jake-buggJake Bugg
Jake Bugg

Mercury Records
Angleterre
Note : 7.5/10

 

À 14 ans, Jake Bugg (Jacob Edwin Kennedy) compose sa première chanson. À 17 ans, il est signé par Mercury Records. Un an plus tard, à la sortie de son premier album éponyme, il remporte un succès unanime en Angleterre: 35 000 exemplaires vendus en une semaine. Le jeune originaire de Nottingham n’est pourtant pas un des membres de One Direction. Au contraire, il fait dans le country/folk inspiré par Donovan, The Beatles, Jimi Hendrix et Don Mclean. Sa musique dégage une maturité désarmante, même si sa voix au timbre semblable à Bob Dylan trahit parfois son âge. Hors de tout doute, Jake Bugg est vivement prometteur.

À travers ses paroles, on sent un désir et un talent inné à transmettre une sensibilité à la foi naïve et universelle. Il revisite un folk aux accents vintage avec simplicité et vérité, en lui donnant un goût frais. L’influence d’Alex Turner se fait sinon sentir dans les thèmes qu’il aborde. Lui aussi issu d’une ex-grande ville industrielle, il décrit le même quotidien parfois fade et gris vécu par les adolescents qui y vivent. Cependant, ses textes sont moins incisifs, il fait preuve d’un romantisme plus léger.

L’album éponyme commence en force. Le simple Lithning Bold, à la guitare rythmée teintée d’harmonica, charme dès la première écoute. On se sent automatiquement revenir des années en arrière. Sur Two Fingers, l’adolescent parle des difficultés de vieillir à travers un refrain folk/rock accrocheur. Simple as This et Country Song rappellent le finger picking et la sensibilité de Simon and Garfunkel, alors que Fire dégage l’aisance de Johnny Cash.

La deuxième moitié de l’album se compose surtout de ballades, touchantes, comme Broken, Someone Told me et Note to Yourself, sur laquelle l’adolescent se montre rassurant. Ces mélodies épurées, bonifiées de la voix vaporeuse de Jake Bugg, font preuve d’une rare maturité. Rassemblées ainsi en fin de disque, elles révèlent cependant un déséquilibre dans la répartition des morceaux. On se perd malheureusement dans cette mélancolie étendue. Sur les huit dernières chansons, Trouble Town est la seule vraiment entraînante.

L’ensemble de l’œuvre peut aussi sembler aux limites du commercial en raison de la finition un peu convenue de certaines des chansons. Jake Bugg a collaboré avec des professionnels de l’industrie comme l’ancien membre de Snow Patrol, Iain Archer. Sans discréditer son talent, cette intervention explique sans aucun doute l’aspect léché de la réalisation et par le fait même son succès presque instantané.

Être signé à 18 ans n’est pas une mince affaire, écrire un album d’une telle maturité non plus. Le coup de main de professionnels est sûrement justifié. Malgré tout, j’attends avec impatience le prochain opus, en espérant que ce sera celui d’un jeune adulte à qui on aura laissé carte blanche ; celui d’un musicien qui aura dépassé l’image de la simple copie de Bob Dylan pour devenir Jake Bugg.

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