2013 aura été une forte année musicale. Depuis nos débuts il y a 4 ans, c’est la première fois qu’autant d’albums différents ont été cités par nos collaborateurs dans notre tentative de faire un bilan de fin d’année. Pour être précis, ce sont 131 albums qui se sont retrouvés sur notre longue liste de fin d’année.
C’est donc une année musicale très variée qui se termina dans une dizaine de jours. Avant d’entamer votre traditionnel décompte du nouvel an, profitez de ces 25 meilleurs albums de l’année 2013 tels que choisis par notre équipe.
Nous nous reverrons en 2014, avec un paquet de belles surprises.
:)
#25 Yeezus – Kanye West [Roc-A-Fella/Def Jam Records]
« What fun is life if you don’t talk shit, right ? » – Kanye West, à Las Vegas, le 25 octobre dernier. Cette citation pourrait effectivement s’appliquer à toute l’année que vient de connaître Kanye West, en devenir son slogan. En lançant cette boutade en concert, il s’adressait à la turbulente campagne qu’il a connue pour le lancement de son excellent dernier album, Yeezus, à l’industrie des médias ainsi qu’à celle de la mode.
Kanye West s’est lancé dans du rap électro-industriel, et le résultat est solide. Il nous amène dans les sombres recoins de son esprit, où il rage contre les politiques raciales et discute avec Jésus, entre autres choses.
Le gars est mégalomaniaque, mais plus souvent qu’autrement, il dit la vérité. Et il challenge ceux qui ne sont pas capables de l’entendre.
« I’m standing up and I’m telling you I am Warhol. I am the #1 most impactful artist of our generation. I am Shakespeare in the flesh. Walt Disney. Nike. Google. »
Compris ?
-JFT
#24 Queens of the Monkeys
Queens of the Stone Age et Arctic Monkeys ont bien fait parler d’eux en 2013. Les deux groupes ont tous les deux sorti des albums très attendus, et ce, avec succès.
… Like Clockwork s’est trouvé à être un retour en force de QOTSA par son originalité et, en quelque sorte, la réinvention du groupe par un changement dans leurs structures et sonorités tout en restant celui que les fans aiment depuis la première heure.
AM était également très attendu puisque les membres de la formation anglaise avaient annoncé ce nouvel album comme étant un changement de direction avec de nouvelles influences. Dès sa sortie, tous les regards se sont rués vers AM et autant les fans que la critique ont adoré ce nouvel effort qui a reconfirmé leur talent et leur pertinence.
Les univers de ces deux groupes s’entrecroisent fréquemment. Josh Homme a produit un album des Arctic Monkeys et il gravite autour d’eux depuis quelques années. Il fait même deux apparitions sur AM. Alex Turner affirme admirer Homme et il a prêté sa voix sur If I Had a Tail. L’omniprésence et l’influence mutuelle sur leurs univers respectifs leur ont valu une position conjointe dans notre palmarès.
-AD
#23 Sunbather – Deafheaven [Deathwish]
Deafheaven est un des chefs de file d’une vague de groupes de black métal jeunes et originaux qui s’éloignent beaucoup du style des Burzum et autres Mayhem qui ont fait naître le genre. Sunbather vous fera passer par toute une gamme d’émotions : la musique, belle et presque rêveuse, contraste avec la férocité du chanteur George Clarke et ses paroles mélancoliques. Le deuxième album de Deafheaven est un must de 2013, autant à cause de la qualité du matériel que parce que c’est un aperçu d’une scène qui pourrait dépasser les limites de la musique métal sous peu.
-JL
#22 Woman – Rhye [Universal Music]
Woman de Rhye se dégage par ses habiles harmonies et ses orchestrations d’une grande richesse lyrique. Cette musique est brillamment portée à un niveau supérieur grâce à la voix essentiellement marquée d’une sincérité et d’une vulnérabilité déconcertantes. Cette chaude et douce voix est d’autant plus saisissante du fait qu’elle est celle d’un homme : Mike Milosh.
Ce premier album du groupe est un exercice très réussi d’instrumentations finement arrangées où le dosage et la discrétion forment une oeuvre homogène et cohérente. Avec Woman, nous avons assisté cette année à la naissance d’un groupe fort prometteur pour les années à venir. La barre sera haute!
-MSL
#21 Run the Jewels – Run the Jewels [Fool’s Gold]
Killer Mike et El-P aiment jouer les vilains. Pour eux le vilain est un être mal compris et sous-apprécié au sein de notre société judéo-chrétienne. Pour eux la cause du vilain est noble et ils admirent le choix qu’a fait Magnéto de ne pas se laisser rabaisser par les humains. Dans la philosophie runthejewelsienne, le vilain dépasse le héros par une plus grande humanité.
En passant, les deux hommes révélaient en entrevue que l’animal préféré de El-P est la baleine et celui de Mike l’éléphant, les deux hommes aiment ce qui est gros et ça s’entend dans leur musique.
-CB
#20 Tomorrow’s Harvest – Boards of Canada [Warp]
Cela faisait quelques années que le duo Boards of Canada ne nous avait pas transportés dans son univers. Ces maîtres de la texture électronique ont repris d’assaut nos écouteurs cette année avec Tomorrow’s Harvest, une ode aux trames sonores de films. Dès les premières notes du disque, on comprend que le duo n’est pas là pour nous offrir de jolies mélodies, mais bien pour nous accompagner dans un séjour quelque peu intense.
Écouter Tomorrow’s Harvest, c’est s’aventurer à tâtons dans un brouillard épais. La première expérience est inquiétante, mais les suivantes sont transcendantes.
-WFB
#19 Major Arcana – Speedy Ortiz [Carpark]
Ça prenait bien un disque de rock sale, gracieuseté d’un jeune groupe américain, dans ce palmarès. Major Arcade de Speedy Ortiz remplit à merveille ce mandat du groupe post-90’s d’inspiration Pavement et Sonic Youth avec ses guitares pesantes, ses rythmes qui se cassent dans tous les coins et leur not giving much fucks attitude. Major Arcana sonne comme une guitare désaccordée (ce qui est probablement le cas) accrochée derrière un pick-up qui roule à 130 km/h sur l’autoroute.
Oh, et la balade No Below est l’une des plus belles de 2013.
-OM
#18 Virgins – Tim Hecker [Kranky/Paper Bags Records]
Avec son douzième album, Virgins, Tim Hecker a le mérite de nous avoir offert l’un des disques les plus imposants et déstabilisants de 2013. L’« artiste des sons » y propose une musique se trouvant à l’extérieur du cadre théorique et pratique de la musique populaire. Virgins est le fruit d’une démarche sérieuse ayant donné naissance à une musique cérébrale et glauque composée avec finesse. Pour créer Virgins, Hecker n’a utilisé que des appareils électroniques.
Il en émane des paysages sonores touffus, souvent musclés et toujours raffinés. Écouter Virgins est une expérience exigeante, mais quiconque décide de relever le défi en sortira grandi.
-AGB
#17 Mala – Devendra Banhart
Le 8e album du chic hippie nous transporte dans toutes les directions, du jazz au rock en passant par le folk aux accents latins. Le meilleur exemple de ce mélange des styles musicaux se retrouve dans la chanson Your Fine Petting Duck. Débutant sur une combinaison superposant un air sixties surf et une voix féminine rappelant M.I.A, la chanson éclate par la suite dans un house music chanté en allemand. Cette fusion un peu débile de tous ces trucs donne un résultat étonnamment bon.
L’album est suave, les arrangements musicaux sont ensoleillés, les morceaux débordent de tendresse et les paroles mélancoliques de Banhart chantées en trois langues (anglais, espagnol, allemand) nous prennent aux tripes… Qui dit-mieux?
-MC
#16 Repave – Volcano Choir [Jagjaguwar]
À défaut d’avoir un nouvel album de Bon Iver cette année – le groupe est en hiatus pour une durée indéterminée – on a eu un nouveau Volcano Choir, autre projet de l’un des producteurs et musiciens les plus en vue des dernières années, Justin Vernon.
Malgré les efforts que fait le groupe en spectacle pour réduire au maximum l’attention portée à Vernon, ce Repave, 2e album de Volcano Choir, sonne particulièrement comme du Bon Iver, avec sa voix chaude qui vient à l’avant-plan des chansons travaillées jusqu’au moindre détail. C’est riche, grandiose, tout en crescendo.
Justin Vernon confirme encore une fois qu’il est la figure de proue du folk rock indépendant de notre génération.
-JFT
#15 Trouble Will Find Me – The National [4AD]
Musicalement plus ambitieux que les précédents albums de The National, Trouble Will Find Me aurait pu s’installer dans le confort des bases solides d’un groupe qui en est à son sixième album. Il faut une, deux et plusieurs écoutes pour apprécier les nuances, se laisser amadouer par tout ce qui rend cet album plus « fini » que les autres. Même si le tourment hurlé du chanteur Matt Berninger a fait place au son introspectif d’une voix soufflée à l’oreille, chaque mélodie demeure troublante, chaque texte révèle les contours d’un univers qui devient peu à peu tangible, une poésie à plusieurs sens qui nous mêle et nous touche à la fois.
En 2013, The National a atteint un point culminant du raffinement de son art.
–EJ
#14 Fade – Yo La Tengo [Matador]
Grand habitué des tops de fin d’année, le couple Kaplan/Hubley nous refait le coup avec son 13e essai paru dans les tout premiers élans de 2013. Pour l’occasion, le groupe d’Hoboken qui soufflera ses trente chandelles en 2014 a retenu les services de John McEntire (The Sea & Cake, Tortoise) pour guider ses récits mélodiques. Construit autour des conversations intimes du couple, Fade se montre aventureux et varié musicalement.
Déploiement d’inspirations krautrock sur le 1er extrait (Stupid Things) et longues installations sonores pour meubler les antipodes de l’album. Loin de se complaire ou de s’asseoir sur son impressionnant catalogue, Yo La Tengo comble les attentes (toujours très élevées) de ses loyaux fervents en dévoilant un autre chapitre de sa pop pure et intelligente.
-MSJ
#13 Settle – Disclosure [PMR/Island]
Comment ces deux jeunes frères sortis d’on ne sait trop où et qui forment le duo Disclosure ont-ils pu faire un album house si efficace et bien ficelé, avec d’indéniables hooks et autres affinités pop (lui allouant ipso facto une place à la radio) demeurera toujours une question. C’est l’attention portée à la section rythmique à saveur garage qui rend Disclosure si différent de la dance music qui envahit habituellement notre quotidien. La basse ainsi que les percussions (munies d’un léger swing) sont mises en évidence et ne sont pas cachées sous une tonne d’effets sonores abrutissants.
La présence de collaborateurs de qualité tels que Sam Smith, AlunaGeorge, Jamie Woon et Jessie Ware contribua également à approfondir la musique de l’excellent album Settle.
-MON
#12 Modern Vampires of the City – Vampire Weekend
Mettons les choses au clair. Vampire Weekend est un groupe de hipsters écouté par des hipsters qui ont la plupart du temps moins de 25 ans et qui fréquentent ou ont fréquenté les bancs des universités. Enfin, c’est le stéréotype qui colle au groupe depuis la sortie de son disque homonyme en 2008. Et les stéréotypes ont parfois un fond de vérité. Pourtant, c’est la troisième fois que le groupe sort un disque et c’est la troisième fois qu’on arrive à la même conclusion. « Vampire Weekend » n’invente rien, mais fait de la bonne musique qui utilise intelligemment des références culturelles de son époque.
Modern Vampires of the City est ce cliché Instagram de vous que vous montrerez un jour à vos enfants. Il sera difficile d’expliquer la popularité des filtres sépia. La seule chose dont vous serez certains, c’est qu’il fallait être là pour comprendre.
-WFB
#11 Reflektor – Arcade Fire [Merge]
Les critiques se sont battus dans la bouette à la sortie de Reflektor. Il faut dire qu’après l’apothéose de The Suburbs en 2010, Arcade Fire avait trois choix : proposer un son différent, se planter ou être sérieusement au-dessus de tout ce qui existe. C’est la première avenue qui a été choisie, et pour le mieux. En écoutant Reflektor, tu mets tes plus beaux apparats et tu danses… et tu aimes ça. Et quelques fois, tu te sens emporté par un son orchestral, un hymne religieux qui vient te chercher, peu importe ta religion, et tu te dis que tu ne sais pas trop quel genre de lien tu peux faire avec les œuvres précédentes, mais Arcade Fire te touche encore, différemment.
Amen.
-EJ
#10 6 Feet Beneath the Moon – King Krule [True Panther Sounds]
King Krule a réussi à se démarquer en 2013 grâce à son premier album 6 Feet Beneath the Moon, qui se trouve à être un amalgame de styles très efficace. Cet opus mélange le rock, des éléments de punk, le rap et le jazz de manière très ingénieuse et originale. Archy Marshall est également un parolier bien articulé et créatif. Il réussit à créer des atmosphères planantes et poétiques. Il bénéficie actuellement d’un bon buzz un peu partout dans les scènes underground. La sortie de cet opus très réussi le place aisément en 10e position de notre palmarès annuel.
-AD
#9 Acid Rap – Chance the Rapper [Indépendant]
Chancelor Bennett vient de rentrer dans l’histoire. C’est le premier rappeur à percer le club très sélect des 10 meilleurs albums de l’année de Feu à Volonté. Club très sélect, car c’est un peu au monde culturel ce que le 357C est au monde politique québécois, tenons-nous le pour dit ! Profitons des 40 mots qu’il nous reste pour apprécier la référence à Othello sur Acid Rain.
« The richest man rocks the snatch-less necklace / Spineless bitches in backless dresses / Wore my feelings on my sleeveless / My weed seedless, my tress leafless »
-CB
#8 Wakin on a Pretty Daze – Kurt Vile [Matador]
Avant de nous donner Daniel Brière, Philadelphie nous a offert Kurt Vile. Le chanteur a réalisé l’un des plus beaux albums de 2013, Wakin on a Pretty Daze, succédant à l’inégal Smoke Ring for my Halo.
Tissé de longues pièces planantes et d’un rock qui fait clin d’œil aux années 70, c’est l’album parfait à écouter lorsqu’on revient crevé d’une longue journée au boulot. Dès les premières notes de la pièce titre de l’album, on relaxe en se laissant bercer par la voix nonchalante de Kurt Vile, pour plonger dans un autre monde, porté par les envolées de guitare. Un rock de stoner à écouter à jeun (ou pas).
–CCP
#7 Push the Sky Away – Nick Cave and the Bad Seeds
La réputation de Nick Cave n’est plus à faire. Pourtant le 15e album du grand chanteur avec les Bad Seeds, Push the Sky Away, est peut-être le meilleur de sa carrière. L’univers lugubre, mystérieux et sensuel de Cave y est à son paroxysme. La poésie du chanteur est à couper le souffle. Sur la pièce fleuve Jubilee Street, il déclare son amour pour une prostituée et c’est époustouflant.
En mars dernier, le chanteur a su démontrer lors de son passage enflammé au Métropolis qu’il savait mieux que jamais défendre un album sur scène, à 55 ans. Profitez de Nick Cave maintenant, quelque chose me dit qu’il ne pourra pas être aussi intense encore très longtemps…
-CCP
#6 Julia With Blue Jeans On – Moonface [Jagjaguwar]
Personne ne se plaindra du virage qu’a pris Moonface avec Julia with Blue Jeans On. Le Montréalais Spencer Krug a délaissé cette fois-ci les lourdes percussions, les synthés et les guitares, pour se concentrer sur un son épuré. Du piano classique, un grave vibrato et un ton dolent viennent appuyer une trame narrative à se déchirer le coeur.
Spencer Krug, ex-membre de Wolf Parade, démontre avec le dernier effort de son projet solo la grandeur de son talent, entre les rythmes envoûtants et les envolées dramatiques de Everyone is Noa, Everyone is the Ark, deuxième pièce, et de Julia With Blue Jeans On, sixième pièce de l’album, par exemple.
Julia With Blue Jeans On est un album de confessions, de regrets puis de solitude, exprimés par des paroles crues dans la fluidité d’un son d’une beauté inexprimable.
-EL
#5 Dream River – Bill Callahan [Drag City]
Dream River de Bill Callahan est une œuvre magistrale de rock intimiste et organique. Faisant un pied de nez au son synthétique qui domine la musique populaire depuis quelques années, Callahan et ses musiciens optent pour la chaleur et la profondeur d’instruments tels que la guitare acoustique et électrique, la basse, le violon, la batterie et la flûte. De plus, ne serait-ce que pour la voix grave et chaleureuse du musicien et sa plume bien affûtée, Dream River vaut certainement le coup.
Enfin, la question n’est plus de savoir si Callahan est l’un des plus importants auteurs-compositeurs-interprètes de son époque, mais bien de savoir quelle place se taillera-t-il dans l’histoire du genre.
–AGB
#4 Field of Reeds – These New Puritans [Infectious Music]
These New Puritans n’a jamais été un groupe qui respectait les conventions musicales. Ils ont toujours créé des albums étranges, très hors du commun. Fields of Reeds ne fait pas exception à cette règle. On dirait une sorte de laboratoire sonore qui expérimente avec les meilleurs moments de David Bowie, Brian Eno ou Radiohead. C’est une sorte d’émule de Kid A, qui mélange l’électronica, le krautrock, le new age, l’IDM, l’art rock et je ne sais trop quoi.
Ce n’est évidemment pas facile d’accès, donc n’offrez Field of Reeds en cadeau qu’à des passionnés de musique. Mais tous ceux qui pénétreront dans l’univers de These New Puritans y resteront. À jamais.
-OM
#3 Psychic – Darkside [Other People/Matador]
Édifié autour de la rencontre fortuite de deux plasticiens de formation, Darkside se veut un laboratoire ingénieux soustrait aux lois de la pesanteur et de la perspective. Vaste composition auditive aux assemblages intentionnellement cadencés, Psychic vient confirmer ce que plusieurs avaient évoqué à la suite de la parution du premier effort de Nicolas Jaar. Le jeune homme possède un imaginaire qu’il serait impossible de réduire au silence.
Appuyé par le multi-instrumentiste Dave Harrington (qui, par moment, se donne des allures de David Gilmour), Jaar confère des couleurs progressives et krautrock à ses structures qui font tout à l’exception de se réclamer du passé. Des 45 minutes qui composent ce premier enregistrement complet se dégagent un désir frappant de textures et un minutieux travail de mixage latent.
Devant une telle réalisation, il aurait été regrettable que l’aventure ne se limite qu’à une seule tentative de trois titres. Avec Psychic, le tandem Jaar–Harrington signe une des constitutions audio les plus profondes et déstabilisante des derniers mois. Aussi à explorer, leur relecture bien personnelle de Random Access Memories de Daft Punk.
Et pour ceux qui souhaiteraient vivre les nouvelles perspectives avancées par le duo, ils doivent se produire au Théâtre Corona le 14 janvier.
-MSJ
#2 Overgrown – James Blake [Polydor]
James Blake nous prouve cette fois sa force musicale et toute sa maturité artistique avec Overgrown. Un album extrêmement complexe, où les voix, les synthétiseurs et les claviers forment une symbiose parfaite pour donner un son plein qui nous envahit l’esprit. Des rythmes progressifs de I Am Sold et du beat de Digital Lion, à l’électro de Voyeur et au lyrisme de Our Love Comes Back, pas besoin de vous expliquer plus longuement pourquoi Overgrown est en deuxième position.
Sensibilité qui transperce la voix, harmonies fusionnelles, une touche de soul, une touche de dub, nous sommes dans un univers distinct et unique, propulsés dans le monde d’un musicien qui a trouvé son style et sa signature. Contrairement à son album homonyme sorti en 2012 où les rythmes étaient parfois cassés et défaillants, on entend dans Overgrown une fluidité grandiose.
La preuve de toute la polyvalence de ce jeune auteur-compositeur britannique se trouve dans Life Round Here, To the Last, Retrograde et Dim. Du gospel, du RnB et même un peu de folk ne font que confirmer la délicatesse d’un assemblage compliqué et la finesse de l’exécution vocale sur Overgrown.
-EL
#1 Random Access Memories – Daft Punk [Columbia]
« Y a-t-il encore un humain dans cette salle? » C’est une question que nous aurions pu nous poser l’an dernier à la même date lors de la conception de notre palmarès. Avec le retour en force des synthétiseurs depuis le début des années 2000, on ne retrouve plus beaucoup d’humanité dans la musique de nos jours. Même du côté de Kanye West qui se veut – enfin, lui le croit – l’artiste d’une génération, l’usage d’un instrument est une méthode de composition désuète. L’heure est au sampling, au « 808 » et à tout ce qu’un ordinateur peut nous amener de nouveau. Alors, comment nous retrouver dans tout ce brouhaha électronique où le robot est roi? Et bien 2013 nous a répondu avec l’album avec la touche la plus humaine depuis des lustres. L’ironie? Elle est composée par un duo de Français qui s’est fait connaître en se déguisant en robots.
Les Daft Punk ont revêtu leurs costumes pour nous offrir leur premier album en huit longues années. Et quel disque ce fut! Random Access Memories est un hommage à la musique et au temps. Non seulement on retrouve des clins d’œil à toutes les décennies musicales, mais aussi des compositions tournées vers le futur. Giorgio by Moroder est un exemple parfait de ce à quoi aspirait le duo avec son nouvel opus. Construite sur une entrevue avec Giorgio Moroder, cette pièce explore l’évolution de la musique des années 70 jusqu’à aujourd’hui.
Random Access Memories est un album qui revient aux sources et qui permet de nous questionner sur ce qu’est la musique d’aujourd’hui. Comme critique et comme adepte de musique, je n’écoute pas ce disque pour son message, mais comme moyen de transport. Que cela soit pour marcher jusqu’au travail, pour passer la nuit dans un club ou encore pour traverser mon année 2013, la musique me permet de voyager tout en hochant de la tête. Il y a quelque chose d’humain dans la musique après tout.
-WFB