Liars
Sisterworld

Mute
États-Unis
Note : 8/10

Le spectre de l’indie rock représente un large horizon de genres. Si, d’un côté, on peut avoir les mélodies réconfortantes d’un Yo La Tengo, à l’opposé se cache The XX ou Interpol, prêts à pourfendre le moral d’un auditeur mal préparé. Dans un détour sombre et caché, Sisterworld se prépare pour l’embuscade, prêt à sauter au moment venu pour troubler quiconque passera sur le chemin. Chaotique, énervant et à la limite violent, le dernier bébé de Liars s’écoute comme une épave hantée au bord d’un océan brumeux et inquiétant, oscillant entre des dérives post-punk, du rock agressif et des étendues de post-rock cassantes.

On y pénètre avec Scissor et la voix dérangée et grave d’Angus Andrew sur fond de chorales post-mortem et de cordes qui engouffrent l’attention. Et puis boom, la schizophrénie explose en dérapage où la batterie frappe tout le monde et la guitare impose son rythme en tonalités mineures. Plus loin, mêmes variations surprenantes et habilement construites pour faire monter la tension. Les pièces suivantes, No Barrier Fun, Here Comes all the People et Drip sont construites de la même façon, avec des arrangements et des mélodies tout droit sorties d’un cauchemar mal rêvé.

Scarecrows on a Killer Slant s’inscrit dans un registre purement post-punk, avec un refrain rythmé par une guitare variant sur 3 accords subséquents, des voix criées, voire beuglées et une batterie travaillant fortement sur les cymbales. La même chose revient sur la deuxième moitié d’I Still Can See an Outside World et The Overachievers. Post-punk agressif dirigé par des musiciens d’expérience capables de manier différents matériaux de construction pour développer une musique.

Surprise sur Proud Evolution, où l’on peut entendre des influences de krautrock proche de la pièce Atrocity Exhibition de Joy Division : tambours omniprésents, mélodie haute, presque atmosphérique, derrière le mix, voix qui s’entremêlent bref, changement de ton après autant de décharges effrayantes. Un peu comme Proud Evolution, Too Much, Too Much, élaborée à partir d’un synthétiseur glacial et répétitif et d’une basse accrocheuse mais sombre, fait varier les visages de l’album. Andrew scande « I am dead/I am dead » tout doucement, alors que le processus musical se déroule derrière sa voix, le tout dignement hérité des meilleurs moments du cold-wave. Album très inquiétant et marquant, Sisterworld ne vole pas sa position parmi les bons albums de ce premier tiers de l’année 2010.

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