Dany Placard vous livrait vendredi dernier l’un des meilleurs albums de l’année, Full Face, un ensemble de chansons écorchées qui nous écorchent aussi. Quelque chose de grand et fignolé qui est aussi un sixième album qui l’amène vers d’autres trajectoires. Nos questions. Ses réponses:
1 Ton album emprunte une nouvelle tangente moins folk. Est-ce que c’est lui, le vrai Placard?
En fait j’avais recommencé à écrire pis c’était ben folk! Je m’enlignais encore pour ça! J’avais écrit des tounes pour les flos. J’ai fait beaucoup de réalisation dans l’année qui a précédé mon nouvel album et quand je me suis mis à repenser à ça avec le band je me suis dit que c’était pas là que je voulais aller je me suis déprogrammé au niveau de l’écriture. Je feelais comme ça à ce moment-là.
2 Est-ce que c’est une passe, ou c’est rendu le nouveau son de Placard?
Je pourrais revenir, mais je suis pas encore prêt! J’ai envie d’aller encore plus loin dans le changement de son. J’ai tout changé autour de moi, mais j’ai gardé Guillaume Bourque qui a coréalisé avec moi. Il est toujours là pour me garder les pieds sur terre, ce qui fait en sorte que, même si je me ressemble moins, ça reste écoutable pour les fans.
3 Parmi tes collaborations comme réalisateur, laquelle t’a fait le plus avancer?
Tous les albums m’ont fait évoluer à leur manière. La façon d’écrire, surtout, me vient vraiment de ceux pour qui j’ai travaillé dans les dernières années. Louis-Philippe Gingras, Les Chercheurs d’Or (album qui va sortir bientôt), Francis Faubert… Leurs approches par rapport aux textes me font évoluer.
4 Virer de bord est une chanson assez sombre. De type «fuck, on va-tu s’en sortir?» Ça vient d’où, pour toi, cette toune-là?
C’est l’équivalent de Parc’qui m’fallait sur Démon Vert. On passe tous par un moment où on se dit «Fuck, esti, j’ai pas pris la bonne décision.» C’est une chanson qui parle de moi… quand j’vais pas ben. Pis je sais que je suis pas le seul.
5 On entend des sacres et des gros mots sur ton album. Ça se voulait-tu 13 ans et plus?
En fait non! Je ne m’impose jamais de retenue en ce sens. Sur Santa Maria on avait enlevé des sacres parce que c’était trop. Moi, tant que ça reste poétique, je trouve que ça a sa place. La plupart du temps, c’est nécessaire, ça vient accentuer le sentiment que tu voulais exprimer…
6 T’as une toune qui s’appelle Mon amour était plus fort que ce qu’on voit dans les vues. Essayais-tu de battre Antoine Corriveau dans le domaine des titres très longs?
Non (rire)! Guillaume (Bourque) a sorti ce titre-là. Je l’ai trouvé excellent. Au début, cette toune-là s’appelait Manon (rire).
7 Ton album vient nous chercher dans nos zones les plus sombres. On sait pas si c’est normal, mais c’est le cas. As-tu l’impression qu’il faut être brisé pour créer?
Non, mais cet album-là, c’est six mois de ma vie où j’étais à fleur de peau. Ça dépend de ce que tu veux créer. Si t’as envie de faire brailler le monde, peut-être qu’il faut que tu sois pas ben… Mon prochain (album) fera peut-être danser!