Joseph Shabason
Aytche
Western Vinyl
****
Si vous êtes un fan du band torontois DIANA, vous connaissez déjà Joseph Shabason. Il a également été le saxophoniste et/ou le clarinettiste et/ou le flûtiste pour une bonne panoplie de groupes. Donc, si vous avez déjà écouté les derniers albums de Destroyer et de The War on Drugs vous aussi avez déjà entendu Shabason. Pour son premier album, Aytche, il a décidé de faire ça simple et léger. Son jazz instrumental minimaliste exprime les possibles tendances suicidaires d’un survivant de l’Holocauste… Okay, j’ai menti, ce n’est pas léger du tout. Cependant, avoir des idées noires n’est pas un prérequis pour apprécier un projet d’une si grande qualité.
Shabason mentionne Brian Eno comme une inspiration pour l’album. Dès l’ouverture, Looking forward To Something Dude, ses claviers ne cachent pas son intérêt pour le maître britannique: des notes de synthétiseurs et de saxophones qui s’éternisent à n’en plus finir. On se laisse bercer facilement par toute cette instrumentation qui paraît être faite de velours. La plus grande partie de l’album privilégie la contemplation au dynamisme. Neil McCauley, avec sa basse aussi molle qu’un brie laissé sur le comptoir de la cuisine durant tout un après-midi, est complètement charmant, à moins d’être intolérant au lactose ou au jazz new age des années 70.
L’ALBUM EST DISPONIBLE EN PRIMEUR SUR CBC MUSIC.
La quiétude n’est pas acquise, elle se fait complètement détruire à quelques reprises. Dès que Smokestack débute, on se sent ailleurs. Une guitare lacère la trame de synthé en arrière-plan. À la fois oppressant et doux. L’album n’est plus le même après cet épisode de panique musicale, tout sonne plus inquiétant. L’atmosphère apaisante du début devient teintée d’inquiétude.
L’échantillonnage d’une corvée de bois vigoureuse sur Chopping Wood confirme qu’on écoute la trame d’un film noir. Tout au long des quatre minutes, les coups de hache se superposent aux soubresauts du saxophone. Les violons et les synthétiseurs sont de plus en plus suffocants. On a l’impression qu’on ne sortira pas vivant de l’autobus dans lequel on écoute l’album.
Belching Smoke termine la galette en une cacophonie contrôlée. La guitare grince violemment pendant que le batteur lance son kit dans un escalier. Une fin choquante qui nous sort de la léthargie du jazz new age.