À l’image des moments les plus inspirés de la longue carrière de Primal Scream, More Light est un album exigeant, mais qui est surtout appelé à traverser les années sans prendre trop de rides.
Frais d’un ressourcement de quelques mois sur la route à revisiter Screamadelica (l’un des piliers du mouvement acid house), Bobby Gillespie et le guitariste Andrew Innes ont décidé d’envahir le studio de David Holmes afin de concevoir leur album le plus marquant depuis le grandiose XTRMNTR (Creation, 2000). Développé sur une période de plus de trois ans, More Light voit le groupe se détacher des structures formalistes qui avaient jalonné ses deux parutions précédentes.
S’ouvrant sur une extrapolation musicale de neuf minutes, où tourbillonne entre autres la guitare de Kevin Shields, ce dixième essai laisse rapidement entrevoir une ouverture vers les titres qui leur avait permis de mettre la main sur le tout premier Mercury Prize en 1992. Tel un énorme mantra, les treize morceaux qui composent More Light absorbent l’attention de son auditeur sur une période de près de 70 minutes. Acid house, dub, industriel, rock psychédélique, tous les genres de prédilections de Primal Scream y sont déployés.
Une première depuis 1996, on y dénote l’absence du bassiste Mani. Ce dernier ayant décidé de rejoindre ses anciens comparses des Stone Roses pour leur tournée réunion. Pour pallier à cette désertion, Gillespie et Innes ont fait de la place en studio afin d’accueillir quelques noms notables. Outre Kevin Shields (My Bloody Valentine), Mark Stewart (The Pop Group) vient appuyer Gillespie vocalement sur Culturecide. L’expérience est répétée par Robert Plant et sa compagne sur Elimination Blues (il faut dire que le célèbre chanteur s’était emballé à l’harmonica sur un morceau du sous-estimé Evil Heat). Le groupe peut aussi compter sur la contribution du légendaire Sun Ra Arkestra pour River of Pain.
De tous les titres qui se retrouvent sur More Light, Hit Void est possiblement celui qui gagnerait le plus à être consommé d’entrée de jeu par ceux qui seraient moins familiers avec l’œuvre de Primal Scream. On profite aussi d’It’s Alright, It’s Ok, un morceau qui évoque autant les Stones (source d’inspiration inépuisable du groupe) que les Jesus & Mary Chain (époque Stoned & Dethroned).
Les drogues ont peut-être quitté définitivement le système de Gillepsie (exit le Working Class Hero sur l’acide), reste que le charismatique chanteur persiste et signe encore.