C’était soir de Fête nationale, à Laval, dimanche et tous les sceptiques pouvaient rapidement être convaincus à la vue des quidams vêtus de chapeaux-parapluie (deux en un) à l’effigie du drapeau provincial. Le périple commence à Montréal, évidemment. Retour sur une aventure en terre lavalloise:

Klô Pelgag/Photo: Élise Jetté

Au bout de la ligne orange, on réalise d’abord que personne s’en va à Laval:

Personne/Photo: Élise Jetté

Dans la frénésie nationaliste et parce qu’on n’a pas de public, la station Sauvé ne nous inspire qu’une chose: une interprétation a capella de Sauvez mon âme #Luc

En sortant du métro, on réalise qu’on est à Laval. Il y a des pylônes électriques.

L’hydroélectricité/Photo: Élise Jetté

Après avoir joué aux charades dans un autobus de la STL pendant exactement 15 arrêts, on arrive au Centre de la nature où l’on suit le troupeau en quête de l’entrée VIP où nous sommes attendus. Des gens avec des walkies-talkies nous invitent à rebrousser chemin environ sept fois, sans nous donner d’indication sur la bonne direction à prendre. Ça ne serait pas la situation la plus chiante au monde s’il ne mouillait pas à plein ciel et si j’avais pas autant envie de pipi.

Une pénible marche humide sur cette rue des moins attrayantes nous laisse espérer une arrivée imminente.

La lumière au bout du tunnel/Photo: Élise Jetté

Puis, après avoir consulté un responsable de stationnement ébahi de nous voir arriver sans auto, on se ramasse au coeur d’un safari.

Le safari/Photo: Élise Jetté

On a marché tellement longtemps et la vue est tellement belle qu’on pense s’être rendus dans les basses Laurentides.

Les Laurentides?/Photo: Élise Jetté

Ce sont finalement les affiches VIP et une odeur de purin qui nous guident, de même que le son des poules en émoi. On atteint une tente d’accréditation VIP où l’on nous dit: «vous pouvez vous rendre à la zone avec une petite marche de 7 minutes ou bien vous pouvez attendre la voiturette de golf.» L’envie de pisser étant à son paroxysme, l’idée de marcher encore 7 minutes provoque notre hilarité. À ce moment de l’histoire, tout le monde pense qu’on a perdu l’esprit.

La faune/Photo: Élise Jetté

Une fois dans la zone VIP, il n’y a pas de doute qu’on est VIP: on fait pipi dans les mêmes toilettes que le maire de Laval.

Le maire/Photo: Élise Jetté

Sur scène, le début du spectacle est imminent. Le gars que personne connaît tant que ça, Neev, fait des blaguettes que les gens ne rient pas tant que ça:

«Est-ce qu’il y a des gens de Laval? Yes, le 450 est dans la place!»

«Est-ce qu’il y a des gens de la Rive-Sud? Bravo! Ils ont traversé deux ponts!»

Puis, le maire, qu’on a déjà croisé aux toilettes, monte sur scène pour un discours de 33 secondes avant qu’on nous ébahisse avec les Petits Chanteurs de Laval, bien juchés au plafond.

Les chanteurs dans les airs/Photo: Élise Jetté

Vincent Vallières les rejoint pour deux tounes et s’exclame: «Laval est la meilleure place au monde pour célébrer la Saint-Jean!» Vraiment, Vincent? La meilleure place AU MONDE?

Marc/Photo: Élise Jetté

Marc Déry, que personne n’avait vu depuis 2011 à part Élyse Marquis, assure la suite du spectacle. Il est rapidement rejoint par Antoine Corriveau et Matiu pour Les femmes préfèrent les ginos, une toune dans laquelle on peut entendre des valeurs d’aujourd’hui:

Un jour j’vas m’tanner, j’vas devenir
Phallocrate et macho
J’les aurai toutes à mes pieds
Quand y’ auront peur de moé
Pis qu’y m’auront dans’ peau

Klô Pelgag vient sauver la situation avec Les ferrofluides-fleurs dans son habit de grande occasion. Elle enjoint même le caméraman de montrer sur les écrans, sa broderie à la hauteur des hanches: les années des deux référendums. En coulisses, après le spectacle, Klô nous avouera que cet évènement était d’autant plus excitant que le caméraman était Manu, de Mixmania.

Antoine Corriveau/Photo: Élise Jetté

Antoine Corriveau entre ensuite en scène pour le meilleur cover de la chanson québécoise depuis l’album de Safia: il nous interprète N’importe quoi d’Éric Lapointe avec la même passion que moi au karaoké, mais avec du talent pour le chant.

Neev échoue dans la tâche de nommer l’album d’Antoine qui vient de chanter sa toune Croix blanche et France D’Amour monte sur scène en mettant le mauvais temps sur le dos de Justin Trudeau.

La pauvre France tente de faire chanter quelques phrases de ses tounes par le public, mais elle doit se buter à une évidence: les Lavallois connaissent pas les paroles de ses chansons.

C’est au moment où elle chante Animal en gesticulant avec des moves hips, qu’on comprend d’où vient le rap Québ.

La crème/Photo: Élise Jetté

Gros highlight de la soirée, ensuite: Random Recipe, Donzelle, Marie-Gold et Sarahmée s’emparent de la scène pour un medley hip-hop tout à fait délicieux. La «crème du hip-hop féminin», nous dit-on en fin de prestation. VRAI.

Énorme pied de nez à l’épouvantable idée des Francos de ne mettre aucune femme dans son spectacle hip-hop. Merci.

Matiu, France D’Amour et Vincent Vallières chantent à nouveau pendant qu’on cherche des cèleris pour nos bloody caesar.

La pénurie/Photo: Élise Jetté

Puis, Émile Bilodeau chante Tu me dirais-tu?, une pièce qui n’est pas sans rappeler les thématiques abordées plus tôt par Zébulon dans Les femmes préfèrent les ginos:

Tu me dirais-tu si la longueur de sa graine était au-dessus de la moyenne?

Finalement, Paul était correct la veille au soir, mais ça n’a pas empêché Émile Bilodeau de mettre son t-shirt de Paul Piché. Un bel hommage.

En fin de prestation, qui est la seule à date à susciter les chants de la foule, Émile a ben de la misère à nommer André Papanicolaou et Alex McMahon.

Puis, il quitte en soulignant qu’on est un peuple qui a dit non à son indépendance deux fois. C’est le troisième message patriotique de la soirée après la broderie de Klô et la pluie due à Trudeau de France D’Amour.

Marc Déry revient chanter et ça a l’air que c’est propice à se frencher:

L’amour/Photo: Élise Jetté

Il nous chante encore deux pièces, Marie-Louise et Poisson d’avril, parce que ça a l’air qu’il va plus chanter ce soir que durant les cinq dernières années.

Beyries s’amène pour nous faire son interprétation de Si j’étais un homme. Avec le déluge qui nous assaille, nous aussi, on aimerait ça qu’elle soit capitaine d’un bateau vert et blanc. Marc Déry devient Louis-Jean Cormier, le temps de chanter J’aurai cent ans.

Klô Pelgag nous revient pour Samedi soir à la violence et elle salue bien bas la chorale comme le démontrent ces deux images:

Klô/Photo: Élise Jetté
Klô/Photo: Élise Jetté

Kim Thuy vient expliquer toute l’étendue du terme «être Québécois». On l’aime.

Kim/Photo: Élise Jetté

Puis, c’est l’arrivée de Diane Dufresne qui chante Oxygène au même moment où plus personne ne peut respirer à cause de la fumée. Ça tombe sous le sens.

Diane?/Photo: Élise Jetté

Notons que ça se pourrait que Diane n’ait jamais vraiment été là. Très peu l’ont vue à travers l’épais nuage.

Daniel Bélanger est le clou du spectacle. Parce que c’est Daniel Bélanger. Il déroge au setlist pour nous chanter Le parapluie parce que personne est sorti de là au sec.

Les feux d’artifice se déroulent sur la musique d’Afrikana Soul Sister et c’est beaucoup plus beau que ça en a l’air:

Affreux feu d’atifice/Photo: Élise Jetté

Tout le monde revient (sauf Diane et France) pour chanter Dans un Spoutnik. Parce que c’est la Saint-Jean.

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