Foals
Holy Fire

Transgressive Records
Angleterre
Note : 7,5/10

Des nouvelles de nos trublions anglais de Foals – qui signifie poulains et s’impose comme un jeu de mots partant du nom du chanteur Yannis Philippakis «amoureux des chevaux», oui c’est juste pour toi lecteur fan de linguistique que tu es – qui nous avait laissés en 2010 sur un deuxième opus Total Live Forever beaucoup plus contemplatif (nostalgie du titre ascensionnel Spanish Sahara) que le coup de maître de 2008 Antidotes, machine à tubes d’inspiration math-rock. Pour ce troisième album Holy Fire à la pochette qui m’évoque les Dothrakis de Game of Thrones, Foals s’est entouré des producteurs Alan Moulder et Flood responsables entre autres du cultissime Mellon Collie And The Infinite Sadness des Smashing Pupmkins.

Il m’aura fallu de nombreuses écoutes pour appréhender cet opus, tant les Anglais aiment surprendre et déjouer les attentes. Allaient-ils revenir à un math-rock aussi percutant qu’alambiqué ou au contraire développer les atmosphères plus sombres et aériennes de Total Life Forever? Allaient-ils vendre leur âme au diable et viser des titres plus accessibles flirtant avec la tentation pop? Holy Fire regroupe finalement ces trois possibilités, ce qui a pour conséquence d’offrir un album certes très diversifié, mais qui malheureusement souffre d’une absence de ligne directrice évidente pénalisant l’ensemble. Foals sauve cependant facilement les meubles, car le caractère contestable des choix musicaux est vite annihilé par le talent qui transpire à travers tous les morceaux.

L’aspect hétérogène apparaît dès l’excellent tryptique d’ouverture.  Prelude, morceau quasiment instrumental porté par quelques hurlements, joue la carte du deuxième opus en proposant un univers particulièrement anxiogène où la violence semble difficilement contenue sur la fin. Cette violence explosera dans le surprenant Inhaler, version édulcorée de Rage Against The Machine qui séduit par ses refrains addictifs dignes de la BO de Matrix. Ce titre résume mes sentiments vis-à-vis de l’album, ça ne sonne pas comme du Foals et c’est un brin facile et putassier, mais c’est percutant et convaincant. My Number nous projette immédiatement dans un univers totalement différent, des sonorités pop et funk et des chœurs frais pour un très bel hymne pop détonant. Ce tryptique résume l’album dans sa capacité à nous faire voyager dans des univers très divers.

Voyageons vite et bien, accrochez-vous…  Un subtil mélange entre pop éthérée et rock digne de Bloc Party avec Bad Habit, un Everytime gonflé aux hormones  pop made-in The Shoes, un Late Night sublime de douceur avec une montée en puissance groovy parfaitement contrôlée. À peine le temps de respirer et de redescendre qu’Out Of Woods nous injecte une nouvelle puissante dose pop où Philippakis se prend pour Matt Berninger. Titre vite oublié face au chef d’œuvre suivant Milk & Black Spiders, brillant par ses sonorités aquatiques dignes du math-rock de Battles et sa montée finale imparable. Un vrai petit frère illégitime de Spanish Sahara. Et là, nouveau changement total de dimension avec Providence et son univers folk tout en reverb, univers illusoire qui explosera vite dans une fin plus brutale. Particulièrement convaincant face aux deux derniers titres de l’album, Stepson et Moon, qui ajoutent une touche de mélancolie contemplative peut-être plus dispensable, même si au fil des écoutes je me laisse aussi peu à peu prendre par leur univers…

Bilan donc à ce jour mitigé, car l’album semble se noyer dans ses trop nombreuses inspirations, cependant je l’apprécie de plus en plus au fil des écoutes, ce qui paraît un gage de qualité évident.

Morceaux préférés: Inhaler – Milk & Black Spiders – Providence – My Number – Late Night

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