Bring Me the Horizon
Sempiternal
RCA
Royaume-Uni
Note: 5,5/10
Bring Me the Horizon. Dans la communauté métal, c’est un nom qui ne laisse pas grand monde indifférent. Depuis Count Your Blessings (2006), le premier album des Britanniques, beaucoup se sont rangés dans le camp des partisans invétérés de la formation. Encore plus d’amateurs de musique heavy semblent toutefois avoir développé un dédain pour ce groupe. Avec la promesse d’intégrer plusieurs nouveaux styles à leur deathcore établi, BMTH était assuré de continuer à polariser le débat avec son nouvel album Sempiternal.
Les premières notes de Can You Feel My Heart représentent bien l’impulsion donnée par l’arrivée du claviériste et programmeur Jordan Fish sur Sempiternal. La batterie modifiée et le clavier sont présents tout au long du morceau d’ouverture, donnant le ton à cette galette qui intègre beaucoup d’electronica et de refrains chantés à la limite de la pop et du métal. Un morceau intéressant, mais qui laisse l’auditeur un peu sur sa faim.
La deuxième chanson, The House of Wolves, jure avec la première : un riff de guitare rappelant les premiers élans du groupe, une agressivité ressentie et les talents vocaux de Oliver Sykes démontrés avec plus de brio que jamais. Et pourtant, on reste encore un peu déçu du manque d’exploration dans le style fait par les gars de Sheffield.
C’est ce qu’on retiendra de tout cet album. On dirait que Bring Me the Horizon s’est perdu en voulant trop en faire. L’effort est louable et on doit apprécier la tentative de se différencier d’un style, le deathcore, qui devient de plus en unidirectionnel et peu original comme en témoigne le succès de groupes comme Emmure ou Asking Alexandria. La chanson qui a été présentée comme premier single de Sempiternal, Shadow Moses, résume bien les problèmes de l’album : l’ambiguïté entre brutalité et douceur, entre métal et électronique, l’absence de breakdown mémorable…
C’est cette cohésion inexistante qui fait le plus mal à Sempiternal. Peu importe l’opinion qu’on se fait du groupe ou du genre musical, on doit reconnaître la singularité de Bring Me the Horizon et leur lever notre chapeau pour leur exploit d’être ce qu’ils veulent être. Alors que leur nouveau label, RCA, leur proposait d’y aller de leur album le plus brutal à vie, Sykes et compagnie a décidé de poursuivre leur objectif d’intégrer à leur musique tout ce qu’ils écoutent et apprécient et pas seulement ce qui est « socialement accepté » dans le genre pour lequel ils sont reconnus. On dirait simplement qu’ils ont vu trop grand et ont trop profité des possibilités offertes par RCA, le premier label majeur à leur faire confiance.
Le résultat est ainsi mi-figue mi-raisin. On remarquera quand même quelques bons morceaux, comme Antivist, qui, malgré des paroles plutôt faibles (« middle fingers up if you don’t give a fuck »… meh), pousse vers le hardcore de façon intéressante. Si vous êtes plutôt intéressé par l’électronique, écoutez Sleepwalking (surtout vers la fin).
Pour un satisfait, BMTH fera probablement dix déçus avec Sempiternal. Le passé nous a démontré que ça ne dérange pas beaucoup ce groupe. « Parlez-en en bien, parlez-en en mal, l’important c’est que tout le monde en parle. »