Vampire Weekend
Modern vampires of the city
XL recordings
États-Unis
Note: 8,5/10
Peut-on résister à Vampire Weekend? Le petit groupe de Brooklyn, qui s’est fait connaître pour sa pop indie et ses rythmes de batterie africains il y a cinq ans, est ce genre de groupe qui fait plus sourire que réfléchir. Avec des paroles inoffensives et des chansons colorées, les vampires du samedi sont incapables de nous faire voir du noir et c’est tant mieux. De plus, après trois albums, le sourire naïf et contagieux est encore tout aussi puissant. La recette du groupe est la même sur Modern Vampires of the City, mais un tantinet plus complexe. Il n’y a plus la frénésie africaine qui habitait le groupe dans les albums précédents. Le groupe se concentre maintenant sur la structure de ses chansons pour en faire des morceaux « geekement » parfaits. Aussi ce dernier chapitre vient compléter le plus grand fantasme qu’un geek peut avoir ; créer une trilogie musicale.
Il y a quelque chose de très nerd qui vient avec cette idée de concevoir une trilogie. Tout d’abord, le sens épique qui vient avec le terme. Lorsqu’on embarque dans une trilogie, qu’elle soit littéraire ou cinématographique, c’est dans le but d’embarquer dans une épopée. Pour Vampire Weekend, cette épopée musicale n’a rien de très spectaculaire ou épique. Elle en est même quasi banale. Et c’est justement ce qui fait le charme des trois disques du groupe. Vampire Weekend, Contra et Modern Vampires of the City peuvent autant raconter vos trois journées de vacances à New York que les trois années que vous avez passées à l’université. Il est donc très facile de s’y attacher. Pourtant, aujourd’hui, ce qui nous intéresse, ce n’est pas la discographie de la troupe de Brooklyn, mais plutôt ce dernier opus.
Modern Vampires commence là où n’importe quel autre album aurait fini. Il explore ce moment dans un voyage où on remballe nos bagages au lendemain d’une fête qui aurait perduré jusqu’à l’aurore. D’ailleurs si nous devions décrire le vampire moderne à l’image de ce disque, nous pourrions le voir ainsi ; une créature qui voue une profonde importance à la culture du passé, mais qui, prisonnier de son époque, doit s’abreuver du sang de jeunes hipsters pour survivre… un disque pathétiquement romantique, non?
Cette nostalgie du passé se reflète dans les inspirations musicales de chacune des chansons de ce disque. La pièce Diane Young, façon posée de dire « dying young », se veut une reprise millénaire du be-bop des années 50. De son côté, Unbelievers sonne comme une chanson que le groupe Fall Out Boy aurait faite avec moindrement de talent. Tandis que Hannah Hunt rappelle étrangement l’exceptionnel It’s All Over Now Baby Blue de Bob Dylan. Et ce n’est pas sans compter les innombrables références dont font mention les paroles des chansons de ce disque.
Un autre fait demeure. Après les refrains frénétiques auxquels nous avait habitués le groupe Vampire Weekend nous revient avec un disque plus équilibré au niveau de ses silences. On sent la troupe se poser entre différents enchaînements pour mieux exploiter ses envols instrumentaux. Hannah Hunt et Ya Hey en sont de bons exemples.
Bien que très bon, on ne se souviendra pas de ce disque comme d’un classique, mais plutôt d’un petit plaisir de vacances. On peut dire avec certitude que Vampire Weekend ne composera sûrement jamais un album qui transcendera les générations à venir. Pourtant, on peut définir n’importe quel disque de cette trilogie vampirique comme un porte-étendard de la contre-culture geek et hipster de notre génération.