pierre.lapointe.punktPierre Lapointe
Punkt

Audiogram
Québec, Canada
Note : 9/10

 

Pierre Lapointe cherche à créer un pont entre les créneaux populaires et une recherche musicale plus poussée. C’est l’objectif depuis le moment zéro, depuis la sortie de son album homonyme en 2004. À ce moment, la cible avait été atteinte et le style avait culminé en 2006 avec La forêt des mal-aimés.

Après le tourment des Sentiments Humains en 2009 et la confortable reprise des succès précédents sur Seul au piano (2011), nos oreilles abandonnées attendaient vainement un morceau aussi enlevant que Deux par deux rassemblés, Le colombarium ou Qu’en est-il de la chance?. Notre quête de pop différente d’ici était en mal. Plusieurs d’entre nous ont appelé le médecin pour mieux gérer notre carence, mais sans succès. Il fallait faire revenir Pierre Lapointe avec l’impact d’avant: des poésies crues sur des efforts harmoniques précis et léchés. Nous voilà enfin guéris avec Punkt qui met des mots interprétables et vifs sur les concepts de la vie et de l’amour qui nous préoccupent, tout en jonglant avec nos mœurs et en tirant sur toutes les cordes sensibles.

La musique que l’on entend sur les mots qui nous traversent et nous transportent, ce sont des mélodies douces et enlevantes (Monsieur, Nos joies répétitives), des sons discrets ou angéliques qui cèdent toute l’importance à ce qui est dit en servant au mieux le texte (Les enfants du diable, Barbara, La date, l’heure, le moment), des arrangements festifs et passionnés (L’étrange route des amoureux, La sexualité) et des airs épurés et rythmés qui encadrent les textes tel un véhicule conçu spécialement pour eux (Tu es seul et tu resteras seul). Ceci est soutenu par des fanfares modernes et par… la chanson thème de Sesame Street.

Cette présence éclectique est un véritable bonbon pour l’oreille malade qui peut enfin renouer avec des métaphores romantiques et sexuelles, des poésies rappelant l’art véritable de mettre des mots sur les concepts les plus tordus et les plus véritables à la fois. On entre dans l’intimité profonde de l’humain, exactement là où il est inconfortable, et à cet endroit précis Pierre Lapointe place les mots justes, il dessine un poème. Si la musique ne sert pas à ça, je ne sais pas à quoi elle sert.

Mélancolique et fou d’amour (On pense à cette fois parfaite où on a tout gâché/en laissant s’échapper un je t’aime mal placé), un peu trop vrai (Ils chantent leurs années folles sur des airs d’autres temps/avec des voix d’enfants/pour effrayer leurs trente ans), pop bonbon, coloré et kitsch, Punkt remet de la lumière dans le paysage, au moment même où nous commencions à chercher la lumière du printemps.

Pierre Lapointe a été soutenu dans les arrangements et la réalisation par Guido Del Fabbro, Philippe Brault et Josianne Hébert. Frannie Holder et Fabrizia de Fruschia de Random Recipe ont participé à l’écriture de La sexualité en plus d’y prêter leur voix. Agrémenté des compositions d’Albin de la Simone, Gérald Curdian, Philippe Brault, Michel Robidoux, Guido Del Fabbro, Vincent Legault (Random Recipe) et Lui-Kong Ha (Random Recipe), Punkt est un travail d’équipe extrêmement riche.

L’éclat sublime de ce nouvel album se déploie sur scène ce soir (26 février 2013) au Théâtre Maisonneuve avec 30 musiciens et des invités spéciaux. Gloire à vous si vous possédez des billets. C’est un spectacle à guichets fermés.

Sinon… l’album est disponible maintenant.

À écouter : Des mots sur tout pour danser tout seul dans ton salon, Nos joies répétitives pour vivre tes mélancolies, L’étrange route des amoureux pour te remettre de tes émotions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *