Quand je suis allé voir Émile Bilodeau, pour moi, c’était juste le dude qui chantait la toune J’en ai plein mon cass à la radio et qui, par la même occasion, égayait mes trajets en Communauto.
Mais apparemment, je n’avais pas reçu le mémo qui prévenait qu’Émile était ultra populaire à Montréal, car c’est devant un Club Soda plein à craquer qu’il s’est présenté vendredi. Et je ne parle du genre de concert sold out où l’étage supérieur de la salle est fermé au public. Je parle du genre où il faut se battre pour aller chercher sa bière au bar.
J’arrive au show vers 20h30 alors que la première partie, Nicolet, est déjà en train de chauffer la salle. Je dois avouer que sa new-wave francophone est une très bonne musique d’attente pour faire face au long line up pour se rendre au vestiaire. Avec des mélodies bien ficelées et une bonne maîtrise de la scène, il réussit à éveiller ma curiosité. À la fin de la prestation, je réussis à me frayer un chemin et à capturer deux images. Mission accomplie. La prochaine fois, j’arrive plus tôt!
Peu de temps après, Émile débarque sur scène avec un chandail bien banal (mais très pratique pour faire ma balance des blancs). Accompagné de son band, il débute sur Tu me dirais-tu avec beaucoup d’énergie. On l’imagine d’ailleurs très bon sprinteur, mais très mauvais marathonien: il donne tout ce qu’il a dès la première chanson, au point de suer à grosses gouttes au bout de quelques minutes, «comme une fucking fontaine d’eau», pour reprendre ses paroles. Il réussit néanmoins à reprendre ses forces rapidement, en alternant habilement les styles dans un set très bien construit.
Ses musiciens assurent également la cadence: Simon, son bassiste au look floral, sautille avec joie sans arrêt. Sarah, à moitié debout sur sa batterie, ajoute une touche rock, et Nathan, au synthé, effectue un bodysurfing, instrument en main, très réussi au cours de la soirée. Ses fans sont présents en nombre dans la salle et l’accompagnent sur chaque chanson, dans une effusion de chœurs enjoués. Trois musiciens discrets s’ajoutent en arrière-plan, aux cuivres, façon Blues Brothers. Ça fonctionne, j’aime ça, même si ça commence à devenir un peu trop systématique d’ajouter saxophone, trombone et trompette dans les concerts…
Émile, en live, c’est tout un spectacle! Un personnage drôle, vrai et généreux. Il s’amuse avec son public entre les chansons avec beaucoup de spontanéité. Très fier d’être Québécois, il sait trouver les mots pour réveiller la fibre nationaliste de la foule. Même si ses paroles semblent s’adresser à une jeune génération, la foule hétéroclite est conquise.
En plus des chansons de son album Rites de passage, il nous propose quelques nouvelles compositions réussies, dans la même veine que ses précédentes. On ne change pas une recette qui gagne. Au milieu du spectacle, il interprète quelques chansons en solo. L’occasion de voir qu’il se débrouille à la guitare, et sait tenir la scène sans artifice.
Après avoir chauffé cette même salle pour Bernard Adamus il n’y a pas si longtemps, c’est un pari réussi pour cette soirée qui a comblé ses fans et certainement converti les sceptiques. On sera au rendez-vous pour le retrouver sur la route des festivals et profiter de ses tounes et sa gaité communicative.
Et pour finir, voici le set list de la soirée, une oeuvre d’art: