La chanson de Thierry Larose La vie ne vaut d’être vêtue m’a pas mal occupée depuis sa sortie. J’en avais sacrément marre d’attendre l’album ou un nouveau titre. Je me suis donc rendue à l’Esco où il donnait un show rock intime en plateau double avec Julien Déry.
J’étais quand même contente d’avoir l’occasion de le voir en concert aussi. C’est ça l’amour (bang bang) et Rouge à lèvres (la la la), je les ai beaucoup écoutées déjà. Je me délecte aussi de toutes les histoires autour de Gainsbourg qui remportait haut la main la palme du gars insupportable. Malgré tout ça, j’avais du mal à accrocher à la proposition de Julien Déry, chanteur et guitariste de Mauves, de jouer sur scène une tragi-comédie d’artiste pédant bien satisfait de sa petite notoriété. On n’est jamais à une contradiction près, non?
Durant le show, le fait que je n’arrive pas vraiment à rentrer là-dedans se confirme. J’essaye de comprendre pourquoi et puis j’abandonne assez vite. Je le regarde du coin de l’œil quand il enchaîne ses tounes en s’en foutant complètement, attrapant un Prozac ou une bouteille de scotch, fixant des gens du regard intensément ou se roulant par terre. Même si je sais que c’est un jeu, ça m’irrite un peu et ça me garde à distance alors que tous les autres ont l’air d’aimer puissance 1000 la prestation. Peut-être que mon ressenti totalement subjectif reflète juste la totale réussite de son projet.
Je suis assez épatée des moments où il oublie de présenter la moitié de ses musiciens et durant lesquels il lance une craque aux gens du fond qui parlent trop fort. Je ne sais pas si ça fait partie de la perfo ou non. J’aimerais croire que le show est appelé à changer chaque fois. BREF, que vous accrochiez totalement ou non, ça vaut CLAIREMENT le coup de se laisser tenter. Malgré un projet faussement égocentrique et futile, il s’est entouré de super musiciens, David Marchand (Mon Doux Saigneur, zouz), pour qu’on ait quand même envie de les regarder eux aussi durant toute sa performance. Les voix de Mélissa Fortin aux claviers (Bon Enfant), ça ajoute vraiment une saveur particulière. On se quitte avec un très beau moment de simplicité guitare / harmonica avec une toune sur la superficialité. Et puis bon, qu’ils parlent d’amour, de succès ou de bisexualité, 85 % des titres qui s’en viennent sont excellents. C’est probablement son album que je vais écouter en premier le 28 février.
Il y a moins de surprises avec le show de Thierry Larose. Évidemment, c’est bon. C’est vraiment un cool match avec Julien Déry: dans un autre genre, lui aussi prend un malin plaisir à jouer entre les limites du sérieux / pas sérieux et avec les styles musicaux en picorant dans des références mainstream et nichées de la pop, du rock et de la chanson (ça serait du kitchen rock).
C’est un parolier prolifique pour qui tout est un prétexte à écrire des jolis et subtils textes: les souvenirs d’enfance (Cache-cou), les rues dans lesquelles il passe (Rachel), des personnages de fiction (Bérénice) et des gens figés dans des fâcheuses positions lors de l’éruption d’un volcan, les pas chanceux (Les amants de Pompéi). Pour notre plus grand plaisir, il a le goût de prononcer des mots comme «cantaloup» et «cache-cou». Ça doit lui venir des plus et moins grands qui ont en commun de rendre délicieux des mots du quotidien comme «camembert» (J’suis snob – Boris Vian), «pamplemousse» (Pamplemousse – Flavien Berger), «slutch» (Cerise lime bleuet – Chocolat) ou encore «bidet» (Merde in France cacapoum – Jacques Dutronc).
Aller à l’un de ses shows, c’est être assuré de tomber immédiatement sous le charme de ses précieuses compositions. Avec Les amants de Pompéi, c’est aussi pouvoir danser et chanter avec le même plaisir coupable que quand t’écoutes en cachette du Britney Spears ou du Avril Lavigne. Tu pourras même convaincre tes amis snobs de se convertir au pop-rock en leur disant que c’est un peu un Xavier Dolan de la chanson indie, avec sourires en coin garantis.