Dans le cadre de Pop Montréal, Leif Vollebekk nous proposait vendredi son propre film. Au Cinéma L’Amour, il a offert à son public une prestation hors des normes de l’endroit. «Je n’ai pas ce qu’il faut pour être ici», dira d’ailleurs Leif en faisant référence aux bassesses que l’on peut normalement observer sur l’écran géant qui, en cette soirée spéciale, nous montrait plutôt un gros plan de son visage et de ses mains sur le piano.
Si les gens qui arrivent au Cinéma L’Amour savent normalement exactement à quoi s’attendre…
… il ne faut pas arriver au spectacle de Leif Vollebekk avec une idée précise en tête. Les choses ne s’y passent jamais tel que prévu. Dans un spectacle de Leif, on ne peut pas attendre NOTRE toune, n’osons jamais penser à un show où l’on enchaîne du début à la fin les chansons de son dernier album dans l’ordre. Pour faire un parallèle juste entre la fonction régulière du Cinéma L’Amour et le show de Vollebekk: c’est comme si tu t’en allais en date avec quelqu’un à qui t’as laissé choisir le film. Tu dois t’attendre à tout et n’importe quoi sinon tu vas être déçu.
Avant le show, une petite tournée des lieux nous permet de voir la boîte à suggestions qu’on a eu le plus envie d’ouvrir de toute notre vie.
Comme dans tous les cinémas, il y a du popcorn…
… et une boîte de recyclage de canettes où on nous demande de ne mettre rien d’autre. Ici, c’est la seule place où on est vraiment curieux de savoir c’est quoi les autres affaires que les gens y ont mises.
Il y a aussi un téléphone, parce qu’un cinéma porno, c’est vraiment un endroit où t’as envie d’appeler tes proches.
Le spectacle commence donc, casualy 35 minutes en retard (Pop Montréal style) avec une première partie difficile à décrire. Alexia Avina n’est pas l’artiste que tu veux avoir comme première partie. Bien que sa musique soit envoutante, à 23h, quand t’as ta semaine dans le corps, se faire envouter, c’est un peu se faire endormir.
Assise en indien au sol, personne ne peut la voir et elle enchaîne ses pièces sans qu’on comprenne qu’elles sont finies tellement elles sont collées. Une voix vaporeuse se mêle à la guitare pour devenir un chant de secte ou d’exorcisme. Une chose est certaine, bien assis dans les sièges de cinéma à la propreté douteuse, 3 spectateurs sur 4 récupèrent leur sommeil du dernier mois. Malgré tout, je suis certaine que dans un autre contexte on peut s’y plaire. Dans un spa, chez l’ostéo, avant le dodo, etc.
Au moment où Leif arrive sur scène, il est passé minuit et certaines personnes sont déjà parties se coucher grâce au somnifère à la première partie. Vollebekk nous fait alors son cinéma, déconstruisant chacune de ses chansons jusqu’à nous amener à un point où on se demande si on connait cette fameuse pièce qui joue pourtant en boucle dans notre iPhone depuis deux ans.
Peut-être qu’il participe toute l’année au défi 5-30, car il livre chaque chanson avec de grands mouvements d’épaules propres aux routines de Zumba. Assis au piano, il est plus actif que plusieurs personnes que j’ai déjà croisées au gym.
Ne se contentant pas de ses propres oeuvres, dans son cinéma, Leif projette aussi Love de Kendrick Lamar, I Try de Macy Gray et Hey, That’s No Way to Say Goodbye de Cohen enchaînée magnifiquement avec sa Telluride.
Si t’étais venu pour entendre le premier album de Leif, 1- T’as rien compris 2- T’es sorti déçu, mais t’as vu un film que tu ne reverras jamais. Parce qu’au Cinéma L’Amour, t’as 4 nouveaux pornos par mois, mais un seul et unique Leif Vollebekk.