C’était un jeudi soir comme les autres sur l’autoroute 15, direction Rosemère, où nous avions prévu manger un bon duetto chez Mikes avant d’entreprendre une virée à Sainte-Thérèse pour voir enfin le nouveau spectacle de Pierre Lapointe.

Pierre Lapointe/Photo: Élise Jetté

C’est rare qu’on sort de l’Île l’hiver. FAV est de type casanier, sauf quand il est question de festivals et de camping. Mais là, on n’avait pas encore vu le nouveau show de Pierre Lapointe et on s’est dit que ça valait bien les 27 minutes de route entre Montréal et Sainte-Thérèse. En plus, il y avait un Mikes à moins de 8 minutes de la salle de spectacle. De quoi convaincre les sceptiques!

Le tout commence donc avec un pizza-ghetti et une bouteille de vin blanc bas de gamme. Puis, après avoir pressé la serveuse pour nous faire vivre cette expérience gastronomique en moins d’une heure, on quitte le Mikes pour se rendre au Théâtre Lionel-Groulx.

Au coin des rues Vaillancourt et Dagenais, on est si seules qu’on se dit que c’est sûr que Pierre s’est pas rendu jusqu’ici.

Le néant/Photo: Élise Jetté

Puis on (on étant le GPS) nous dit qu’on est arrivées, mais tout ce qu’on a trouvé est une affaire inflammable.

Possibilité de feu/Photo: Élise Jetté

Après avoir stationné la voiture dans la cour du Cégep, on arpente les corridors de l’établissement en quête du théâtre. Comme si on faisait un plan-séquence dans 19-2, on cherche pendant 14 minutes.

Dans une salle remplie de têtes blanches, on s’installe pour le début du show, puis les instructions retentissent dans le théâtre:

C’est dans un décor luminescent un peu rétro que Pierre s’exécute entre un piano (Amélie Fortin) et un marimba (Joao Catalao). De quoi épurer les chansons de La science du coeur, mêlées à celles de Paris Tristesse. Malgré un spasme dans la gorge qui le chatouille, Pierre est en forme. En tout cas, plus en forme que les Térésiens et Térésiennes qui applaudissent autant que dans une pièce où dort un bébé.

D’entrée de jeu, Pierre nous annonce que c’est un «spectacle extraordinaire qui risque de changer notre vie» et c’est suffisant pour nous enthousiasmer. Prenant le pouls de notre état d’esprit actuel, il explique: «Si vous allez bien, vous allez aller bien en étant triste et si vous êtes triste, vous allez aller mal en étant triste.»

Sans danseurs, ni projections, ni pyrotechnie, le spectacle présente les textes à leur état le plus pur. Pierre Lapointe nous amène au plus près de lui.

On remarque avec un étonnement joyeux un piano extrêmement agité sur Je déteste ma vie et on écoute les autres chansons des derniers albums de l’artiste épouser de nouvelles formes sous les notes du marimba, instrument qui peut tout imiter.

Avant d’entamer Le retour d’un amour, Pierre nous raconte l’histoire de son «ami» qui démontre «l’intelligence de l’humain pour se sortir des situations malsaines et se recrisser dans la même situation.»

Pierre Lapointe/Photo: Élise Jetté

Alors que Pierre nous «baigne dans une dépression collective», il en profite pour enchaîner avec Une lettre. «Je suis un chanteur qui écrit des chansons à tristes», dit le chansonnier.

Et il nous invite ensuite à «recharger nos piles à énergie joyeuse avant de sombrer» avec L’étrange route des amoureux et Mon prince charmant.

Puis il poursuit avec Pointant le nord. «Cette chanson-là, je l’hais», précise-t-il en parlant de sa poésie de jeunesse. Et il interprète Comme un soleil en nous confiant que la mélodie s’inspire de celle de Speak Low de Kurt Weill.

Et il enchaîne avec Nos joies répétitives, une toune qui parle des relations de ses amis qui n’ont pas duré, confirmant ainsi sa théorie selon laquelle, l’amour, ça dure jamais. «L’humain est fort quand il s’avoue qu’il l’est pas», dit Pierre, bellement.

En guise de rappel, Pierre nous offre une chanson post-moderne, «qui marie le passé avec le présent pour en faire le futur»: son Alphabet.

On a repris l’autoroute 15 sous la neige. On avait très envie de retourner chez Mikes et on chantait Une lettre. Puis on a mis un CD d’Avril Lavigne dans le lecteur pour nous sortir de la tristesse, mais on a vite choisi de regagner le confort intangible des mots beaux-tristes de Lapointe.

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