«Trop vieux pour être émergents, trop fuckés pour avoir émergé…» C’est la prémisse avec laquelle le bon Navet Confit nous conviait à sa grande soirée du Festival de la musique énervante, hier, au Ministère, aux côtés de Cou Coupé, Le monde dans le feu et Crabe. Retour sur une soirée agressante à souhait.

Alors que le spectacle est prévu pour 22 h, je décide de me pointer au Ministère une quinzaine de minutes à l’avance, question de profiter de ma date prévue avec le bon Mertin de Crabe. Vêtu d’un pantalon, pour laisser 100 % du quota de shorts portés à Benoît Poirier du Monde dans le feu, je détonne par un audacieux choix de couleur et j’en suis bien heureux. Mais mon arrivée me fait remettre en doute mon originalité: tout est décalissant, une fois dans la salle:

Déjà, la musique d’ambiance tape autant sur les nerfs que Karine d’Occupation Double, pis j’ai fait mon cégep en théâtre avec elle, je sais de quoi je parle. Navet Confit a habilement conçu une toune de génie, ne faisant qu’empiler des samples très courts de chansons québécoises poches, genre Kaïn et Marie-Chantal Toupin. Le résultat est rough sur les oreilles, mais finit par obtenir un certain charme, tout comme les projections d’une vidéo promotionnelle d’un festival de rock poche en background.

Mais ce n’est pas encore assez énervant. Cou Coupé commence donc son show en chantant une chanson d’amour cheesy sur fond de airhorn pendant deux minutes (qui feelent comme 3400 minutes minimum). Les projections de madames qui pleurent aident pas à nous mettre ben ben à l’aise non plus, faut dire. Par contre, on s’attendait pas à un show normal, donc le public reste prêt à toute éventualité, et même à se faire vendre un ukulélé par un chanteur; tout ça après avoir chanté pendant un maudit bon bout de temps «Je déteste les chansons qui répètent la même phrase» en loop selon le nombre de lettres du patronyme de chacun. À date, ça fait juste 10 minutes que le show est commencé pis j’aime tout.

J’ai pleuré. / Photo : Mathieu Aubre

C’est Le monde dans le feu qui enchaînent et personne ne relaxe. Le groupe est on ne peut plus prêt au début de sa performance, avec Bruno qui a l’air de bien s’amuser avec sa basse. Qu’à cela ne tienne, les excellentes vidéos projetées en arrière-plan avec les paroles du band viennent compenser et les acrobaties de micro de Poirier aussi. Une performance de quinze minutes qui se ressentira comme une performance de quinze minutes au final, alors que tous étaient prêts. Je suis néanmoins heureux de partir avec un vinyle du band qui sent la sueur.

J’ai pris 25 photos pis c’est celle où Be est le moins flou. / Photo : Mathieu Aubre
Le traditionnel lancé de tuques du FMÉ. / Photo : Mathieu Aubre

Et c’est sur fond de loops que Navet Confit prend possession de la scène, après quinze minutes de show au niveau du plancher. Il est alors 22 h 40. Le chanteur entre sur une track de Noël de Claude Dubois en lançant des tuques de père Noël, alors qu’il neige dehors et je commence à ne plus comprendre ma vie. En formule trio, et portant des chandails de 30 Seconds to Mars et/ou de Charles Lafortune, Confit fait ce qu’il fait de mieux dans la vie: de la musique fucked up.

Présentant rien de moins que trois fois sa chanson Mannequin de magasin, il offre une performance endurable, ou pas, mais néanmoins assumée et solide. Salutations à la drummeuse et à ses infinis changements de rythmique qui déconcertent à souhait. Le trio termine finalement sa performance avec une toune en duo avec Crabe, un moment de génie punk. C’est aussi mon cue de départ, me disant que je ne peux pas vraiment couvrir le show de Crabe anyway vu que je suis en date avec leur très normal guitariste-parolier. C’est donc la fin d’une soirée aussi trépidante que la vie de Rob Ford pour moi.

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