francouvertes 2011, Chloé Lacasse fait paraître son second album, LUNES. Encore une fois, c’est Antoine Gratton qui assure la réalisation de l’opus, un album plus introspectif. On a rencontré Chloé pour décortiquer son monde musical.
1-Comment ton style a-t-il évolué depuis le premier album?
J’ai du mal à dire que mon style a changé. Ce sont les œuvres qui sont différentes. Je ne me sens pas dans un besoin d’affirmation de ce que je suis. Je voulais quelque chose de plus enveloppant, organique, doux. J’ai orienté ma création dans ce sens-là. Je voulais un tout. Un univers peut-être plus féminin, des rythmes tribaux et moins de synthé.
2-Pourquoi LUNES?
C’est vraiment pour donner une impression. Ça évoque quelque chose pour tout le monde. On pense nuit et c’est aussi un symbole dans la mémoire universelle. Mon album a été créé en nature. Il est né du calme et n’est pas concret. Les situations sont poétiques. La lune, ça représente l’intuition, la lumière dans la nuit. C’est un mot simple et je sentais que ça prenait un nom qui n’était pas un titre de chanson.
3-Ta toune pref’ sur ton album et pourquoi?
Il y a comme des chansons phares qu’il faut placer aux extrémités et qui donnent lecture aux autres. Douce incertitude est importante pour la vibe qu’elle apporte. Le texte et le thème qui amènent une impression de vie et de mouvement sont vraiment importants. J’aime la beauté de ce qui coule et mon album est comme ça.
4-Y a-t-il une erreur faite ou une insatisfaction du premier album que tu ne voulais pas répéter maintenant?
Mon premier album, a été créé dans le feu de l’action en même temps que les Francouvertes 2011. J’ai pris plus de place dans la réalisation et les arrangements cette fois-ci. L’album a décidé un peu de ce qu’il allait être tout seul. Dans les dernières années, j’ai eu l’impression de m’être donné un cadre, car j’ai dû composer pour des commandes. J’ai trouvé ça difficile. Quand tu te fais trop chier à faire quelque chose, tu décides que tu ne veux plus ça. Pour LUNES, je suis partie avec l’idée de ne pas être trop dure envers moi-même. Mon implication est tellement plus grande.
5-Ton précédent album n’a pas réussi à percer la bulle des radios commerciales. Pourquoi, à ton avis?
Je pense que je ne suis pas la bonne personne pour répondre à ça. J’ai tout essayé. On a essayé de faire un remix pour la radio. Je n’étais pas chaude à l’idée. Finalement, même avec un truc comme ça, ça n’a pas fonctionné. J’avoue que je ne comprends pas ce qui fait que ça marche ou pas. Ça change quelque chose sur les spectacles de pouvoir partager sa musique au plus de gens possible. J’étais déçue. Par contre, je n’ai vraiment pas composé mon nouvel album avec ça dans la tête. Ça serait une très belle surprise que ça m’arrive à un moment donné, mais je ne changerai jamais pour ça.
6- Est-ce que c’est difficile d’avoir du succès pour les auteurs-compositeurs au Québec, en ce moment?
C’est foisonnant. Il y a beaucoup de belles propositions. Les médias qui diffusent cette musique de champ gauche, moins commerciale, perdent de plus en plus d’espace. C’est la même chose dans les médias conventionnels: les journaux, les magazines ont moins de pages. La radio commerciale nous habitue à des « 30 secondes super accrocheuses ». Je travaille plutôt à l’inverse. Ça prend du temps se laisser toucher par une chanson. Ce qui est beau, c’est que, même si c’est de plus en plus dur, il y a beaucoup de soldats encore à la guerre.
7- Ta victoire aux Francouvertes en 2011, ça t’a amené quoi?
C’est sûr que gagner les Francouvertes, ça aide énormément. Ce sont des prix qui donnent un vrai coup de main. La visibilité se trouve aux bonnes places et l’argent aussi. C’est couvert par les médias, les blogueurs. Ce ne sont pas tous les blogueurs et tous les médias qui décident d’aller te voir en même temps le même soir, parce que tu joues au Quai des brumes. Aux Francouvertes, c’est le cas.
8- Dans quel genre d’environnement dois-tu être pour créer?
Ça change d’une fois à l’autre. J’ai besoin d’un temps seul et d’un moment en groupe ou vice versa. Pour trouver le noyau des chansons, je ne dois pas faire mille choses en même temps. Je ne dois pas être dans des moments occupés. C’est une autre partie de mon cerveau qui doit se fermer, je dois être dans une bulle.
9- Tu travailles à nouveau avec Antoine Gratton à la réalisation. Pourquoi?
On provient d’influences différentes et on s’apporte beaucoup. Je voulais vraiment travailler avec lui parce que je sentais qu’on ne serait pas obligés de faire la même chose et qu’on pourrait même faire un 3e album dans lequel on ne serait jamais pris dans une recette. Je trouvais ça rassurant de partir de cette confiance-là. On est complémentaires.
10- Y a-t-il un artiste qui t’inspire?
J’ai écouté beaucoup de femmes. Mon 2e album retourne à ça: Joni Mitchell, Björk. Ces chanteuses qui savent si bien nous amener ailleurs.
L’artiste que Chloé Lacasse voudrait qu’on découvre…
Joëlle Saint-Pierre (en ce moment aux Francouvertes). Elle sait ce qu’elle fait cette fille-là.
Le spectacle-lancement de Chloé Lacasse aura lieu le mercredi 9 avril à 20h au Cabaret du Mile-End.