Travelling Headcase
Songs for the Broken
Indépendant
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Tordu, écorché et doux, le nouvel album de Travelling Headcase tombe très bien en cet automne frisquet. Comme dans un train, je me suis laissée porter sur des chemins mystérieux sans broncher, malgré la tension qui l’habite.
Plonger dans Songs for the Broken, c’est comme arriver dans un village où on n’a jamais mis les pieds et se sentir déstabilisé, mais à la maison en même temps. L’album, qui est assez expérimental, commence avec des gros riffs de guitare en distorsion qui ébranlent au premier abord, mais qui rappellent une locomotive qui nous guide vers treize courts tableaux qui grincent d’une magnifique façon. Travelling Headcase nous offre un album oscillant entre les guitares électriques et acoustiques, entre la force de la voix brute et la douceur troublée, entre l’anglais et le français sans jamais déranger, les deux langues venant même se mêler sur la pièce She’s like I like. La chanson Aleph résume très bien l’esprit de l’album:
«Tous les mots
de toutes les langues
contenus dans un seul cri»
C’est comme ça que je le perçois, comme un recueil de cris viscéraux qui touche droit au cœur, parce que tout le monde peut se reconnaître dans ces maux d’amour tordus, mais qui nous font sentir vivants. Toujours intenses sans jamais devenir trop lourdes, les chansons s’enchaînent pour former une histoire dont nous connaissons déjà un peu (beaucoup) chaque émotion à notre manière.
«I’d like not to care anymore
But they are people worth fighting for»
Ici, ce sont les voix de Bernard Adamus et de Dear Denizen qui se joignent sur A Force To Be Reckoned With, le premier single qui nous donnait bien le ton de l’album avec ses cris qui fusent de toute part, toujours avec la même intensité et la même sensibilité.
«You are what you feel»
Ces mots tirés de la dernière pièce Long Nights, nous laissent sur une note de douceur mélancolique,
comme pour nous dire: «Je suis débarqué du train, mais pas pour longtemps».