Le deuxième soir des demi-finales des Francouvertes commençait dans une salle clairsemée comme la tête d’un homme avec un début de calvitie. Moins de partisans que la veille avaient bravé la température digne d’une fin novembre. Les trois groupes au programme ont pourtant fourni chacun une énergie distincte pour enthousiasmer le beau monde présent. Tant pis pour ceux qui ont préféré écouter District 31.
Dans une chemise de secrétaire des années 90, Isabelle Ouimet nous accueille toujours pimpante et rappelle au public que «les concurrents pleurent en petite boule en lisant les commentaires» qu’on leur écrit.
«L’ex de la semaine avait 16 ans durant les années grunges», nous dit Isabelle avant d’accueillir Dany Placard qui ira d’un simple «ça rajeunit pas!», avant de s’exécuter.
«Je dis souvent oui, pis après je regrette, raconte Placard après sa première toune. Moi j’écris par périodes. Ça dure trois mois. Le trois mois est pas arrivé encore. Je tiens juste à vous dire que c’est peut-être la dernière fois que vous l’entendez cette toune-là. Ça n’a pas de titre. Ça va comme suit.» Puis il nous envoie sa chanson inédite exclusive.
Il enchaîne avec une toune «qu’il n’était pas vraiment de bonne humeur» quand il l’a écrite. «Mais je vais bien», assure-t-il. Il conclut ainsi avec Parc’qui m’fallait.
C’est Lou-Adriane Cassidy qui (re)casse la glace après Placard avec aplomb et aussi avec deux bas pas pareils.
Avant d’interpréter C’est la fin du monde à tous les jours, elle dit: «On se met dans marde à soir parce que la prochaine chanson, on l’a jamais faite en show: ça va tu chier, ça va tu pas chier?»
Le suspense est entier.
C’est notamment durant cette chanson que des rapprochements de massages de cou surviennent pour ces deux spectateurs qui profitent de l’instant pour échanger un peu de chaleur humaine parce que c’est pas dehors qu’on peut la trouver, la chaleur, ces temps-ci.
Les musiciens s’échangent quelques regards et sourires, ébahis après la nouvelle toune. Ils étaient plus inquiets qu’ils le laissaient paraître.
Après un plaidoyer senti pour «laisser les autres auteurs-compositeurs nous écrire des chansons», elle termine le show avec Ça va ça va, écrite par Philémon Cimon.
Lou n’est pas au courant, mais nous étions quelques-uns à faire ses back vocals sur cette dernière chanson. On attend notre cachet.
Isabelle Ouimet nous présente ensuite «celui qui nous amène là où on ne veut pas vraiment aller», Gabriel Bouchard qui, avant même de commencer sa première toune, donne un gros bec à chacun des membres de Gazoline qui constituent son band.
Il amorce sa prestation avec la chanson-thème de Météo Média: Yé passé où l’soleil?
Gabriel Bouchard enchaîne une recette qui a l’habitude de gagner: une chanson de cœur brisé où l’on demande à l’autre de revenir, une chanson qui parle du corps de quelqu’un d’autre, un éloge à la liberté, une pièce qui émet des questionnements en lien avec l’actualité, une chanson guitare-voix-pas-de-band, une toune sur une fille qui devrait croire davantage en elle-même pis une toune qui porte le nom de ta ville natale.
Tout est là, c’est classé, sans être cliché. Quand on s’imagine qu’un des textes est trop convenu, Gab nous envoie une puissante image poétique qui nous fait changer d’idée.
Pour sa dernière toune nommée Roberval, il nous explique que «quand t’as 12, 16, 17 ans à Roberval, y’a pas grand-chose à faire et tu commences à faire n’importe quoi. Et y’en a qui font ça jusqu’à 26 ans à peu près. J’ai autant d’amour que de haine pour Roberval.»
Et c’est avec Sam Faye et D-Track que se termine la soirée. Pourtant très chorégraphique et agité lors des préliminaires, le duo commence par une toune où les deux boys sont complètement immobiles.
Mais ce n’était qu’une question de temps avant que les garçons s’activent sur scène. Ils enchaînent avec la chanson officielle de l’ordre des hygiénistes dentaires du Québec: Brosse à dents, une pièce qui encourage les gens à adopter de bonnes habitudes buccodentaires. C’est aussi la seule chanson québécoise de l’histoire à faire rimer gencives et défensive.
Tout comme lors de la prestation de Mario (l’espoir du rap québécois) à La Voix dimanche dernier, on nous invite à brandir le bras dans les airs. Or, ici, on ne nous fait pas une toune de Koriass.
C’est tout en boissons chaudes et froides que se termine la prestation avec J’aime trop le café et Limonade. Tout le monde est bien désaltéré.
Après le soir 2 des demi-finales, le TOP 3 va comme suit:
1- CRABE
2- Lou-Adriane Cassidy
3- Laura Babin
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