Pour finalement arriver au balcon de Thierry Larose, il faut d’abord faire la preuve d’une détermination sans bornes: franchir une ruelle et deux escaliers colimaçons non agencés, puis enjamber les plantes d’un voisin sur sa propre terrasse. C’est pas la visite de balcon la moins sportive qui eut lieu depuis le début de cette série. Au sommet, nous attendait néanmoins le valeureux historien spécialiste de Pompéi, Thierry Larose.

On lui a demandé de nous parler de sa joie.

Thierry Larose/Photo: Élise Jetté

Et on lui a demandé de nous parler de son absence de joie.

Thierry Larose/Photo: Élise Jetté

On commence à parler de COVID et il me questionne: «On dit le ou la COVID, Élise, je suis bien mélangé?» «On dit “la”, mais comme toutes les règles, celle-là aussi est enfreinte souvent, Thierry. On n’y peut rien.»

Élise: C’est quoi ton état d’esprit en ce moment?

Thierry: Je suis tout le temps stressé. Je suis vraiment moins créatif parce que moi, j’écris quand je me sens bien. Je suis toujours fébrile, aussi, on dirait. Mon mode de vie s’est inversé. Je suis debout jusqu’à 5h du matin et je dors le jour, mais mon moment d’éveil change d’une heure chaque jour. Peut-être qu’un jour j’aurai fait le tour de l’horloge et je reviendrai à la normale.

É: Est-ce que ce qu’on vit en ce moment a compromis certaines de tes activités professionnelles?

T: On travaille sur le artwork de l’album à distance, ce qui n’est pas idéal. J’avais des premières parties prévues, mais pas de gros spectacle. L’album est prévu pour l’automne jusqu’à preuve du contraire.

É: Que manges-tu en confinement?

T: Aucun vrai repas, je grignote. Des algues rôties surtout.

É: Pas très nourrissant!

T: Pis du kéfir, c’est comme un gros YOP.

É: Fais-toi un repas complet, ce soir, je suis inquiète.

T: Hier, j’ai fait une omelette aux épinards.

É: Ok. C’est bon. Si tu pouvais faire un show n’importe où en ce moment, ce serait où?

T: J’ai pas la tête à faire des shows. J’irais en studio pour enregistrer. L’album que je vais sortir, ce sont des tounes que je traîne depuis longtemps, à part quelques unes plus récentes. J’ai continué cette vague après que l’album ait été fini. Ce matériel est plus en lien avec ma vie du moment. L’album 2 est prêt dans le fond. Et le premier n’est pas sorti.

É: C’est quoi le dernier show que tu as vu avant de ne plus pouvoir en voir?

T: J’ai fait mon premier voyage payé avec mon argent de musique. Je suis allé à Portland avec ma blonde. On est allés voir Best Coast, le band de Bethany Cosentino. C’est un surf music nostalgique pour moi parce que c’est un classique de mon secondaire. C’était all ages, ils avaient séparé la salle en deux: d’un bord les gens qui buvaient et l’autre côté les jeunes. On était avec les jeunes.

É: C’était comme une vision du futur, qu’on serait tous séparés les uns des autres…

T: Oui, tellement triste.

É: Ça valait la peine que ce soit le dernier?

T: Oui. Vraiment. C’était un gros show, mais par la suite j’ai aussi vu le show dont je faisais partie au Phoque Off avec Julien Déry et Mort Rose.

É: Qui est la personne que tu as le plus hâte de serrer dans tes bras quand le confinement va être levé?

T: Ma blonde Marianne, c’est sûr. Elle a son appartement avec ses colocs de son côté.

É: La première chose que tu vas faire quand tu vas pouvoir aller en public?

T: Je vais probablement être comme Tom Hanks dans Cast Away, je ne saurai pas quoi faire.

É: Es-tu pour ou contre les Instagram Live?

T: J’arrête pas de chialer contre ça. C’est pas parce que tout le monde a une fenêtre de temps qu’il faut qu’on la bourre de contenu. Mon amie Pascale, par contre, chante des berceuses à 23 h chaque soir pour aider les gens à s’endormir. J’adore ça. Je suis ambivalent.

É: Laquelle de tes tounes serait parfaite pour réconforter les gens en ce moment?

T: Cache-cou

É: Quel album écoutes-tu, toi, pour te calmer?

T: Je suis obsédé par un boys band néerlandais qui s’appelle MainStreet. Il y a quelques bouts en anglais. J’écoute les mêmes tounes tout le temps. Mes colocs sont fucking tannés. J’aurais aimé écrire ça. C’est insane.

É: C’est de la grosse pop bien grasse.

T: Oui! À la fin de cette toune, ils font un key change comme dans Les amants de Pompéi. J’adore ça.

É: Ok, mais ce sont des bébés.

T: Oui, oui, c’est un vrai boys band.

É: Pourrais-tu nous enregistrer un petit message d’espoir?

T: Oui, d’ailleurs, il faudrait que j’en fasse un pour les gens de ma ville d’origine, Marieville. Il paraît que les jeunes continuent de se rassembler au Parc Crevier. Ils comprennent rien. Je sais pas si je suis assez influenceur pour ça.

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