C’est à l’Esco sur Saint-Denis que le trio Renard Blanc a lancé son deuxième album intitulé sobrement Nuit. Une ambiance ténébreuse, quelques goodies à vendre sur une table, mais pas d’album physique: génération digitale.
La foule d’un lancement d’album dans un bar est toujours un peu atypique:
- Les habitués du bar qui font mine de s’intéresser à ce qui se passe ce soir-là: «C’est-tu bon les Renards Bleus ?»
- Les amis du groupe qui le font savoir au barman: «Hey! Moi je suis un ami du chanteur!» «Ah bon? En tout cas, si tu joues pas d’un instrument, t’as pas de réduction…»
- Les membres de la famille trop bien habillés pour passer inaperçus.
- Les fans fidèles du groupe depuis leur premier single qui arrivent en avance pour ne rien rater..
- Le gars complètement déchaîné à l’avant de la foule qui semble percevoir des choses que les autres ne comprennent pas.
- Et moi, avec ma caméra et mon téléobjectif à quelques pieds de la scène, prêt à faire des gros plans comme si j’étais à l’autre bout du Centre Bell.
Vers 22h30, les renards entrent sur scène, ils misent sur une identité forte et soignée avec projections de glitch-art en toile de fond. Ils réussissent à recréer leur univers, dans le décor de l’Esco pourtant déjà très marqué. Belle esthétique, malgré les moyens limités du groupe: un projecteur posé de façon bancale sur une table qui ne couvre que la moitié de la scène et une belle collection de pédales d’effet au plancher.
Le groupe de Saint-Hyacinthe nous annonce d’emblée qu’il va jouer son nouvel album en intégralité. Ça tombe bien, on est là pour ça. Pour avoir écouté l’album en ligne quelques jours plus tôt, le ton est ici plus agressif, plus rock, les paroles de Vincent Lepage se perdent un peu dans la distorsion des cordes, mais l’énergie des trois musiciens est présente et secoue chaque recoin de la salle. Leur titre Ouroboros, très réussi, définit à lui seul le style de ce nouvel opus, parfois instrumental souvent lyrique et dans une atmosphère très mélancolique.
Le groupe est étonnamment rodé pour un lancement d’album. Super détendus sur scène, ils enchaînent les morceaux sans accros. Julien Beaulieu alterne joliment entre basse et synthé de quoi rompre la continuité et ajouter un peu de subtilité à l’ensemble, pendant qu’Alexandre Crépeau véritable métronome du trio fait monter l’intensité tout au long de la nuit.
Il n’y a donc pas qu’aux Francos qu’on peut entendre de belles choses francophones cette semaine, un album à écouter, mais surtout un band à voir jouer live.