On ne peut imaginer meilleure raison de réunir le superband Karkwatson sur scène, dix ans après qu’il eut passé le stade de chimère, que celle de sustenter ses adeptes. Le monstre à dix têtes, formé des équipes de Karkwa et de Patrick Watson, a envoyé à ses disciples toutes les chansons qu’ils se permettent d’écouter en boucle depuis le début 2000 en se promettant que jamais ça ne vieillirait.

Karkwatson est, à l’instar de Ciné-Cadeau, une réelle machine à voyager dans le temps. Déjà parce que l’agrégat musical est né il y a 10 ans – une idée qu’on doit apparemment à Jim Corcoran, merci Jim! Mais aussi parce que c’est l’occasion de réentendre jouer des morceaux qu’on pensait partis dans le broyeur avec Karkwa.

Ils nous ont menti les coquins? Ils ont jamais arrêté de s’aimer. Ils étaient heureux. Ça perçait le mur imaginaire séparant le MTELUS bondé, et en extase, de la dizaine de musiciens tout aussi enthousiastes.

Entre quelques rires, accolades et sourires complices, ils ont tout de même pris le temps (on espère bien, c’est pas du théâtre d’été) de nous offrir entre autres Dormir le jour, Mieux respirer, Words in the Fire, Hearts, 28 jours, L’épaule froide et bien sûr The Great Escape. Toutes en version 2.0, revisitées et surtout, chantées le plus souvent en simul-pas-tannée-pantoute par les deux chanteurs, dont les voix s’harmonisent de façon céleste.

C’est par ailleurs un collage entre Close to Paradise et Le Compteur (Close to the Compteur) qui a ouvert le bal.

Partir sur une chire

On connaît la propension respective des deux conglomérats à partir sur des «chires» musicales. Vous savez, ces longs préambules ou ces finales qui s’étirent. Ben, il y avait beaucoup de ça. Outre la légère transe dans laquelle ça me faisait plonger, ça me donnait juste un peu trop de temps pour penser au fait qu’un gars de 6 pieds 7 s’était flanqué en avant de moi.

C’est autrement parfois agréable de ne pas se faire offrir, comme ça tout cru, un succès tel que sur CD et de les entendre vivre d’autres manières.

Vouloir ce qu’on ne peut avoir

Loin de moi l’idée de faire de la pop à cinq cents, mais cette communion aurait-elle la même aura si ce n’était du fait qu’elle est rare? Je me permets de penser que non. La Guerre des tuques, c’est bon une fois par année, quand t’as la nostalgie dans le tapis, de la broue dans le toupet, pis des relents de la veille.

Reste que malgré les quelque 2000 autres personnes avec lesquelles je partageais l’oxygène de la salle, j’avais l’impression qu’on était dans la confidence. Un moment qu’on estime rare. «Marie tu pleures», qu’ils chantaient eux autres. C’est pas Marie mon nom. Alors on prend le temps de sortir un mouchoir, d’essuyer l’oeil mouilleux et d’écouter Patrick: «Don’t worry about it now, ’cause in the morning they will all just be ashes on the ground».

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