Comme vous le savez, les journalistes ont l’immense honneur, bien souvent, de ne pas payer pour couvrir des shows et des festivals. Mais est-ce possible de FAIRE de l’argent, même si notre travail sur cet humble blogue est bénévole? Oui! Mes trucs financiers, en collaboration avec MacLean’s, ci-bas, et accessoirement des retours sur les sets de Bonobo, Tokimonsta, Petit Biscuit et quelques autres.
Force est de constater, dès le départ, que le festival Igloofest ne peut malheureusement plus vraiment se qualifier d’Igloofest: l’igloo aurait fondu assez vite avec la température des derniers jours. Perso, je renommerai le festival «Fontedesglaciersfest», question de souligner l’agréable quantité de trous d’eau que l’on retrouve sur le site. Et pour une fois à Montréal, ce n’est pas dû à des bris d’aqueduc…
Mais bon, on se parlera pas juste de ça, parce qu’Igloofest, c’est aussi une ouistiti de bonne programmation pour les fans de musique électronique et pour les Français saouls en général! J’avais, cette année, l’incommensurable défi de ne choisir que trois dates pour aller festoyer et j’ai donc jeté mon dévolu sur les soirées de vendredi et samedi dernier et j’y retournerai le 3 février prochain pour voir N’TO et Joachim Pastor. D’ici là, c’est donc dire que j’ai raté la soirée d’ouverture avec notre Kaytranada national et les excellents Voyage Funktastique: mes excuses à eux deux.
Non, j’ai plutôt choisi de débuter avec la soirée qui s’annonçait la plus forte en population de consommatrices de pumpkin spice latté et de porteuse de Uggs en allant voir le jeune phénomène français Petit Biscuit. Fidèle à mes habitudes, j’arrive vraiment trop tôt au Vieux-Port et je passe donc 30 minutes à me geler les roubignoles en attendant l’ouverture de l’Igloosite. (À noter que c’est comme le préfixe «bat» de Batman: tu peux le crisser n’importe où dans ton vocabulaire, selon ce que m’a dit un fier membre de l’Igloostaff!) J’entre finalement à 19h30.
Finalement, agréable surprise: le site est étonnamment clean et rempli de belles activités! Un igloo géant fait de matières plastiques accueille les festivaliers, alors que d’autres préfèrent attendre en ligne pour s’aventurer sur un très gros toboggan.
À noter également du côté des choses agréables: RBC qui donne des guimauves à faire griller au-dessus des nombreux foyers du site, un très très gros jeu de poches et un genre de partie de kick-la-canne interactive.
Du côté lol: le comptoir à dégustation Poppers et l’activation de Vidéotron. Assez plate merci.
Outre ma visite, je me permets aussi de jeter un coup d’ouïe au set de la Montréalaise Honeydrip, qui s’exécute sur la scène principale. Malgré un début un peu décousu, la DJ se rattrape assez bien par la suite grâce à quelques inclusions dans un territoire vaguement tribal et exotique. Je tripe surtout lors d’un remix bien senti de la redécouverte française de l’heure Lait de coco. Quelques temps morts finissent par rattraper l’artiste, qui doit toutefois faire face à un public assez épars. Pas facile de bien gager les réactions de la foule quand tu en as plus ou moins, en effet.
Ma note: 6,5/10
Et la toune Lait de coco en question. Observez la magnificence infinie de la pochette.
Je suis rejoint par des amies et on décide d’aller faire le tour des différentes activités présentées, tout en profitant du set de l’Américain Medasin. Le gars se gâte all in dans l’EDM, passant non-stop du brostep au trap, avec de nombreuses incursions top 40. Au final, je me sens plus dans un club que dans un festival d’électro à proprement parler. Je décroche finalement presque entièrement et me mets à me demander pourquoi c’est pas moi sur scène alors que le DJ nous passe un remix de Axel-F de Crazy Frog. Je proteste vivement en hurlant «bing bing» au visage de tout le monde. Au final, c’est loin d’être le set le plus recherché, mais ça fait au moins lever le party.
Ma note: 6/10
«Bing bing»
Et finalement le moment que l’ensemble de la population du Plateau Mont-Royal et des étudiants de l’Université de Montréal attendaient: le Français de 19 ans, Petit Biscuit, prend le contrôle de la scène principale d’Igloofest pour présenter son matériel… dans un format de show: avec des interventions entre les tounes, sans remixes. C’est un moment à se «gunner». Je tough donc six minutes avant de me diriger (à 10 mètres à la minute, vu la foule compacte) vers la petite scène où Ouri présente son garage plus mouvementé.
Ma note: 5,5/10
Ouri met vraiment plus d’ambiance finalement et je retrouve un peu du fun que j’avais égaré entre deux filles montées sur les épaules de leur chum. Avec son habituel mélange de techno, de UK garage et d’house arythmique, la jeune Montréalaise semble fort bien satisfaire les quelques chanceux qui auront choisi de bouder la tête d’affiche de la soirée. Je ne reste pas trop longtemps, mais je suis bien satisfait de ce à quoi j’ai pu assister.
Ma note: 7/10
Pause économie! J’ai engrangé des gains fort agréables de 40 $ durant ma fin de semaine. Je vous entends déjà vous demander «Mais Mathieu, comment as-tu pu tomber sur cette somme pharaonique?» Et bien, voici, en trois étapes faciles, comment vous pouvez, vous aussi, vous payer des poutines de festival à 10 $ sans pleurer. (Quoique les snacks du Nouveau Palais que l’on retrouve à Igloofest sont top!)
Les chances sont fortes que vous vous sentiez un peu rapace au début, mais l’appât du gain va faire sa job, je vous le promets. Vous me remercierez plus tard. En m’envoyant au moins 50 % de vos gains.
Retour aux choses sérieuses: la troisième soirée de l’édition 2018 du festival! C’est le Montréalais et membre du collectif Moonshine, Jaymie Silk qui ouvre le bal et il y va assez fort dès le début. Entre des rythmes tribaux carabinés et des gros remixes à saveur plus trap, le DJ est loin de faire dans la dentelle. C’est violent sans arrêt et ça tire dans tous les sens. Mon seul regret reste finalement que les niveaux de gain du set soient pas mal inconstants, au point que ça devienne dérangeant. Mais gros shout out pour le reste, il y avait des surprises à la pelletée. Presque autant que dans une boîte de Raisin Bran, pour vous donner une idée. C’est pas rien ça!
Ma note: 7/10
Je me déplace ensuite vers la petite scène avec des collègues de CISM pour la prestation de Deadboy qui nous accompagne en musique. On y reste, sur invitation (menace de prise d’otage) de l’ami Dany Gallant du Programme. Un goût prononcé d’amertume nous gagne toutefois, probablement dû à l’acide (house) que le DJ ne cesse de passer sans que ça ne fasse trop triper le public présent. On s’attendait à plus de basses et moins de séquences rythmiques vides de transitions et l’on retourne donc à la scène principale assez rapidement.
Ma note: 5/10
On a finalement plus de fun: l’Américaine Tokimonsta est en train de tout casser. Enchaînant rapidement ses chansons sans temps morts, elle se gâte dans une house bien réfléchie et remplie d’incursions pop souvent étonnantes, le tout avec des rythmes bien lourds qui contrastent avec ce qu’elle nous présente normalement sur ses propres compositions. C’est fort et constant au point où on commence presque à douter de ce que Bonobo pourra bien nous offrir par la suite. Salutations spéciales également aux projections du VJ Hugues Clément, très a e s t h e t i c et remplies de memes!
Ma note: 9/10
Le célèbre Anglais monte finalement sur la scène et dissipe relativement nos doutes dès le départ. Ouvrant son set avec sa pièce Bambro Koyo Ganda (feat. Innov Gnawa) pour ensuite enchaîner dans les mêmes eaux: une belle jonction de house songeuse et d’afrobeat dansant. Des incursions plus funk à la Todd Terje finissent de mettre le party dans la place, trame sonore parfaite pour accompagner mon incessante chasse aux verres laissés sans surveillance. C’est donc une excellente façon de conclure ce premier week-end de trois du festival hivernal montréalais.
Ma note: 8/10