Vendredi dernier, pour un soir seulement, SOIR prenait en otage la rue Beaubien (une prise d’otage de type sympathique), le temps de lui insuffler musique et arts de toutes les sortes. Retour sur une soirée où tout le monde était là sauf ceux qui étaient à la Coupe Rogers.
Par Élise Jetté et Mathieu Aubre
La soirée commence officiellement dans la ruelle entre Saint-Dominique et Casgrain, juste derrière la Brasserie Beaubien, où est aménagée la scène extérieure du festival. Pour le show de Mr Walter, on ne s’attend à rien, mais on est finalement agréablement surpris, notamment de voir une trentaine de personnes présentes pour l’occasion. Le quintette commence sa perfo avec une vibe un peu prog qui surprend d’emblée, avant de finalement se changer en une indie pop un peu plus conventionnelle, avec des relents d’Half Moon Run par bouts. Le résultat est quand même assez concluant, malgré la quantité assez phénoménale d’arrangements inclus dans les compositions du groupe. Le public semble charmé et des passants s’arrêtent sur Casgrain pour écouter, quitte à faire dos au stage et au système de son. Tout le monde est content sauf un monsieur du quartier, qui travaille de nuit et qui avait demandé que le show soit déplacé de 17 h à 20 h, pour le laisser dormir.
À 18 h, le tout se poursuit dans le sous-sol de l’église Saint-Édouard. Pris dans les masses de personnes sur Beaubien, manque le début de la prestation du groupe Le Havre. Comme l’évènement Facebook indiquait que le show était à l’église en tant que telle, notre premier guess est d’entrer dans le lieu de culte où l’on aperçoit quelques personnes pieuses qui tentent de vivre leur foi avec un certain bruit de fond provenant du sous-sol et faisant frémir les statuettes catholiques.
Il n’y a qu’en chaire, en os et en instruments que la musique du duo réussit à s’exposer dans toute son ampleur. Les compositions complexes s’écoutent de façon chirurgicale, tous les détails étant nécessaires à l’appréciation globale. Une foule plutôt impressionnante est massée devant le groupe, surtout pour un show à l’heure où tout le monde est encore en train d’essayer de partir du travail. On remarque Emerik, de Mon Doux Saigneur, dans la foule, mais il ne chantera pas Rollablade avec le duo. Très étrange. Malgré la sono discutable (due au fait qu’on se trouve dans un endroit qui doit être plus habitué à recevoir des cours de catéchèse que des bands rocks), le duo assure.
On est vraiment contents, ensuite, de pouvoir enfin assister à une prestation montréalaise de Julien Sagot avant sa «première montréalaise» de Coup de cœur francophone en novembre prochain. Une «première montréalaise» pour un festival, c’est un peu l’équivalent d’une «exclusivité» dans La Presse. Faites vos calculs.
Sagot a lui aussi l’air heureux de rejouer à Montréal pour la première fois depuis un petit bout de temps et il commence le show en remerciant d’emblée le public présent, mais surtout les organisateurs du festival. Il nous dit aussi qu’il ne couche pas avec ses amis de gars. On remarque également qu’il maximise sa consommation d’eau. Bravo. C’est bon pour la santé:
On entendra aussi cette déclaration de première importance: «Avant que je commence, y’a deux choses à savoir. La première, c’est que les crocodiles sont attirés par les marshmallows. Donc pas de marshmallow, pas d’alligator.» Une bonne façon d’introduire une chanson. Le set, qui durera une quarantaine de minutes, ne comprendra que des chansons de Bleu Jane et des projections diverses, incluant de la neige et plein de couleurs. Pas pire, pour un sous-sol d’église reconverti!
On poursuit notre route sur Beaubien et on réalise que SOIR, ça s’adresse à tous les âges:
Et même aux animaux:
Comme dans tout bon festival, une vedette de VRAK TV est là:
On croise aussi le groupe Perdrix qui nous parle d’une consommation exacerbée de probiotiques. On sait pas trop quoi penser de ça.
On voit aussi Étienne Murphy, la star de la Grosse Lanterne, qui n’a pas encore perdu ses amis, cette fois-ci, mais il est encore tôt.
On assiste également à une prestation qui combine opéra et confection de pâtes fraîches. L’an prochain, on aimerait beaucoup voir un mix électro et fabrication de dumplings.
À la Brasserie Beaubien, il fait déjà chaud comme dans un sauna quand on arrive pendant la prestation de Les Louanges. Accompagné pour la première fois par Étienne Dupré (l’homme de tous les projets), Vincent Roberge réussit sincèrement à donner une nouvelle dimension à sa proposition. «On a pratiqué une fois avec Étienne et c’était ce matin», nous dira Roberge. Ceci n’est pas apparent et tout se déroule comme si la chose était bien rodée. On se laisse porter par les airs disco, accentués par la basse de Dupré, alors que Gabriel Morin-Béland, à la batterie, perfectionne ses talents de «shakeux de petit coco» avec son bras cassé, jouant de son instrument principal que d’un seul bras.
Vincent, quant à lui, est équipé d’un micro-avec-napkin-tenue-par-élastique.
Pendant ce temps, dans la rue, le show qui pogne le plus est celui de Shapovalov:
Juste à côté, on déguste un hot-dog dans un resto sexiste:
On se pointe à l’Hémisphère Gauche légèrement après 21 h, pensant rater le début du set de RBV. On est finalement accueillis par le silence et une salle presque vide. On pourra donc voir la fin du match de Shapovalov. Le show ne commençant qu’à 21 h 45 nous donne une nouvelle raison de mentionner que les amis du rap-jeu sont encore des «retardataires malcommodes».
La prestation aurait pu être plus peaufinée, même si tous les éléments pour constituer un show réussi semblent réunis. Et ce n’est pas l’énergie qui manque, alors que les gars sautent partout, finissant pour la plupart en chest devant la chaleur inhumaine de la salle. Salutations spéciales également à Vilblai qui a passé pas mal tout le show à porter une nappe en guise de jupe avec rien d’autre, sauf un petit chapeau de Bédouin par moments. Ça, c’est du costume de scène!
Pause grilled-cheese fromage bleu, prosciutto et figues au Café Pista et retour au show de LaF qui est déjà commencé. La troupe, qui prend des allures de collectif en live, semble bien en forme et fait groover la salle encore plus chaude qu’avant avec ses fantastiques beats.
À la Brasserie Beaubien, c’est Laurence-Anne qui occupe les festivaliers. Fidèle à elle-même, elle propose un assemblage de pièces (certaines nouvelles) qui regorgent d’arrangements complexes et précis. Néanmoins, la sono de la Brasserie Beaubien (où la toilette mixte sent vraiment l’après-match), c’est vraiment pas ce qu’il y a de plus adéquat pour permettre un son nuancé. Chapeau, toutefois, au professionnalisme de l’artiste permettant à la perfo d’être correcte compte tenu des circonstances. Et une mention spéciale à ce moment surréaliste où le ventilateur de la place est installé en direction de l’auteure-compositrice qui a, dès lors, l’air d’être dans un photoshoot de grande envergure.
Et c’est Violett Pi qui ferme le bal à la Brasserie Beaubien, l’intermède entre Laurence-Anne et lui ayant été assuré par les bons goûts musicaux de notre ami Nic qui a sélectionné quelques hits de Linkin Park sur le jukebox. Accotés près dudit jukebox durant toute la perfo, on sera impressionnés d’entendre un son d’une plus haute qualité que durant les deux autres shows de l’endroit.
La cruche d’eau, à la disposition des festivaliers est également à nos côtés et elle donnera du fil à retordre aux assoiffés qui se succéderont dans l’entreprise de tenter de faire sortir de l’eau de cette pompe mal installée. Également très étonnant: notre écoute du spectacle sera interrompue par l’air conditionné de l’endroit, placé de façon à ne rien rafraîchir, mais qui aspirera les cheveux de notre rédactrice ébahie.
Le style si unique de Violet Pi offre quant à lui toujours un relief intéressant à un festival. Le dernier album de l’artiste en est un que l’on ressortira longtemps. Mention spéciale au musicien qui s’est présenté avec un casque d’escalade. On n’est jamais trop prudent.
Notre soirée se poursuit avec les gars de Renard Blanc, à qui le sous-sol d’église sied particulièrement bien. Une constatation surprenante quand on se rappelle que les termes «stoner» et «maison de Dieu» sont rarement utilisés ensemble… Avec des projections particulièrement réussies, le groupe arrive à captiver un public pourtant très varié et qui commence à être sur le party pas mal. Si les gens jasent donc beaucoup, il n’en reste pas moins que l’isatis sur scène s’impose bien, ne recule pas et nous pitche ses chansons dans la face comme pas un. C’est donc au final un show bien réussi, mais qui n’engendrera pas énormément d’anecdotes, à part le bout où Peter Peter nous dépasse dans la file de la bière. Probablement voulait-il des coupons pour rentrer en Téo ou pour manger des plats sains et savoureux:
Épuisés par tant d’agréments, on ira se coucher pendant la perfo bruyante de Zen Bamboo. Blessés et déguisés, les boys auront du mal à faire du sous-sol de l’église un endroit propice à l’écoute. Les interprétations s’avèrent inégales et on se dit qu’une chance que le public présent semble convaincu d’avance.
Lisez le compte-rendu de notre visite chez Costco avec le couple fondateur de SOIR.