C’est à deux mètres d’Antoine Corriveau, dans son studio, que je le rencontre pour parler de son char. On parle aussi de la pandémie. C’est assez étrange d’arriver là complètement essoufflée par un masque épais qui me sépare de la zone rouge-danger. «Je pense qu’on vit on petit peu dans Blade Runner. J’ai pas l’impression que c’est temporaire. Si c’est pas le coronavirus, ça va devenir autre chose, mais la situation va demeurer», lance Antoine, pessimiste, amusé, résilient, mais avec un soupçon de peur de la fin du monde dans le ton. Il est mi-figue, mi-raisin, mi-pissenlit, mi-pollen, si on veut rester près du titre de son nouvel album et véhicule hybride, si on veut embrasser la thématique principale du disque: son char.

Antoine Corriveau/Photo: Élise Jetté

Élise: Donne-moi la description complète de ton véhicule.

Toyota Corolla modèle LE automatique.

Elle vient de la Californie, elle avait 106 007 miles au compteur en août. J’approche du 109 000.

4 portières, climatisation.

4 fenêtres électriques.

4 porte-gobelets.

Lecteur cassette, AM FM. Bluetooth possible.

Couleur sable écume métallisée.

Intérieur gris.

Ceintures régulières, mais ardue côté conducteur.

Le check engine allume.

Huile régulière tous les 5000 km.

Distinction: Poignée manquante côté conducteur. Il faut ouvrir la fenêtre pour entrer.

J’ai acheté un nouveau bouchon d’essence que j’avais perdu.

La suspension et les freins avant ont été refaits en 2020

– Document officiel du véhicule

Élise: C’est quoi le meilleur feature sur ton auto?

Antoine: Les fenêtres électriques. J’adore ça, mais en plus ma fenêtre, je donne un seul petit coup sec au bouton et elle descend au complet. C’est plus sécuritaire.

Élise: La meilleure chose qui t’est arrivée dans ce char-là?

Antoine: Je ne pense pas que ça se dit, Élise.

Élise: La deuxième meilleure d’abord?

Antoine: (RIRE) J’adore que ce soit la deuxième. Probablement le shooting de la pochette. Juste avant la COVID. On était 5 dans le même char, sans masque. On a fait les photos de presse dans le bas du fleuve. Sur la route du retour, Marc-Etienne nous a pris en photo pour le fun dans l’auto. On a essayé une version avec moi tout seul dans l’auto. Finalement on a fini dans un parking de centre d’achat dans Saint-Léonard avec tout le monde. J’aimais que ce ne soit pas clair qui sont ces gens. C’est pas le band.

pochette/leptitrusse

Élise: La plus haute vitesse atteinte en appuyant sur le champignon?

Antoine: J’ai dépassé 130 km/h aux États-Unis, je venais d’avoir mon permis. J’ai pogné un ticket. J’ai dépassé un truck, je partais en vacances. Je ne connaissais pas trop mes droits. Je pensais que j’allais perdre mon permis sur-le-champ… en anglais. 

Élise: Laquelle de tes tounes s’écoute le mieux dans ton char?

Antoine: En Corolla au Canada.

Élise: Tu parles de Kenny U-Pull dans une chanson. Je suis une grande fan. J’ai plusieurs bouts de mon char qui viennent de là.

Antoine: J’ai eu un petit accident, mon capot était fini. Ça a coûté 75 $ au lieu de 800 $.

Élise: Dans ta toune, tu dis que ça prend juste un gars que tu trustes avec des outils. Pour toi, c’est qui?

Antoine: Nicolas Grou. Il a réalisé tous mes disques sauf Pissenlit, mais cette fois-ci, il a réparé mon char.

Élise: Le mot de char le plus compliqué que tu connais?

Antoine: Je sais pas, mais je suis en amour avec mon garagiste. C’est le centre d’auto Crémazie. Le gars… il fait des heures! J’ai oublié mon char, l’autre fois, je passe à 20h, il est encore là. Sa blonde travaille avec lui, elle me raconte leurs vacances en Gaspésie il y a 15 ans. On est en train de créer un lien. Vendredi j’avais un pneu quasiment à terre. Il m’a expliqué qu’il fait moins chaud, donc mes pneus le ressentent. Il sent que je suis intéressé. Je sens qu’il va m’en apprendre, des mots, mais pas tout de suite.

Élise: Est-ce que ça se sort bien d’un banc de neige, une Corolla?

Antoine: Pas le char autant que la personne qui le conduit. Faut pas que ça te dérange que ça sente un peu le brûlé. Faut aussi que t’acceptes qu’aujourd’hui, tu vas avoir un 45 minutes de sport à faire. Tu prends l’air. Dans une année, ça arrive deux-trois fois. Ce qui est vraiment criss, c’est quand tu en enlèves une couche la veille et que la déneigeuse passe durant la nuit. Ça fait partie de la game.

Élise: Dans quel genre de char on écoute ton disque?

Amtoine: Un char cheap. J’haïs les chars qui sentent le char neuf. Ça me donne mal au cœur. J’aime pas les autos avec des trop bons systèmes de son, mais ça prend du volume. Tu ne mets pas ton volume au max sur ton téléphone, mais tu le crinques dans l’auto. La musique dans l’auto, c’est fait pour être fort. Tu la mets pas mal au maximum. Sur l’autoroute, t’as les fenêtres ouvertes et tu l’entends très bien. Quand ton char a des petits problèmes, tu ne les entends pas. C’est ma technique.

Élise: Ça fait sept ans que j’ai un char, ça fait sept ans que je pratique ce truc fort utile.

Élise: T’as l’air de quoi quand tu conduis?

Antoine Corriveau lorsqu’il conduit/Photo: Élise Jetté

LISEZ NOTRE RETOUR SUR SON SPECTACLE DE RUELLE À POP MONTRÉAL.

Le fameux char/Photo: Élise Jetté
Antoine Corriveau lance son album de façon virtuelle, ce soir, 13 octobre 2020 LIVE FROM LE MINISTÈRE. Les billets sont ici.

Son album Pissenlit est disponible partout.

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