Malgré ses 6 pieds 5, le fondateur de Sonic Youth n’a probablement jamais voulu grandir.
C’est devant une foule plutôt hétéroclite, lundi soir dernier, que le groupe Chelsea Light Moving est monté sur la scène de la Sala Rossa. Réchauffé par l’excellente formation américaine Speedy Ortiz, le public était autant composé de têtes blanches, de hipsters que de couples tranquillement assis à siroter leurs bières. C’est peut-être parce que c’était un lundi soir ou parce que Thurston Moore est passé environ cinq fois dans la foule pour aller aux toilettes avant le concert, mais une atmosphère étrange régnait dans la salle. On pouvait voir des cheveux blancs headbanger, ainsi que des jeunes filles passer l’entièreté du concert à prendre des clichés du visage d’adolescent, pourtant âgé de 55 ans, du leader.
Le quatuor, composé de Moore et de musiciens engagés lors de ses tournées solo, semblait aussi avoir cette impression. Mis à part Moore, ses acolytes paraissaient un peu mous. Il était toutefois beau de voir le grand Moore vêtu de sa chemise carreautée brune tenir le gouvernail de son navire traversant littéralement une tempête suçant l’énergie parfois dure à maintenir lors de longues tournées. Ce dernier crachait sur scène et s’époumonait, notamment sur Lip. Bref, il avait visiblement beaucoup de plaisir à jouer ses compositions.
Rappelant évidemment Sonic Youth par moment, le son était bien plus brut, expéditif, voire trash, qu’en compagnie de Lee Ranaldo et de Kim Gordon. Faisant place à un violon à un moment ainsi qu’à un vieux poème anglais lu sur un lutrin à un autre, le protest punk littéraire de Moore était vraiment sans concession lors du concert.
– La dame d’une quarantaine d’années à côté de moi qui a headbangé pendant au moins trois chansons.
– Thurston Moore qui arrête de jouer une chanson pour se pencher et installer lui-même le micro sur l’ampli de sa bassiste.
– Aux T-shirts de Chelsea Light Moving qui sont seulement à dix dollars!