Ce vendredi au Ministère, Salomé Leclerc nous offre ses choses extérieures. «Tout ce que je voulais voir et toucher pendant la production, ce sont ces choses extérieures», dit Salomé qui a construit son album comme un beau bricolage.
Pour faire des bricolages, en maternelle, on nous apprend qu’il faut des ciseaux, de la colle et des crayons de couleur. Pour Salomé, c’est différent et le résultat est d’autant plus éloquent qu’une poule en papier de construction.
«J’ai eu des conseils, mais entre le studio LaTraque et chez moi, j’ai fait mon bricolage. J’ai dû aller loin dans la solitude pour placer des choses en dedans et me virer vers autre chose ensuite», explique celle qui ne nous avait rien offert de nouveau depuis quatre ans.
Le deuil, les ruptures et les amours qui tournent mieux dessinent le chemin de ce nouvel album que l’on écoute d’un bout à l’autre sans se fatiguer. «Quand j’écris une chanson, il y en a souvent 3-4 à côté. Ce sont des chantiers ouverts, c’est comme la rue Rachel à Montréal. Quand y’est fini, on a oublié quelque chose et on doit tout recommencer.»
Quand elle est tannée d’un bout, elle flush, elle reprend une autre section et elle la colle à la place. «Révolution et Les choses extérieures, c’est le même piano. Le mois de mai a les mêmes percussions que Ton équilibre. J’ai recollé exactement la même track. C’est à se point un bricolage.»
Chaque chanson se présente comme un épisode dans l’album. «Pour te garder, la dernière, dure trois minutes et il y a trois univers différents. Pendant la création, je me trainais un cahier et je notais des mots, des phrases, que je prenais dans des livrets d’autres artistes (Philippe B, Antoine Corriveau, Avec pas d’casque). Je partais de mots qui m’évoquaient quelque chose. Entre la musique et le texte, c’est vraiment le texte qui est plus difficile pour moi. Mais, cette fois-ci, j’ai fonctionné différemment.»
Les textes, Salomé les écrit tous devant une fenêtre. «On dirait que je censurais le ciel et les oiseaux avant parce que je trouvais ça trop facile, mais c’est vraiment plus de la manière dont on les utilise qui change tout, le casse-tête que t’en fais. Je me suis permis une poésie avec des mots simples. L’image du ciel et des oiseaux, de voir loin devant, d’être en-dedans mais de pouvoir ouvrir la porte ou la fenêtre n’importe quand.»
Les percussions prennent une place significative sur le nouvel album. Elles semblent avoir une intention spécifique. «C’est vrai! J’écoutais du Beck et je me disais que le drummeur partait un beat qui durait jusqu’à la fin et que c’était beau. Avant, quand je prenais le drum c’était pour accentuer, comme tout le monde. Mais là je voulais installer quelque chose avec le drum. J’ai décidé d’utiliser un kit qui n’est pas standard. C’est comme si j’avais demandé à mon drummeur (Sébastien Blais Montpetit) d’oublier des bouts de son kit.» Les réflexes spontanés de Salomé, au drum, sont, de son propre aveu, trop «de base». «Ça fait comme quelqu’un que je nommerai pas… Mais que je n’aime pas écouter», rigole-t-elle.
En spectacle, c’est José Major qui jouera de ce drum en pièces détachées. «Je suis contente parce que c’est un défi pour lui, avoue Salomé. Audrey Michèle Simard, qui fait les backs a aussi un kit de drum. C’est important de savoir que, pour faire groover, Blonde Redhead prend un shaker et c’est tout. C’est la base. J’aime ça. C’est beau et c’est pas compliqué.»
L’album a été créé en grande partie en studio pour que les arrangements prennent forme au fur et à mesure que chaque pièce s’enregistrait. «Je voulais laisser de la place pour la création en studio. C’était donc le plus brut possible parce que quand on essaie de refaire quelque chose, on est trop dans notre tête et ça perd de sa spontanéité.»
Sur la pochette de l’album, Salomé est immobile au sol dans une pièce où elle fixe le mur. «C’est sûrement tiré par les cheveux, mais je trouvais ça beau d’illustrer cette volonté de regarder plus haut, d’ouvrir la fenêtre. On peut aller chercher bien des sens, mais ce n’est pas parce que tu as un moment comme celui de la photo que tu ne finis pas par sortir.»
Antoine Corriveau jouera le même soir que Salomé Leclerc à Coup de cœur francophone. «Si on avait su, on aurait proposé un plateau double», dit celle qui a bénéficié du regard artistique de cet ami pour la création des Choses extérieures. On va donc devoir courir entre les deux salles de spectacles.
QUESTIONS COUP DE COEUR FRANCOPHONE
Quels sont les plus beaux mots de la langue française?
S’abandonner
Carambolage
Résonner
Le mot qu’on a trop entendu dans les chansons et qu’on est tanné d’entendre?
Cœur
Peine
Mais le pire… veine. Souvent ça te coule dans les veines. Je suis bien tannée que ça te coule dans les veines.
Étais-tu bonne en français quand tu étais jeune?
85% en montant. Je lis super lentement par contre, je m’endors en lisant. Et pour moi la lecture, c’est une perte de temps, je suis toujours dans l’action.
Ton coup de cœur francophone du moment?
Feu! Chatterton. Un vieux Louise Attaque bien rocké.
La plus belle chanson de la langue française?
La vie d’factrie de Clémence Desrochers
L’âme à la tendresse de Pauline Julien
Nocturne No 632 de Philippe B
Salomé Leclerc est en spectacle dans le cadre de Coup de coeur francophone, ce vendredi 9 novembre à 20h au Ministère. Son album est disponible partout.
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