Je marchais sur le trottoir en direction du domicile de Lydia Képinski, cherchant l’adresse distraitement. Tout à coup, je levai la tête. Et la principale intéressée, juchée sur son balcon, me faisait de grands signes primitifs avec un bâton surmonté d’une queue de renard (?). «J’essaie de reconnecter avec mon animalité», me dit Lydia. «Ça paraît», répondis-je.
Le spectacle de Lydia fait partie des derniers que j’ai couverts avant le début du confinement. J’avais envie de voir comment elle vivait ce moment de bon timing.
Élise: C’est quoi ton état d’esprit en ce moment?
Lydia: Élise, j’ai eu un criss de bon sens du timing parce que j’ai arrêté ma tournée une semaine avant la COVID. Ça, si c’est pas du génie, je sais pas ce que c’est. Sortir mon album deux semaines après Hubert Lenoir, ÇA, ce n’était pas le meilleur timing.
É: Je pense que t’es un peu une sorcière, pis c’est de ta faute. L’univers s’est dit «on peut tout fermer maintenant qu’elle a fait l’enterrement de son album».
L: Je serais contente d’avoir autant d’importance dans le cosmos.
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É: Comment ça a changé ta vie, ce qui se passe?
L: Mon petit studio, y’a juste moi qui y vais et je peux continuer à y aller et faire des maquettes. J’y vais chaque jour. C’est à côté. Ce que j’aime moins, c’est de ne plus faire de sport, ça, je trouve ça un peu plus difficile. J’avais commencé récemment un nouvel art martial: le jujitsu brésilien. Ça participait vraiment à ma qualité mentale. Je suis vraiment triste et de ne plus voir mes amis aussi.
É: Que manges-tu durant ton confinement?
L: J’ai mangé une tablette de chocolat tout à l’heure.
É: Elle était bonne?
L: Oui! Moi je suis heavy, je suis dans le 90% – 100% cacao. Généralement les gens veulent y goûter et ils me demandent un verre d’eau après.
É: Les gens écrivent sur les réseaux qu’ils lisent plein de livres en ce moment, mais on sait qu’ils niaisent sur Netflix. C’est-tu ton cas?
L: Je suis pas dans la catégorie des gens qui écoutent des films. Je lis un peu, mais ce que je fais surtout, c’est que je me suis fait un gym dans mon salon. J’ai sacré tous les meubles dehors, je suis allée au Canadian Tire, ça m’a coûté 200 $, j’ai acheté plein de petits tapis et j’ai donc un gym modulaire et je fais de la danse contemporaine. Je mets de la musique dance et je fais des moves de même.
[Lydia s’exécute avec des gestes très prononcés.]
L: Bon, mon antiquaire rit de moi.
É: Il est pas fermé?
L: Il aime ça, «scèner»… Donc c’est ça, je me mets à quatre pattes, je fais des roulades, je fais tout ce qui est «singe» et ça me fait reconnecter avec mon côté primatologue, primatophile… en tout cas. Depuis la COVID, ce que je fais en studio est beaucoup plus dance. D’habitude je suis plus dans les trips intellectuels.
É: Laquelle de tes tounes ferait le plus de bien aux gens en ce moment?
L: Ma gérante a regardé mes streams. M’attends-tu a connu une hausse depuis la COVID, c’est statistique.
É: C’est ma préférée.
L: Moi je préfère Eye of The Tiger. Chaque fois que je l’entends, je me dis «YESSSSS».
É: Toi, t’écoutes quoi pour te détendre ?
L: Le nouveau single de Dua Lipa: Physical. J’aime pas la partie gospel wack, j’aime le synth. J’ai écouté aussi I Kissed a Girl and I Liked It. J’avais jamais pris le temps de le faire. Toute la première partie du refrain, la bass est sur la même note tout le long. C’est du génie. Je découvre le merveilleux dans la vie de tous les jours
É: Après le confinement, qui as-tu le plus hâte de serrer dans tes bras?
L: Ma mère.
É: Une de mes plus grandes fans.
L: Oui, elle me parle souvent de toi. Elle t’admire beaucoup. Quand elle a vu «Élise» dans mon calendrier pour aujourd’hui, elle a dit: «ÉLISE JETTÉ?». Mais oui, ça serait ma mère, parce que j’ai pris un break avec Émile (Bilodeau). J’avais besoin d’espace. Je m’imaginais deux semaines avec Émile tous les jours. Dans un contexte où il y a d’autre monde et d’autres activités, ça allait. J’ai constaté l’importance de la distance.
É: C’est quoi le prochain lieu public que tu aimerais visiter ?
L: J’aimerais aller donner du sang.
É: C’est quoi le dernier show que t’as vu avant de ne plus pouvoir en voir?
L: Le show en soutien à Wet’suwet’en, mais j’y participais. C’était bon et la cause était cool, mais c’était trop long. 33 personnes dans le line-up. C’est beau accepter tout le monde, mais personne n’est resté jusqu’à la fin, même pas les artistes.
É: Si tu pouvais faire un spectacle n’importe où, ça serait où?
L: J’étais censée faire la première partie de Philippe Katerine au MTelus durant les Francos. Pas sûre que c’est annulé. C’était mon objectif, en tout cas. Le Belmont, j’aimerais ça, sinon, mais on dit que le kit de son est de la marde.
É: Peux-tu nous donner de l’espoir en quelques mots?
L: Je vais essayer.