La salle l’Anti, située dans St-Roch à Québec, offre présentement une programmation de rêve pour la fin de semaine avec notamment Sir Pathétik et le Nouveau Rappeur, mais surtout l’avant-première du nouveau show de Jérémy Gabriel! Retour sur une soirée aussi insane qu’on peut le présumer.

Ben excité à l’idée de voir le bon Jérémy Gabriel en spectacle, je me pointe à la salle une quinzaine de minutes avant l’ouverture des portes, question d’analyser un peu le public de la soirée. C’est que n’étant pas trop con (quoique ça reste discutable), je me dis que la crowd sera probablement assez fuck all pour l’occasion et je ne suis pas déçu. À mon arrivée, je retrouve un couple de personnes âgées, quatre personnes dans la quarantaine qui ont l’air d’aimer ça pour vrai et des jeunes un peu douches qui tripent visiblement intensément sur I Don’t Care. Je les comprends. Attirés par la foule monstre, deux dudes viennent me demander qui joue ce soir. En leur parlant, je finis par les convaincre de venir voir le show, juste après une décisive game de pile ou face pour savoir s’ils payaient 20 $ ou non pour ça.

Déjà passablement chaudaille, je décide tout de même de continuer ma mission de me mettre ben s’a brosse pour le show, suspectant que de toute façon, le public va clairement être encore plus drôle de même. Je pars le bal avec une slush dans laquelle je fais mettre de la vodka, tout en écoutant une fille poser des questions sur la vie sexuelle d’à peu près tout le monde dans la salle, c’est-à-dire quatre personnes. Et c’est là que tout dérape.

Vision céleste!/Photo: Mathieu Aubre

En jasant avec la serveuse, j’aperçois du coin de l’oeil une féerique vision: deux mots rédigés à la main, avec tendresse, mais fermeté, sur la porte d’un frigo du bar. Ces deux mots? «Four Loko». Quoi de mieux pour un show de Jérémy Gabriel qu’une bonne boisson maltée discontinuée, hein? Je prends ma chance et demande s’il en reste, incrédule, et je suis finalement gratifié de l’une des cinq dernières canettes de l’établissement, une limonade aux fraises pour les intéressés. Et bien qu’il ne reste par la suite que des canisses de boisson aux raisins, elles se vendront toutes, les gens suivant mon exemple.

Un breuvage approprié/Photo: Mathieu Aubre

En ouvrant ma canette, je me fais d’ailleurs des nouveaux chums: deux gars ben énervés qui viennent eux aussi se commander ce divin breuvage. Parle parle, jase jase et je finis par aller les rejoindre à leur table où une surprise les attend. Leurs amis sont rendus assis avec un vieux monsieur de 70 ans avec qui ils sont en grande conversation. Et l’impensable survient: les gars réussissent à convaincre le vieux de boire de la Loko! Mais malheureusement, ils restent bruyants et ne se calment pas, ce qui leur vaudra des menaces d’expulsion de la part de l’équipe de l’Anti. Ces menaces deviendront d’ailleurs réalité une vingtaine de minutes plus tard. Perso, je commençais pourtant à bien les apprécier, surtout qu’ils jasaient à ce moment-là de la Poule aux oeufs d’or.

Mes chummys et le monsieur qui boit de la Loko/Photo: Mathieu Aubre

Ayant perdu l’une de mes principales sources de divertissement, je commence à trouver le temps long. Il est rendu 9h25 et Jérémy n’est toujours pas sur scène pour une obscure raison. Selon une fille, c’est probablement parce qu’il a une «crotte de stress sur le cœur», mais personnellement, je ne crois pas en cette hypothèse de caca cardiaque. Le temps de m’interroger sur le sens de cette expression, la star de la soirée monte finalement la petite marche qui sert de scène à l’Anti!

La crowd une demi-heure avant le show/Photo: Mathieu Aubre

Jérémy commence en force pour son public d’une quarantaine de personnes avec des covers de tounes des années 70-80. Wheel in the Sky de Journey ouvre la soirée, précédant d’autres reprises de Survivor ou encore Elton John. Entre les chansons, Jérémy nous avoue notamment être stressé, mais préférer la scène à son job de garagiste. On le comprend. Il enchaîne par la suite avec des tounes alt-pop des années 2000, se gâtant ici sur le Maroon 5, Daft Punk et Neon Trees. La sélection des chansons est assez bien faite: tout est sécuritaire; dans son range vocal naturel. Pis c’est là que j’ai une révélation pour le moins surprenante: c’est vraiment pas si pire que ça comme show à date!

Pour l’anecdote, j’ai régulièrement mixé durant les shows Hommage au Club Soda faque j’en ai vu pas mal des reprises botchées. Mais en terme de band de cover un peu corpo, Jérémy et sa gang font une assez bonne job. Genre, je le bookerais dans un party de bureau mettons. J’ai pas le fun de ma vie, mais je m’emmerde pas non plus et je vois des gens chanter avec lui sans ironie, ce qui me surprend agréablement.

Sauf que c’est au moment où je texte ces réflexions-là à ma blonde, qui croit d’ailleurs que la Four Loko m’a rendu fou, que les choses changent. Jérémy décide de nous offrir pour une première fois en live certaines des chansons qui composeront son prochain album. Et pis les choses se gâtent. Moins mon style mettons… Il ouvre avec une pièce intitulée The Message Is Love qui mériterait d’être encore un peu rodée, puis enchaîne avec une autre nouveauté dont je n’ai pas compris le titre, mais qui statue que «I’m special the way I am» et où Jérémy parle de son acceptation de sa différence. Le propos est ben chill, mais musicalement, ça rate un peu la cible à mon avis.

Le bon Jé/Photo: Mathieu Aubre

Après trois chansons, Jérémy nous informe qu’il va prendre un 15-20 minutes de pause, alors qu’il vient quand même de faire une heure de show, et nous revenir avec d’autres compositions originales. Je commence à me demander si je reste pour I Don’t Care ou si je chug mon restant de Loko pour quitter. En allant parler à mes chums du début de la soirée, je me rends finalement compte que je suis vraiment plus affecté que je pensais. Je quitterai donc pour aller chanter du karaoké dans l’appart d’une fille que je connais pas jusqu’à 4h du matin.

Que retenir donc de ce show? Que j’aime beaucoup les crowds fucked up, les bars qui servent encore de la Four Loko, que Jérémy n’est vraiment pas mauvais pour faire des covers et que Feu à volonté risque d’adorer le nouvel album de Jérémy Gabriel!

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