FET.NAT aux Francos, vraiment? L’annonce avait de quoi méduser. Le quatuor gatinois aux accents funk, punk et free jazz, auréolé par une critique favorable de son dernier album sur Pitchfork, était l’une des propositions les plus champ gauche de l’édition 2019. Feu à volonté était là.
Une trentaine de curieux s’éparpillent ça et là, aux alentours de la scène SiriusXM, au tout début du show. Il est vrai que dimanche soir, 22 h, c’est une case horaire ingrate. «J’adore FET.NAT! Mais tsé, même le staff du festival voulait qu’on vienne à l’avant pour grossir la foule», me confie un membre de Bleu Nuit, alors que ses comparses s’excitent comme des gamins au pied du stage.
La foule ne mettra pas trop de temps à gonfler. Les grands écorchés de la vie, fraîchement sortis du show de Safia Nolin, se joignent aux bourgeois repus de l’électro-pop très chic d’Angèle et à quelques égarés cherchant Sinik pour venir communier avec leur nouveau gourou, JF No.
Appuyé par Linsey Wellman, Pierre-Luc Clément et Olivier Fairfield, JF No pousse une poésie dark, chuchotée, grognée ou passée dans un tordeur digital – le tout sur des beats cassants et déconstruits portés par une section rythmique nerveuse. Alors qu’à cette heure beaucoup pensent déjà à leur p’tit lunch du lundi midi, heureusement, FET.NAT a pensé à fournir le matériel didactique.
Il nous apprend notamment que «TOUTE.COÛTE.CHER!!», propose au plus offrant son cerveau et ses genoux et clame que «tu fais y’inque me piler dessus, comme un tapis qui traîne devant ta vie.»
En interprétant ses plus grands succès tels que Caquette, Trust Cops ou encore Your World Is My Mystery Gift, le band séduit une foule fort impressionnante considérant l’audace de sa proposition. JF No, habile politicien, profite des nombreux échantillonnages en anglais pour tuer dans l’oeuf la crise linguistique couvée:
«On est sur des terres même pas cédées!
Faque faites-moi pas chier avec ma langue,
Pis faites-moi pas chier avec les immigrants!»
FET.NAT: pas le genre de «secret bien gardé» à proposer à vos parents aux Francos, mais la réputation de bêtes de scène du groupe n’est plus à établir. On chuchote même en coulisse qu’on ait, jadis, déclaré à Laurent Saulnier qu’il ne «serait jamais game de booker FET.NAT aux Francos… » Bien joué, Laurent. Bien joué.
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