Loud
Tout ça pour ça
Joy Ride Records
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Il y a presque deux ans, Loud s’autoproclamait «rappeur préféré de tous tes rappeurs préférés» sur son premier album. Après la parution de son deuxième long jeu, Tout ça pour ça, Loud est bel et bien passé maître dans l’art de faire du rap accessible et efficace. Reste à demander à la communauté hip-hop québécoise ce qu’elle en pense.
Avec l’arrogance attachante qu’on lui connait, l’ancien membre de Loud Lary Ajust s’impose une fois de plus comme l’un des meilleurs auteurs du rap québécois actuel. À travers des textes riches en figures de style et en seconds et même troisième degrés, le Cartiervillois aborde son succès des dernières années sur ce nouveau projet au son particulièrement commercial.
«Jeune québécois fait consensus / Nouveau Garou sur le campus» : quoi de mieux qu’une référence à une émission jeunesse soulignant son succès international pour ouvrir un album. Avec sa production minimaliste, mais puissante, Sans faire d’histoire donne le ton pour la suite.
«Tu sais que tu run la ville quand tu peux plus y prendre une marche / Si on me donne pas le crédit, je vais quand même prendre le cash / Plus d’argent plus de problèmes, on est pris dans l’engrenage / Même si on m’offre les moyens, je devrai quand même prendre le large»
– Médailles
Flow habile et jeux de mots recherchés constituent la force du refrain sur Médailles, dont la dernière ligne a été recyclée sur GG: «J’ai pris le large sur un moyen temps». Il faut croire qu’on ne change pas une formule gagnante…
Malgré certaines productions prévisibles et un flow parfois simpliste, Loud surprend avec des lignes travaillées méticuleusement, comme sur Pas sortable: «Sonnez l’alarme, on vient de sauter la rampe / On est sur le seuil et seuls au sommet de la gloire / Le salaire minimum c’est deux cent mille dollars / On fait cent mille à l’heure parce qu’on s’ennuie à mort.»
«On a déjoué les centres d’appel de Bell jusqu’au Centre Bell»
– Jamais de la vie
Après avoir «déjoué la police jusqu’au Métropolis», voilà que Loud devient le premier rappeur québécois à se payer le Centre Bell, deux fois plutôt qu’une; soit les 31 mai et 1er juin prochains. Jamais de la vie, avec son rythme pop assumé, pourrait assurément être entendue à la radio, cet été.
Si Loud disait jadis vouloir «devenir immortel avant de mourir», le thème de la mort est omniprésent sur ce deuxième album, laissant même parfois croire qu’il sera le dernier: «Miss me when I die / Cette fois y aura pas de rappel ni d’appel à l’aide / Dernier record pour le rap québ / Promis après j’arrête», annonce Loud, sur Médailles.
Sur dix chansons qui totalisent un peu plus de trente minutes, on compte un featuring de l’acolyte Lary Kidd agrémenté d’autotune et un duo pas du tout improbable avec Charlotte Cardin, qui, on l’espère, seront du grand lancement, le 31 mai.
Sans pour autant innover (on peut clairement reconnaître le flow de Devenir immortel en écoutant Longues vies, ou même Pas sortable), Loud met brillamment en pratique les codes du rap et de la musique populaire sur son deuxième album.
«On fait que des salles combles», affirme le rappeur, sur Tout ça pour ça. Avec l’une de ses deux soirées au Centre Bell affichant complet, on pardonnera Loud s’il ne fait pas que des salles combles.
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