Plus qu’un endroit peu éclairé où il manque toujours d’espace, une taverne est également un endroit chaleureux qui réconforte les âmes en quête d’une p’tite frette. Jeudi soir, la Taverne Saint-Sacrement recevait Fred Fortin dans le cadre de Taverne Tour. C’est donc vite devenu le repère du mi-trentenaire barbu qui boit de la 50. Retour sur les évènements.
Au moment où je m’installe près de la scène, je remarque deux choses: David Savard est là et cette fille-là est en train de googler des photos de Benoit Gagnon:
Contrairement à PH et Jessie qui manifestent constamment contre l’utilisation des animaux, on remarque que Fred Fortin, lui, utilise des fourrures pour couvrir ses instruments.
Fred Fortin monte sur scène et commence la soirée avec la chanson 10$. 10 $, c’est aussi 1,48 bière:
Y’a une fille qui porte le t-shirt québécois OMG tu gosses et en voyant qu’il y a un pied carré pour chaque humain elle trouve que ça tombe sous le sens:
Fortin enchaîne avec Bobbie et Madame Rose avant d’admettre que la foule est bien sage et que ça va lui permettre «d’essayer des affaires.»
Assis au centre de ses instruments, Fred Fortin fait tout sauf s’éclairer lui-même avec cette lumière mauve. C’est un homme-orchestre. Et même s’il prend plus de temps à s’accorder et que les accrochages en début de chanson sont possibles, tout est charmant. C’est la beauté d’un spectacle en solo sur une scène de 3 mètres de large.
Il poursuit avec Douille, une chanson qui rejoint directement les taverneux avec des paroles comme: «C’est quand même pas ’a première fois/Qu’un gars perdu/S’aperçoit qu’en plus y’a perdu ses toppes.»
Des taverneux, ça crie aussi «Envoye sacrament!» à partir de l’autre bout du bar quand l’espace entre deux tounes est trop long. Du charme, encore. Fred n’en fait pas de cas. Il joue ensuite Oiseau et Portrait d’un ovni. Puis il annonce qu’il est ben content de changer de guitare, parce que durant un show intime, tu fais part aux gens de ce genre de sentiment.
On entend ensuite Canayens (tirée de l’album de 2000, Le plancher des vaches) avec des paroles modifiées pour reprendre le goût du jour: Claude Julien, Plekanec et compagnie.
Fred se fait offrir un verre, mais refuse en montrant sa bière sans alcool. «Je bois pus, mais je suis encore agressif, ne vous inquiétez pas!»
C’est au moment d’interpréter Tapis noir que quelques femmes à l’avant s’exclament «T’es vraiment bon». Puis Fred nous promet une toune rock. C’est pas des jokes. Il nous fait MUMU et remet, du même coup en question le concept de ne pas pouvoir rocker à «un».
Victime de la position de la scène, Fred Fortin ne peut pas s’en aller, ce qui donnera lieu à un rappel aussi long que le show. «C’est pas l’endroit le plus facile pour se sauver», admet l’auteur-compositeur-interprète. En effet, à moins de mettre le feu au bar, je ne vois pas d’issue. «Ils veulent faire péter le bonhomme», nous dit Fred, mi-exténué, mi-taquin.
Le rappel est bien freestyle. Il prend les demandes spéciales et prend son temps pour se préparer entre les tounes. «J’ai pas le bon harmonica», dira-t-il entre autres, se retournant vers sa collection d’instruments à vent.
«Fa dies! Mi bémol!», hurlent des filles bien réchauffées qui souhaitent offrir une note de départ à Fred.
«Une chance chus pas chaud», dit Fred, incapable de ploguer sa guitare. Puis, il poursuit encore un bon moment, laissant les taverneux chanter avec lui dans ce repère chaud (dans le sens d’ivresse et dans le sens de proximité corporelle). C’est beau les tavernes.