CYMBALS est un groupe qui veut ramener l’élément indie et organique à la musique pop qu’on entend dans les clubs. Autrement dit, remplacer le DJ par un band.
CYMBALS est formation de Londres qui a vu le jour en 2010. Les quatre membres (Dan, Jack, Neil et Luke) ont uni leur passion pour l’indie rock et la synthpop des années 1980 et ont pris leurs instruments respectifs afin de créer leurs propres mélodies. Ayant comme principales influences New Order et Yo La Tengo, ils se sont rapidement mis à composer et à jouer dans de petites salles. Étant très inspirés et ne ratant aucune occasion de se faire entendre, ils ont rapidement attiré l’attention de Tough Love, l’étiquette de disque de groupes tels que Girls Names et Weird Dreams, et ont signé un contrat avec celle-ci. C’est en 2011 que leur premier album Unlearn voit le jour. Penchant plutôt vers l’art-pop et l’indie rock (ressemblant plutôt à ce que Vampire Weekend fait), l’album a attiré les regards et s’est plutôt bien vendu, notamment grâce aux singles Totally Over et Summer Escaping. Il capturait bien l’énergie d’un groupe à ses débuts dans toute sa naïveté, mais manquait un peu d’originalité. Durant les tournées, CYMBALS a graduellement parfait son art et a apporté quelques changements à sa sonorité.
Sentant qu’ils prenaient tranquillement une petite tangente musicale, les membres du band se sont retrouvés en studio à bord d’un petit bateau amarré sur la Tamise. Ils ont pris cinq jours pour enregistrer le EP Sideways Sometimes, finalement paru en avril 2012. Le résultat est un court opus où la musique est plus travaillée, les chansons mieux construites et où la synthpop prend un peu plus de place.
Étant encore pris d’inspiration, ils sont retournés en studio avec le talentueux producteur anglais Dreamtrak pour enregistrer le single qui allait faire beaucoup parler d’eux : Like An Animal. Cette pièce s’éloignait un peu de ce qu’ils avaient l’habitude de livrer au public : un morceau de neuf minutes qui met de l’avant l’amour du groupe pour la house music, tout en gardant l’élément mélodique qui les a fait connaitre. Pour la première fois, leur musique avait davantage sa place sur un dancefloor que dans des écouteurs.
Sentant l’engouement autour de ce nouveau single, CYMBALS a renouvelé son association avec Dreamtrak et est revenu à la charge avec The Natural World, un morceau à saveur très électropop, rappelant les trames musicales de certains morceaux de Cindi Lauper. Sentant qu’ils avaient trouvé leur véritable son, ils sont (encore) retournés en studio afin d’enregistrer leur deuxième album. Le fruit de leurs efforts est The Age of Fracture.
Le résultat final est un album upbeat efficace qui, sans toutefois réinventer le genre, sait mélanger la créativité avec le pur divertissement. The Age of Fracture présente bien le synthétiseur comme l’élément central de leur son, où quelques occasionnelles expérimentations sont satisfaisantes et appréciées. L’album, dans son ensemble, livre de bonnes mélodies entrainantes. On le constate dès la première pièce, Winter 98, qui part le bal.
L’élément qui distingue CYMBALS de ses contemporains aux influences similaires (voire White Lies et Empire of the Sun, par exemples), est ses occasionnelles expérimentations et la progression au sein même de ses chansons. Sur quelques pièces, le groupe commence tranquillement avec un pattern simple puis, plus la chanson avance, plus des couches de musique et de nouvelles sonorités s’ajoutent au mélange. CYMBALS fait ce tour à plusieurs reprises et le fait habilement. Le processus est efficace et capte continuellement l’attention de l’auditeur. Il arrive également à le surprendre. C’est notamment le cas sur You Are, Empty Space, The End et Like An Animal. C’est d’ailleurs sur ce dernier que c’est le mieux exécuté. Les couches s’empilent, saisissent et les arrangements sont étonnants. Les pistes de synthétiseurs, la guitare à la Foals, le groove de la bass, s’enchainent les unes après les autres. Il aurait été facile de tomber dans le superflu et les écarts inutiles, mais le band présente beaucoup d’ingéniosité et de créativité. Dans ses arrangements et la nouvelle chimie des membres du groupe, celui-ci expose toute son originalité et trouve une couleur qui lui est propre dans le style.
Malgré cet élément intéressant, le band est également capable de tomber dans le générique par moments. Les pièces plus accrocheuses et plus réussies sur l’album sont entrecoupées de fillers. Des pièces un peu mornes et similaires comme The 5% et Erosion font perdre de la vitesse par leur standard à un album autrement bien ficelé. Les morceaux ne sont pas si mauvais en soi, mais dans un album où le point qui ressort le plus est la créativité, l’élément dance et la progression, ils apparaissent sans grand intérêt. Ça aurait pu être des morceaux qu’un autre groupe a écrits.
Une des forces de cet opus, c’est qu’il est satisfaisant à deux niveaux : il est plaisant pour le fan de musique qui sait apprécier des arrangements originaux et une constante créativité, mais il est aussi très facile d’écoute pour quelqu’un qui ne recherche qu’un pur divertissement. C’est un album avec une bonne part organique et qui est très groovy et dansant.
Au final, The Age of Fracture se trouve à être un bon pas en avant pour CYMBALS, tout en contenant son petit lot de failles. Le groupe aurait avantage à se concentrer sur ce qui le démarque et délaisser les pièces plutôt ordinaires qui diluent l’efficacité du produit. Il rend bien hommage à l’époque qui l’a inspiré tout en usant bien d’une petite touche personnelle. Le tout est bien enregistré avec la technologie moderne. Il est toutefois dommage que les morceaux les plus excitants soient des singles qui étaient connus des fans avant la parution de l’album. On aurait apprécié davantage de surprises.
Il sera intéressant de voir leur évolution qui est déjà bien amorcée : ils sont passés de groupe indie rock générique à groupe new wave plus original et plus extraverti.